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Fiction n° 170 – Janvier 1968

Je trouve que celle-là claque pas mal.
Mais j’ai toujours eu un faible pour le monochrome.
Signée Phillipe Druillet.

De retour pour – non, ne le dites pas ! – un petit Fiction en passant parce que j’attends un SP en retard que je veux lire dès qu’il arrivera. Et je suis content parce que ce numéro, je l’ai sélectionné complètement au hasard dans ma pile des non-lus et que pour une fois il n’y a personne dedans que je connaisse vraiment bien ; ce qui veut dire que j’y vais vierge de tout préjugé positif ou négatif, pour une fois. De la complète découverte, ça fait un peu de bien par où ça passe.
Sans plus de cérémonies : allons-y.

Ombre sur la lune, Zenna Henderson
J’ai bien aimé ce texte. Il a beau être un peu daté sur les bords et appréhender ses thèmes et sa narration de façon un peu trop éparpillée à mon goût, manquant peut-être un peu de consistance d’ensemble ; je l’aime bien. Il y a une certaine sensibilité dans son approche, de même qu’une forme de fraîcheur dans l’utilisation de ses prémisses science-fictives, un truc un peu naïf, un côté récit d’enfant malin, ça fonctionne. Ça en dit juste assez sur les aspects les plus fantastiques du récit pour nous faire comprendre qu’un système strictement codifié sous-tend l’ensemble, mais pas trop pour qu’on commence à se poser trop de questions gênantes à l’aune de la nouvelle. J’en aurais pris plus, mais je ne suis pas fâché que ça se termine ici. C’est bien ficelé, c’est un peu touchant, c’est symbolique tout en étant concret : c’est cool.

Le septième ciel, Robert F. Young
Deuxième rencontre avec l’auteur après le n°90, et c’est fort sympathique. Je ne saurais dire si mon appréciation doit être atténuée ou renforcée par le fait que j’ai deviné une énorme partie de la chute dès les premières lignes de la nouvelle, surtout en considérant que cette dernière, formellement, n’est pas à la hauteur du reste, mais n’empêche que le concept est très cool. Clairement, ici, je pense que la qualité que je prête à cette nouvelle tient surtout à la confiance que l’auteur place en son lectorat pendant la majorité du récit, nous laissant appréhender son astuce par le biais d’indices plus ou moins subtils, et basant donc l’essentiel du sel du texte sur la complicité qui s’instaure avec nous au travers de ce que le narrateur nous raconte sans totalement comprendre. C’est rigolo. Avec une meilleure fin et un peu plus de densité, ç’aurait pu être encore un peu meilleur, mais c’est déjà très sympa.

Une histoire de flûte, Sophie Cathala
Celle-là est complexe. Et ça s’explique en trois parties, mais découpées en 2 aspects corrélés auxquels s’ajoute une troisième. Fut un temps où j’aurais pu trouver cette nouvelle caricaturale et bizarrement articulée autour de son aspect fantastique, faute d’éducation sur le phénomène d’emprise et la toxicité masculine ; de fait, j’ai lu cette nouvelle racontant exactement ça avec un regard critique mais conscient de ce qui était une métaphore assez claire et somme toute réussie, même si pas très subtile. Et donc, si je me préparais à articuler cette mini-chronique de cette nouvelle comme un avis peu enthousiaste sur la forme mais respectant absolument le fonds et le message que Sophie Cathala me semblait vouloir transmettre, j’ai été complètement désarçonné par sa chute. Qui ne me semble absolument pas cadrer avec ma lecture initiale de tout ce qui la précédait, ou alors d’une façon tellement contorsionnée et peu fluide que je me dis que j’ai dû rater un truc.
Du coup je sais pas trop.

Le système Altrego, George Collyn
Dur. Excellent, mais très dur. Je pourrais reprocher un ton et une conclusion quelque peu fatalistes, voire nihilistes, à cette nouvelle, mais je crois quand même que sa clairvoyance et sa maîtrise du traitement de son concept central transcendent pour l’essentiel les quelques déséquilibres que je perçois personnellement dans son équation morale et technique. Quoi que, en vrai, ce que je peux ici ressentir comme de très relatives fautes tiennent finalement plus du malaise envers le constat factuel que dresse l’auteur avec près de 60 ans d’avance, que de réels griefs de ma part envers ses réflexions. C’est balaise, en vrai, de parvenir à anticiper à ce point ce que sont devenus les réseaux sociaux et la puissance des relations para-sociales, avec ce qu’elles impliquent de malsain et d’invasif, à une époque où les réseaux sociaux n’étaient même pas un embryon d’idée.
Merveilleux paradoxe de la Science-Fiction, qui peut parfois paraître en retard, précisément parce qu’elle était en avance.

Discours pour le centième anniversaire de l’Internationale Végétarienne, Gérard Klein
Alors j’avoue qu’en tenant compte de l’année de publication, avec un titre pareil, et sans aucun procès d’intention envers son auteur, que je ne connais que trop peu et surtout de réputation, j’étais pas forcément serein. Ma crainte était un texte narquois et hautain à propos d’un sujet qui aujourd’hui encore souffre trop de stigmates aussi stupides qu’injustes auprès d’un public disons – diplomatiquement – conservateur.
Mea maxima culpa, encore un excellent texte. Même si je dois tout de même évacuer d’emblée un grief assez personnel avec le choix formel primaire opéré par l’auteur faisant de son texte la retranscription intégrale d’un discours – ce qui titille défavorablement mon organe à pinaillage. Puisque tout ce que nous explique – et il explique beaucoup de choses – notre narrateur devrait être logiquement su par son public diégétique, je ne peux pas m’empêcher d’avoir le sentiment qu’on s’adresse à moi avant tout, et ça m’agace ; ça manque cruellement de naturel et ça ruine un peu l’immersion. J’aurais préféré un extrait d’encyclopédie ou même plus bêtement une narration plus classique.
Mais c’est pas important. L’important, c’est le concept central de la nouvelle et son exploitation technique et pragmatique par Gérard Klein, avec un ton pince-sans-rire absolument délicieux. Si les choses nous sont dites avec une froideur et une amoralité complète, du début à la fin, on sent néanmoins l’auteur qui s’amuse énormément à raconter ses bêtises pas si bêtes derrière la façade de ce discours. On a ici une espèce d’anti-fable joyeusement sardonique qui pousse les potards de sa satire à fond avec un à-propos et une acuité assez parfait·e·s, racontant sans trop s’en donner l’air des choses extrêmement pertinentes. Certes, cette impression découle sans doute de la coïncidence phénoménale faisant placer par l’auteur l’interdiction de l’élevage des animaux de boucherie en 2024, mais il n’y a pas que ça.
Toute cette nouvelle est une sorte de raisonnement par l’absurde qui finit par fonctionner au premier degré à cause de la distorsion progressive de notre perception de la normalité de notre réalité.

Rencontre avec le passé, Robert Nathan
Quel dommage. Le concept de départ, une fois révélé par la chute, est excellent, mais toute cette nouvelle est à mes yeux montée à l’envers ; son astuce ne fonctionne pas, logiquement parlant, il y a de trop gros trous dans le raisonnement. Ça se joue sans doute à pas grand chose, mais ce pas grand chose prend proportionnellement trop de place.
C’est d’autant plus frustrant que ça limite terriblement ce que je pourrais avoir à en dire.

Un sandwich au Martien, Gordon R. Dickson
Pas mal mitigé, ici. La structure initiale pas du tout subtile du texte, malgré son indéniable efficacité, le rend pour l’ensemble un peu mécanique et prévisible, pour ne pas dire redondant, par moments. Et pour autant, j’aime bien son idée comme son positionnement moral, aussi basique puisse-t-il me sembler ; il y a un côté un peu candide qui me semble rafraichissant, malgré tout. C’est sans doute à mettre au crédit de l’auteur quand même d’avoir réussi à m’avoir fait appeler de mes vœux une inévitable conclusion cathartique en chargeant à ce point la mule karmique dès le début de la nouvelle et tout le long de sa progression en crescendo. Disons que c’est pas très malin, comme récit, mais au moins, il a le cœur au bon endroit.

Encore un bon numéro, avec quelques textes qui vont me rester en tête un p’tit bout de temps. Je ne me lasse toujours pas de mes aventures archéo-littéraires, et c’est tout ce que j’ai à dire, à force.
À défaut d’une conclusion particulièrement inspirée ou pertinente, je peux déjà vous dire que le plan pour la prochaine session est fixé : ce seront les numéros 202 et 204, à la suite, afin d’y découvrir Les sables de Falun de Philippe Curval, dans les conditions de l’époque, en trichant un peu sur la lecture du n°203 que j’ai déjà chroniqué. Le défi ce sera de faire les choses vraiment à fond, avec tout le contenu annexe, s’il y en a ; une plongée en conditions réelles. Je trouve ça rigolo.
À la prochaine, donc. =)

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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