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Le Protectorat de l’Ombrelle T1 – Sans âme, Gail Carriger

Abandon à la page 215/425 (Édition Livre de Poche)

Considérant que je m’étais enfin décidé à tenter la lecture du roman qui nous intéresse aujourd’hui dans une humble forme d’hommage à la regrettée Anne Fakhouri, je dois avouer que son abandon est assez amer. D’autant plus aigre que cela fait des années que je m’étais promis de l’écouter, elle, cette personnalité si singulière ; au point qu’un vague conseil énoncé au fil d’une conversation dont je ne me rappelle pas vraiment, m’est resté gravé dans le cortex pendant une dizaine d’années avant que je ne le suive finalement. J’aurais pu, il est vrai – et c’est toujours prévu – m’attaquer plus foncièrement à son travail à elle, comme j’ai pu le faire avec le formidable Clairvoyage ou l’excellent American Fays (co-écrit avec Xavier Dollo), bien avant l’ouverture de ce blog ; mais j’avais un peu trop peur d’une sorte de pression auto-infligée gâchant ma perception pour passer le cap directement.
Et c’est peut-être un peu de ça – allié à un mauvais timing mal anticipé par mes soins – qui m’a précisément empêché d’apprécier la lecture qui nous intéresse aujourd’hui, au point de renoncer une fois arrivé à la moitié. Mais pas que ; voyons voir ça.

Le truc fondamental, je pense, ce sont les attentes que mes souvenirs de cette fameuse discussion ont créés ; en dehors de ça, je ne crois pas avoir eu le moindre écho sur cette série de romans, en tout cas aucun qui me soit resté en tête : je m’attendais à un récit centré autour d’une protagoniste badass, distribuant tartes et punchlines bien senties à des créatures surnaturelles dans un contexte rendant encore plus brillante son excellence. Et si dans une certaine mesure, je crois que ç’aurait toujours été possible au sein de l’univers dépeint par Gail Carriger, j’ai très vite déchanté. Encore et toujours avec moi, le souci a surtout été une question de cadrage et d’intentions.
Comprenons nous bien : Alexia Tarabotti a toute ma sympathie, comme toutes les héroïnes victimes d’un statut social pourri au sein d’une société faisant trop grand cas d’idées rétrogrades et réactionnaires. Une jeune femme considérée comme une vieille fille sans avenir à cause d’un père né au mauvais endroit et d’une peau de la mauvaise couleur, que ce soit dans un Londre uchronico-fantastico-steampunk, ou ailleurs ; mais qui compense sa relative mauvaise fortune par un intellect stimulant et un certain sens de l’initiative, mettant en exergue les absurdités injustes du monde dans lequel elle évolue par sa simple existence ; cette jeune femme là ne peut qu’être un personnage attachant selon mes critères.

Le souci derrière, c’est : qu’est ce qu’on en fait, exactement ? Parce qu’après une introduction généreuse en action et en adrénaline où notre héroïne démontre autant sa débrouillardise que son sens de l’à-propos, j’avoue que j’étais assez enthousiaste ; je voyais se dessiner les promesses d’un récit nerveux et décomplexé, usant des tropes les plus communs de l’urban fantasy et du steampunk avec malice et inventivité. Ce qui n’était pas faux, en soi, mais pas assez vrai pour que je demeure aussi enthousiaste au fil de ma découverte.
Parce que le truc, c’est que malgré les idées vraiment cools déployées par Gail Carriger, cherchant clairement à créer des dynamiques singulières autour de ses espèces surnaturelles ou paranaturelles, ses efforts créatifs et conceptuels m’ont très vite semblé se diluer dans des dynamiques génériques complètement différentes. Et très vite, j’ai eu l’impression de lire un roman de mœurs plus qu’autre chose. Ce qui, en soi, franchement, aurait pu ne pas vraiment me déranger. Les romans de mœurs, bien faits, je trouve ça assez captivant : quelques bons personnages, une dynamique sociale claire et discutable, un peu de commentaire caché plus ou moins subtilement dans la narration, et je suis partant.
Sauf qu’ici, après un départ pareil, j’ai trop vite eu l’impression de lire deux romans en un, avec une autrice ne sachant pas réellement faire un choix entre les deux genres qu’elle voulait écrire, ou plutôt, ne sachant pas réellement ménager un équilibre satisfaisant. Et ça donne donc une enquête fantastique aux implications trop nébuleuses pour parvenir à être réellement captivante, trop régulièrement parasitée par une romance un peu cousue de fil blanc et par conséquent plus lourde qu’autre chose. Et de fait, une lecture plus frustrante qu’autre chose, où tout le sens de l’initiative de l’héroïne prometteuse des premières pages est écrasé par des considérations secondaires niant l’urgence que suggère la situation initiale ; avec des tunnels d’exposition lourdingue dont on ne sait pas trop quoi retenir au vu du reste de l’histoire, avançant un peu toute seule. Une suite de bonnes surprises avortées par un sens des priorités incompatible avec leurs implications potentielles, et donc un continuel, bien que relatif, gâchis.

Alors je ne dis pas qu’une fois passés ces quelques obstacles le roman n’aurait pas pu trouver son rythme ; mais comme toujours se pose une question de conservation d’énergie et de motivation à avancer en dépit d’un manque de réelle envie de savoir de quoi il est finalement question. Après une énième scène jouant sur l’empêchement de la promesse d’un événement que je savais devoir fatalement arriver sans viscéralement le souhaiter, je me suis dit que franchement, non, je n’étais pas le client idéal pour ce genre d’histoire ; en tout cas pas racontée comme ça, ou pas selon ce cadrage précis. Je ne voulais pas passer des jours à avancer par petits bouts pour aboutir à une chronique dépitée, autant arrêter les frais le plus tôt possible, et simplement accepter que ce roman est arrivé trop tard dans mon parcours de lecteur pour que je puisse le considérer autrement que comme tristement convenu à mes yeux.
Il m’aurait fallu plus d’explorations des concepts développés par l’autrice, plus d’initiatives audacieuses de son héroïne, et beaucoup moins de focus sur ses aventures romantiques ; j’en suis venu à me dire, à un moment, que les vampires et les loups-garous que je lisais étaient plus là pour proposer un folklore différent des romans sociaux du XIXe que pour eux-mêmes. Ils faisaient un peu trop partie du décor ; et ce décor comme ses implications m’intéressaient plus que l’histoire qui m’était raconté. À partir de là, c’est compliqué d’être enthousiaste.
Tant pis, donc. À charge de revanche.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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