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Série Noire #9

Il ne faut jamais dire jamais, comme on dit.
J’avais pris la fière habitude de toujours finir mes SP, et de toujours tout chroniquer : voilà deux occurrences où je n’ai pas tenu la promesse que je m’étais faite. Je me console en me disant que ça me fait toujours des poids en moins dans l’esprit, qu’en l’absence d’engagement formellement pris auprès des ME qui ont eu la gentillesse de me les confier, je ne trahis vraiment personne, que j’ai été bien plus enthousiaste envers d’autres de leurs ouvrages pour compenser, et que, surtout, comme dirait Lou-Tsé : les règles existent pour réfléchir avant de les enfreindre.
*Moue contrite*
Allez.

La machine à aimer, Lou Jan
Fini.
Première fois que je renonce à une chronique pleine et entière, ce qui est d’autant plus rageant que c’est un SP que j’ai moi-même demandé ; mais étant donné que je n’avais quasiment pas de compliments à adresser à ce bouquin, j’aurais fini par mécaniquement verser dans une forme de méchanceté gratuite en exposant tous mes griefs à son égard. Je préfère faire encore plus court ici.
En bref, donc : à mes yeux, un bordel narratif et thématique total. Quelque bonnes idées de départ noyées dans un style robotique qui, bien que justifié et relativement bien tenu, finit systématiquement par tourner en rond et diluer le manque de substance du roman dans un verbiage pontifiant et redondant. Le roman est une suite de scènes démantibulées qui traitent superficiellement (et parfois assez bêtement) le trop grand nombre de thèmes et de sous intrigues injectées par l’autrice.
C’est là que je deviens dur, parce que j’ai régulièrement eu le sentiment qu’en dehors de son concept de départ et de quelques idées satellites, Lou Jan n’avait foncièrement aucune idée de ce qu’elle voulait vraiment raconter, empilant des scènes et des séquences les unes sur les autres en espérant un effet de synergie qui n’est jamais venu, ne dépassant guère une allégorie assez limitée faisant des robots les représentants de toutes les minorités opprimées. De bonnes intentions, à n’en pas douter, mais desservies par un traitement lacunaire et par trop auto-satisfait.
Inexpugnable sentiment de trop-plein. Trop de liens entre amour et sexe, trop de sentiments philosophiques maladroits assénés comme des vérités générales, trop de fils narratifs inexploités, trop de personnages croqués imprécisément et archétypalement au fil de perspectives pas assez tenues, trop de manquements logistiques autour de concepts demandant bien plus : trop et pas assez partout dans les pires proportions. Avec un minimum de soin et de volume, il y avait là-dedans de quoi faire quelque chose comme cinq romans différents tout à fait plaisants ; au final on a un roman à peine formé et terriblement frustrant.

Mauvaise graine, Octavia Butler
188/464
Encore un SP ; j’espère que ça ne va pas devenir une mauvaise habitude. En fait, c’est assez cruel, ici, mais après une lecture mitigée de La Parabole du Semeur, qui après quelques échanges et discussions, a assez mal vieilli dans ma tête, je me suis dit qu’il fallait que j’en aie le cœur net. D’où ma demande auprès du Diable Vauvert pour cet exemplaire, et à qui j’adresse mes sincères excuses.
J’apprécie et je respecte profondément la perspective d’Octavia Butler. Genre, vraiment. J’insiste là dessus : son regard et sa férocité pour l’exprimer à plein au travers de son écriture me semblent importants. Essentiels, même, intrinsèquement et en terme d’héritage ; que ses bouquins soient réédités et défendus avec une certaine déférence me semble extrêmement pertinents.
Pour autant, je dois bien constater, avec amertume mais sincérité, que vraiment, son travail ne m’est pas agréable à lire. Cette optique matérialiste, pratique, presque clinique, elle a du sens, mais bon sang qu’elle est pénible à appréhender. Je suis autant impressionné par la justesse du propos que cette autrice singulière met en place dans ce bouquin, la précision des mécaniques qu’elle décortique ; particulièrement les emprises patriarcales et coloniales – séparément ou ensemble – sur la population féminine noire. Mais bon dieu que c’est lourd. Que c’est étouffant. Que c’est, fondamentalement, démonstratif. Le projet a beau être aussi pertinent et bien construit qu’il l’est, j’en voyais trop les coutures.
Et si je ne peux pas dresser de procès d’intentions au roman, puisque je ne suis pas allé au bout, j’en reviens toujours à la même chose : je ne supporte plus la mise en scène de l’oppression sans la contrepartie de sa libération. Peut-être que notre héroïne aurait fini par se sortir de l’emprise de notre antagoniste masculin, peut-être. Nul doute que l’ambition d’Octavia Butler était de le dénoncer, lui et tout ce qu’il représente, dans toute sa crasse et dans l’exhaustivité de son abjection. Mais précisément, ironiquement ; il prend bien trop de place. Et tout le temps qu’on lit être un absolu salopard, on ne lit pas notre héroïne seulement réfléchir à se débarrasser de lui, tout au plus a-t-on droit à quelques instants de lucidité où elle réalise son malheur et à quel point elle est piégée entre ses griffes de patriarche manipulateur, pervers et sournois.
Le livre n’a beau pas être si épais, chaque session de lecture était affreusement et douloureusement longue. Je n’avais pas le courage.

L’homme qui partit pour les étoiles, Peter Randa.
38/213
Sans la moindre vergogne : c’est une coutume pour moi maintenant. Quand je suis à 2 sur 3, autant aller chercher la troisième entrée. J’ai quelques vieilleries qui ne me tentent que parce qu’elles sentent la poussière et l’abandon justifié en boîte à livres, autant qu’elles servent à me satisfaire de pouvoir sortir une Série Noire, à défaut d’être de bonnes lectures. Et si jamais elles sont bonnes, eh bien la surprise en sera d’autant plus délicieuse.
Bon, là, non. Clairement, non. En d’autres circonstances, peut-être que j’aurais poussé un peu plus loin. Peut-être. J’aurais même pu faire abstraction de l’éternel et légendaire amateurisme des éditions Fleuve Noir Anticipation qui n’indique nulle part dans le paratexte que ce roman est une suite d’une autre de leurs parutions, si je m’étais senti d’humeur magnanime.
Mais bon, hein. Entre la dilution déjà bien bourrine du texte se répétant tous les trois paragraphes, son protagoniste traitant sa femme fraîchement décédée comme quantité négligeable, préparant le vol d’un corps humain pour y transférer sa personnalité afin de se préparer à un retour sur sa planète natale afin d’y faire la guerre… Comment dire. Hein. Voilà.
C’était une autre époque.

Bon bah voilà, hein.
On se retrouve pour la numéro 10. En espérant que ce soit le plus tard possible.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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