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Série Noire #5

Deux mois, trois abandons, on est bien. Le rythme est bon. D’autant plus que lesdits abandons sont à placer sous le signe des tentatives sans grandes convictions initiales. Ça fait de la place dans la PàL et ça tranquillise l’esprit. Petit bout par petit bout.
Les intros pour ces chroniques sont de plus en plus maigres. À terme, je vais juste dire bonjour et enchaîner direct, ça fait pas un pli.
Voici donc.

Les jardins statuaires, Jacques Abeille
42/571
Un exemple parfait de rencontre littéraire condamnée d’avance. Un style maniéré et précieux, pour ne pas dire ampoulé, cette impression de phrases écrites à l’envers pour leur donner plus d’emphase, y compris lorsqu’il ne s’agit que de narrer l’ordinaire, des dialogues rigides et manquant cruellement de naturel, un univers prometteur mais clairement axé sur une ambition poétique désincarnée qui ne me parle absolument pas, un récit irrespirable et aride, sans aucune pause ni respiration, un long flux narratif sans chapitrage ni saut de paragraphe : aucun regret. J’aurais beau me faire démontrer la sincérité et la beauté d’un récit tel que celui ci, je ne pourrais jamais le considérer autrement que comme prétentieux.

La foire des ténèbres, Ray Bradbury
58/269
Pas besoin d’expliquer pourquoi je voulais tenter un autre Bradbury que son Magnum Opus. Quant à l’abandon, ses raisons me sont tout aussi évidentes : on s’fait chier. Si la dynamique amicale entre les deux protagonistes aurait pu être un moteur efficace du roman, tout ce qui l’entoure est ennuyeux à crever. Ça fait des phrases pour ne pas dire grand chose en prenant des airs importants, et ça agite les clés d’une promesse horrifique beaucoup trop éthérée pour avoir la moindre emprise sur le récit. J’en avais juste assez d’attendre que ça démarre. Une prochaine fois, Ray.

Un tueur, Frédéric Dard
185/651
Je m’accorde un joker, ici, et ne considère cet arrêt de lecture que comme un semi-abandon. Techniquement, j’ai fini le premier roman de ce qui est à voir comme une intégrale, et j’estime en avoir assez lu pour savoir que je n’irai pas plus loin. Frédéric Dard est un nom qui revient souvent dans les recommandations populaires de bouquins joyeux sans prétentions, le genre qui permet de faire des petites pauses respiratoires entre ouvrages un peu plus denses ou demandeurs en énergie ; j’ai pris le bouquin qui nous intéresse ici en occasion, en passant, sans trop y réfléchir. J’ai compris un peu tard qu’on était là dans une réédition des premières armes de l’auteur sous pseudonyme, et donc pas ce qui lui avait donné sa bonne réputation.
Mais bon, c’est pas si pire, sincèrement. L’usage intensif mais maîtrisé de l’argot et le ton très détaché de son protagoniste confèrent à ce que j’ai lu un indéniable charme, comme un accent prononcé qui imprègne le récit, qui lui donne un souffle et une âme singulière. Et donc, ça se lit très bien, le rythme est pas mauvais du tout, et l’intrigue de ce premier épisode se tient très bien, réduite à ses plus simples expressions.
C’est pour le reste que ça coince et que je me dis que j’ai eu ma dose pour l’instant, tout du moins dans le contexte de cette série signée Dard. D’abord, même si c’est plus ponctuel qu’autre chose, la mysoginie made in années 50, c’est franchement fatiguant. J’ai lu pire, y compris dans des ouvrages plus récents, je donnerais presque le bénéfice du doute à l’auteur quant à un choix narratif pour en rajouter sur la caractère amoral du protagoniste, mais on sent quand même trop le poids d’une éducation patriarcale old school pour ne pas admettre que ça coule trop de source dans le discours pour être innocent.
Et en plus de ça, bah, ça reste pas ma came d’être témoin de la fuite en avant d’un salopard bien trop en paix avec la crasse de son âme. Comme le titre l’indique, comme l’annonce même l’avant-propos de chaque roman, c’est un tueur qu’on suit, et rien d’autre. Un type qui accepte sans sourciller de buter des gens de sang-froid et souvent sans bonne raison, nous narrant ses « aventures » avec un détachement abject. Et Dard (ou son éditeur) a beau assurer en propos liminaire que ce qu’il fait raconter à son protagoniste n’est pas à prendre autrement que comme un propos amoral, qu’il ne faut absolument pas le glorifier ; et bah franchement, ça se ressent moyennement au fil de la lecture. Certes, c’est écrit à la première personne, mais je sais de source sûre qu’il est possible de tout de même faire passer un positionnement moral clair par cette focalisation ; ici, j’ai plus eu le sentiment d’une écriture ludique, cynique, où chaque cadavre n’est qu’une blague de plus. Des blagues pas ouf, en plus.
Donc bon. Je ne suis pas dégoûté de Dard. Je serais même encore plus curieux qu’avant, parce que j’avoue que le style flamboyant et gouailleur du bonhomme est sans doute ce qui m’a permis de tenir tout un court roman avant de me dire que l’abandon général était le choix le plus raisonnable. J’ai envie de lire autre chose signé de cet auteur où le choix narratif initial ne constitue pas un argument de condamnation préalable pour moi, où cette verve serait mise au service d’une intrigue a minima morale.

Je sais pas quoi dire en conclusion ; j’ose penser que les notules comme l’intro ont tout dit pour cette fois.
Alors des bisoux, prenez soin de vous.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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