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Fiction n°33 – Août 1956

C’est peut-être très personnel, mais j’aimerais plus de couvertures dans ce genre là. J’ai une vraie faiblesse pour le monochrome.

Ça devient de plus en plus compliqué de trouver des arguments à développer dans la plupart de mes intros, surtout quand il s’agit de chroniques récurrentes au niveau des sujets comme du format. Troisième et dernier numéro de Fiction dans la petite pile de prêts ayant déterminé ma nouvelle lubie archéo-littéraire avant de commencer à piocher dans mes propres acquisitions.
Et bon, c’est le premier numéro où mon euphorie initiale s’est peut-être un poil atténuée, la faute sans doute à une revue encore relativement jeune et cherchant certaines de ses marques. Ou plus simplement à une sélection moins sensationnelle que lors de mes précédentes explorations. Mais ça reste pas mal du tout dans l’ensemble, quand même.

La planète du dieu, Philip José Farmer
De l’importance vitale d’un sommaire clair.
J’aurais pu vous faire tout un bout de chronique sur cette nouvelle qui s’arrête là où elle devrait commencer, présentant trop longuement ses personnages et des enjeux dont on ne sait trop s’ils en sont réellement, créant beaucoup de frustration autour des questions qu’elle pose puisqu’elle ne feint même pas d’y répondre. Mais je ne le ferai pas, puisqu’en fait, j’ai compris que ce texte n’en est que la moitié d’un seulement moment de lire « (La fin au prochain numéro.) » en conclusion. Et bien entendu, je ne suis pas en possession du Fiction numéro 34, parce que sinon c’est pas drôle. Du coup, difficile de vous donner un avis complet et éclairé. Dommage, n’est ce pas ; mais il fallait que je partage mon seum.

La rue perdue, Marcel Brion
Un concept fantastique vraiment cool, mais pas grand chose d’autre à signaler de positif, malheureusement. La narration est bien trop maniérée et diluée pour transmettre le moindre sens de l’urgence ou de l’inquiétude nécessaire à un récit de ce genre. On suit un personnage dont on ne sait rien racontant les choses avec bien trop de détachement pour se sentir concerné une seule seconde, jusqu’à une chute plate et didactique ne rajoutant rien à la vague incertitude qui l’a précédée. Exemple flagrant d’une bonne idée très mal exécutée.

L’auteur qui en savait trop, Arthur Porges
Excellente nouvelle satirique s’attaquant avec une malice féroce et probablement bien informée à l’obsession de véracité des lecteurs de récits de science-fiction, comme au snobisme qu’elle peut provoquer. Très amusant renversement des attentes logiques liées à la pure prémisse du récit, un récit bien condensé et couronné par une chute parfaite.

Poussière d’un monde, Guy Vaes
Encore un texte assez frustrant. Une nouvelle fois, un concept central assez captivant, mais à mes yeux pris de travers. On passe trop de temps à expliquer et théoriser au fur et à mesure jusqu’à une explication finale ne reposant sur rien de concret le long du texte. Là où l’idée centrale à elle toute seule aurait pu nourrir une atmosphère singulière, prendre son temps pour lui donner tout la lourdeur nécessaire, l’auteur fonce vers sa conclusion en passant trop vite près des jalons les plus intéressants, les effleurant juste. Y avait de l’idée, mais guère plus.

Du sang !, Fredric Brown
Courte nouvelle qui tient plus de la blague à chute qu’autre chose. Et bon, d’accord, j’ai laissé échapper un soupir amusé au moment de la conclusion. C’est couillon, et c’est bien pour ça que c’est rigolo.

Les mouches, Isaac Asimov
Là on est dans un entre-deux un peu plus complexe à décortiquer. D’un côté, un concept super cool et une exécution assez propre, avec une construction en alternance chronologique plutôt bien maîtrisée tournant autour de dialogues assez organiques. De l’autre, un sérieux goût de trop peu au moment de la conclusion. Asimov développe quelques idées assez sympas sur notre rapport aux émotions et à l’empathie envers les espèces animales existant sur une autre échelle que la nôtre, c’est stylé ; mais il n’en résulte pas grand chose d’autre que des questions assez larges sans réelle proposition de résolution, en dehors de la chute elle-même. Très sympathique mais clairement perfectible, en somme.

Claude à travers le temps, Chad Oliver et Charles Beaumont
Consternant. Ce texte a horriblement mal vieilli a tous les égards. Je ne lui accorderais que vaguement le bénéfice du doute en considérant que la rédaction de Fiction indique après sa conclusion qu’il s’agit d’une parodie, épisode d’une longue série signée de ses deux auteurs ; à cet égard, je veux bien accepter que mon absence de réelles connaissances solides sur les codes de l’époque me rend hermétique à l’aspect moqueur du récit. Mais si j’ai reconnu de réelles tentatives d’humour au fil du texte, le trouvant seulement terriblement poussif, j’ai surtout lu un récit diablement misogyne, pas très inventif et horriblement feignant. Si c’est une parodie, elle échoue à être vraiment drôle, ce qui est un premier faux pas, et surtout, elle échoue à clairement indiquer ce qui est de la subversion par un manque de clarté dans ses effets. Je devrais pouvoir reconnaître une parodie au premier coup d’œil, et surtout pas croire que tout ce que je lis a été écrit au plus premier et stupide des degrés. Problème de cadrage et de distance évident, et au final une nouvelle glauque et pénible.

Les jeux sont faits, Poul Anderson
C’est fort, en intro d’une nouvelle de space opera, de placer un extrait de bouquin fictif détruisant au moins partiellement le concept même de space opera. Ça annonce la couleur, comme on dit.
Et en fait, derrière, totale surprise. Thriller d’espionnage dont l’ambiance et les enjeux rappelleront sans aucune doute L’homme des jeux de Iain Banks aux yeux de cielles qui savent, cette nouvelle est un petit délice d’efficacité. Poul Anderson nous construit malicieusement un début d’intrigue pour renverser la table sous nos yeux et développer un récit à la fois chargé politiquement et diablement divertissant, jusqu’à une chute impeccable. Une deuxième rencontre avec cet auteur qui encore une fois me rend très curieux de découvrir son travail. Il me semblait avoir de la suite dans les idées et un sens du cadrage très habile.

La longue attente, Ray Bradbury
Je sais que Bradbury était un auteur très costaud, même en n’étant que peu familier de son travail le plus connu. Et il le confirme dans ce texte absolument brillant. À mi-chemin entre le fantastique et la science-fiction, il nous livre ici un récit tendu à l’extrême, dans lequel il jongle avec maestria avec ses enjeux pour nous tenir en haleine permanente. On croit quelque chose au début, puis l’inverse le paragraphe suivant, et puis en fait non, et une fois arrivé à la fin, on est soulagé que ce soit terminé, tout en étant admiratif d’avoir subi une telle épreuve avec seulement des mots sur le papier. Une leçon d’écriture totale. Une bonne histoire magnifiée par un choix de point de vue et une exécution rare. *Moue admirative*.

À boire et à manger, comme on dit. Les textes qui n’ont pas su me convaincre m’ont particulièrement frustré, mais ceux qui sont parvenus à me séduire l’ont fait avec les honneurs, confirmant certaines de mes premières opinions ou suscitant ma curiosité. On arrive à un numéro que je pourrais noter une bonne longueur au dessus de la moyenne uniquement grâce à ses meilleurs récits. Je suis décidemment beaucoup trop content de découvrir de si belles antiquités, même si c’est au milieu d’artéfacts un peu moins flatteurs à l’œil ou à l’esprit.
Rendez-vous au prochain épisode. =)

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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