
Vse Kar Vem – Joker Out (extrait de l’album Demoni)
Des gens que j’aime bien ont dit qu’ils aimaient bien Arkady Martine. J’aime bien essayer ce qui a plu à des personnes que j’aime bien. Alors j’ai acheté du Arkady Martine. Et nous voilà. Des fois c’est vraiment pas plus compliqué que ça.
Bon, ceci étant dit, je savais vaguement, ou du moins je me suis rappelé que le texte qui nous intéresse aujourd’hui n’a pas forcément autant fait l’unanimité que d’autres textes de l’autrice. Et de fait, je l’ai vraiment trouvé pas terrible. Pour être diplomate.
En fait, le très gros problème de cette novella, c’est qu’elle est infiniment frustrante. Comme un morceau musical qui éterniserait un crescendo mou sans jamais réellement décoller. Arkady Martine commence avec la prémisse basique mais toujours redoutablement efficace du meurtre en huis clos. Par dessus, elle nous saupoudre le concept d’une IA domotique étrange, créée par un architecte follement génial – ou l’inverse – dans un contexte social pré-apocalytpique. C’est intriguant, pour le moins. Le souci, c’est bien qu’à tous les niveaux, on en reste précisément au stade de l’étrange, pour ne jamais vraiment rien expliquer, ou alors d’une façon si superficielle qu’elle n’engendre rien d’autres que de nouvelles interrogations. Un pas en avant, deux pas en arrière, de début à la fin.
Si on ajoute à ça un style régulièrement ampoulé et un rythme extrêmement bâtard, on se retrouve avec un récit qui multiplie les fausses pistes avec l’air de chercher à gagner du temps, pour finalement se conclure sur une chute terriblement décevante, du genre à laisser échapper un « tout ça pour ça ? » piteux. J’en reviens comme souvent à un de mes reproches cardinaux en littérature : l’incapacité à faire simple, ou du moins à se tenir à une ligne directrice claire. Dans ce texte, j’ai eu l’impression qu’Arkady Martine tenait au bas mot quatre ou cinq concepts solides, mais n’en exploite efficacement aucun. Et en chassant simultanément autant de lièvres dans un volume si restreint, elle n’en attrape aucun. Cette histoire aurait pu être une nouvelle un peu mordante bien resserrée autour de cette étrange maison habitée par une IA fantôme, ou un roman plus ambitieux nous décrivant un monde où l’eau est devenue une ressource si rare et essentielle qu’elle mobilise plus prioritairement les flics qu’un meurtre. Ou même rester une novella bien calibrée, d’ailleurs ; il aurait juste fallu parvenir à un équilibre narratif et dramaturgique où on a pas le sentiment permanent que chaque élément est en arrière-plan des autres, où un rebondissement mou en chasse un autre sans le moindre impact dramaturgique ou impression d’urgence.
Et ça, c’est sans prendre en compte l’impression que tous les personnages sont plus bêtes les uns que les autres, oubliant tout sens des priorités au profit d’un instinct de conservation entièrement tourné vers la survie de l’intrigue. Ou au fait que certains dialogues ou passages de l’intrigue font à peine sens à mes yeux, tellement ils sont empoissés de la volonté de symbolisme et de style – un peu creux, oserais-je – porté par l’autrice.
Bref, j’ai pas aimé. C’était pas ma came du tout. Pas assez de beurre pour trop de tartine. Grosse déception pour une première tentative. On réessaiera à l’avenir, mais peut-être avec un poil plus de préparation préalable, cette fois-ci. Je ne saurais trop en dire de plus sans verser dans le spoiler immonde, alors on va couper court. Il y a sans doute un public pour ce genre de récit : je n’en fais pas partie. C’est tout.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

Les avis semblent vraiment partagés sur ce texte. Tous vous soulignez son côté trop bref, mais après l’expérience et les thèmes ont plus plu à certains que d’autres. J’ai craqué et acheté le texte récemment. On verra ça cet été ^^
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