
Play – Marmozets (extrait de l’album Knowing What You Know Now)
Me demandez pas pourquoi, mais en ce mois de novembre, je me suis senti investi de l’envie de lire et chroniquer du format court. (C’est à cause d’Ectoplasmies.) Et donc, après un petit détour par Fiction, mon dernier SP et en attendant le prochain, je me suis dit qu’il était plus que temps d’enfin m’attaquer l’ouvrage qui nous concerne aujourd’hui, dont j’ai eu un solide aperçu dans mon exemplaire d’Univers 1982.
Pas besoin de plus de précisions, j’imagine, on a un concept intéressant provenant d’un auteur déjà rétrospectivement prometteur, je pense que c’est suffisant. Et évidemment, puisqu’on a 7 textes moin’z’un, on va se faire ça de façon progressive et aussi exhaustive que possible. Parce que le fun.
Bon voyage !
1. Une journée à Mallworld
Super début. On sent un fix-up pensé comme tel, avec cette nouvelle qui fait office d’introduction tout à la fois au concept de Mallworld, gigantesque centre commercial spatial de trente kilomètres de long à la croisée des chemins cosmiques, au monde qui l’entoure et aux gens qui l’habitent. D’abord avec cette protagoniste humaine en fugue de sa communauté religieuse du futur terrestre, rencontrant un Selespridon, alien humanoïde tout bleu aux cheveux violets, membre de l’espèce qui a isolé la Terre dans son coin et tout à la fois accueilli assez bizarrement ses hôtes au sein de son monde ; on sent que c’est plus compliqué que ça mais qu’on n’a pas spécialement besoin d’en savoir plus pour l’instant au sein de cette histoire en particulier.
Ici, l’important, c’est le fait que le Selespridon qui rencontre notre héroïne a une quête à remplir et qu’il a besoin d’elle pour ça : l’occasion idéale pour nous balader dans Mallworld en leur compagnie tout en réfléchissant avec iels au sens de la vie, à la convergence entre ce que ça peut vouloir dire pour une espèce alien millénaire aux possibilités infinies ou pour une gamine un peu naïve qui veut échapper à l’influence de sa famille et de sa religion nourrie de millénaires d’errements humains.
C’est fun, c’est inventif, rythmé, c’est vraiment chouette. Comme nouvelle seule, c’est cool, comme introduction à un recueil entier qui ferait un tour d’horizon complet de toutes les promesses contenues dans ce texte, c’est follement affriolant.
Surtout quand on considère que la nouvelle se conclut par une version écrite d’une publicité diffusée dans Mallworld, ce qui ajoute à l’altérité et à la richesse de l’ensemble. C’est rigolo, ça mange pas de pain et ça participe à la richesse de l’ensemble.
C’est de très bonne augure.
2. Un air de Mallworld
Bon, un constat s’impose très tôt : ce fix-up n’a pas été pensé comme tel au départ ; sinon cette nouvelle ne commencerait pas par un nouveau topo sur ce qu’est Mallworld. Des nouvelles écrites çà et là finalement réunies donc, très bien. On saluera peut-être l’intelligence de son agencement une fois arrivé à la fin plutôt que la prévoyance de son auteur, c’est un compromis acceptable.
Le texte : damn, c’est fort. Comment résumer un texte pareil sans trop en dire ou en faire… Sacrée gageure. Disons que c’est l’histoire d’un musicien à l’ascendance et à la vie extrêmement privilégiées dont la vie de luxe décomplexé au sein de Mallworld est bouleversée par une rencontre avec une personne qui n’est absolument pas de son monde.
Je ne dirais pas que l’auteur parvient à un quelconque tour de force conceptuel ou formel dans cette nouvelle ; ou du moins qu’il ne mobilise aucune technique ou astuce qui m’ait fait ressentir l’explosion de mon cerveau en le lisant. Mais pour autant, il y a une efficacité et une maîtrise monstrueuses à l’œuvre, une précision d’exécution qui forcent le respect : parce que tout ce que fait Somtow Sucharitkul me semble être mobilisé au service d’une réelle volonté d’altérité. Son Mallworld, comme les morceaux de musique que jouent son protagoniste sur son « clavichrome », semblent concrets, palpables, exister en dehors de notre propre réalité. Et ça alors que fondamentalement, il convoque des axes narratifs assez communs et attendus, nous livre un message relativement convenu, pour ne pas dire facile, à certains égards. Mais c’est accrocheur, ça fonctionne du feu de dieu. C’est juste super réussi, je ne vois pas comment l’exprimer autrement.
Et derrière ce chouette texte, on a une longue pub pour le « Club du culte du mois » ; comme son nom l’indique. Une façon absolument pas subtile mais extrêmement réussie d’en remettre une couche sur toute la symbolique du marketing comme religion à part entière développée dans le reste de l’ouvrage, avec en bonus l’épaississement constant de l’historique sous-tendant l’univers de Mallworld. Je suis particulièrement séduit par l’idée de Sucharitkul de partir du principe que dans un futur si éloigné, certaines références historiques se mélangent complètement, aboutissant à d’absolus contresens, auxquels il parvient d’ailleurs, en creux, à faire dire encore plein de petites choses. Je trouve ça assez brillant, à vrai dire.
On est bien. Très bien.
3. Le Vampire de Mallworld
D’une nouvelle à l’autre, pour le moment, ce qui me marque le plus, c’est décidemment que je trouve ce mélange d’approximations historiques et culturelles absolument merveilleux. Y a un peu de génie, là dedans, parce qu’on sent d’autant plus l’effet du temps qui est passé jusqu’à arriver à ce centre commercial gargantuesque, plate-forme centrale de tous les échanges de la galaxie, point de gravité du monde cyberpunk/space opera conçu par Somtow Sucharitkul. Quelques détails seulement qui permettent de donner du poids et de la consistance à son idée comme aucune longue description ne saurait le faire, en creux. C’est vraiment brillant.
D’autant plus brillant quand le Vampire du titre est en fait une énième opportunité de divertissement consumériste réservée à qui aura de quoi la payer, sur laquelle notre protagoniste, un journaliste star en quête d’une histoire juteuse lui permettant de rester la personnalité favorite de son public, est bien trop content de pouvoir enquêter.
Et que le récit prend très vite un virage aussi surprenant que visionnaire, à base de télé réalité amorale, flattant les bas instincts de ses téléspectateurs à l’aide d’histoires tragiques, traitées avec le ton le plus voyeuriste et spectaculaire possible. Pour 1981, l’idée n’est pas forcément la plus neuve, mais là encore, je trouve que l’auteur la traite avec une acuité assez phénoménale. Le tout avec des efforts de cohérence globale et de continuité autour des piliers thématiques créés par Somtow Sucharitkul que je trouve bluffants, autant narrativement que techniquement : Mallworld jouit d’une ambiance unique.
Ceci étant dit, peut-être que je trouve que le déroulé de cette intrigue a un poil vieilli jusqu’à sa chute, s’appuyant sur des arguments malheureusement un chouïa ringards, mais le cœur du récit est sans doute aucun à la bonne place ; alors on dira plus volontiers, avec autant de magnanimité que possible, que cette nouvelle jouit d’un certain charme vintage. Disons qu’objectivement, c’est peut-être un peu faiblard en terme d’intrigue pure, mais que subjectivement, avec ce que le texte raconte en creux et symboliquement, j’ai bien pris mon pied quand même. Et c’est l’essentiel.
Une petite pub pour un lupanar de dimensions cosmiques, avec des toboggans, des androïdes, des navettes hermétiques et des dinosaures volants (oui oui), et on enchaîne.
Il faut bien le dire : pour le moment, c’est excellent.
4. Rage sur Mallworld
Ici, il est question d’une femme humaine qui bosse dans l’un des établissements les plus cossus de Mallworld, et qui supporte de moins en moins son statut de prolétaire et d’humaine isolée du reste de l’Univers par les Selespridar qui voient en son espèce un enfant céleste à éduquer avant de lui laisser le droit de s’émanciper.
Lutte des classes et de nouvelles connaissances à assimiler quant à l’existence des Selespridar ou du rapport que ces derniers entretiennent avec leurs petits protégés humains au sein de cette décidemment bien singulière diégèse, c’est encore une fois super chouette. Avec le luxe d’un peu de poésie, d’humour et d’altérité, en plus des enjeux les plus pragmatiques concoctés par Sumtow Sucharitkul.
Et comme je manque de nouvelles choses à dire, autant en profiter pour faire un petit détour par la traduction de Jacques Chambon. Parce que si dans l’ensemble, il me semble que c’est très bon et tout à fait honnête, je dois quand même pointer d’un doigt un brin taquin ses manquements les plus criants et faisant de fait salement tâche. J’ai rien dit, quand dans l’une des nouvelles précédents, j’ai croisé le terme « réducteur de tête » que j’ai assez facilement deviné être l’équivalent trop direct de « head-shrinker« , argot anglophone pour désigner les psys. C’est rigolo, et pas si inhabituel que ça dans mes vieux bouquins, de croiser ce genre de mauvaise traduction, sans doute due à un manque de ressources ou à une pression quelconque forçant à prendre quelques raccourcis ; respect à un travail sans doute un peu plus complexe en ce temps là que de nos jours. Mais j’avoue que quand le texte parle de Selespridar « à trois/cinq étages« , là je me dis qu’il y a quand même un peu de l’abus. Je prendrais sans trop de crainte le pari que le terme initial accolé aux Selespridar était « stage », étant donné que les différents texte nous expliquent assez clairement que ces aliens passent par un certain nombre d’étapes au fil de leur développement, et que leur prestige dépend notamment des étapes qu’ils ont effectivement passées.
Donc voilà, respect à Jacques Chambon, qu’une rapide recherche me permet de tranquillement considérer comme une légende du milieu, mais là, c’est quand même moyennement possible. Disons que pour des nouvelles que jusqu’ici je trouve excellentes et fortes d’une grande capacité créative, et globalement super bien traduites alors qu’elles sont justement bourrées d’instances probablement pas faciles à retranscrire, des erreurs si criantes que je les identifie depuis le français me paraissent d’autant plus dommage. Ça jure avec le reste, et c’est un peu triste.
Ou alors, c’est possible : il y a des subtilités intraduisibles dans le texte d’origine que Jacques Chambon a décidé de nous balancer nature pour essayer de préserver l’altérité originale des choix de Somtow Sucharitkul. C’est possible.
Bon, pas si petit, le détour. Mais bref, c’est dit.
Pour faire la transition, cette fois, on nous vend un Minimall, pour les enfants, avec toutes les vraies options du vrai Mallworld dans le confort de leurs chambres. Salon de suicide avec son Vampire, tout ça tout ça. Garanti non-toxique(sic).
La contribution de ces fausses pubs à l’ambiance générale de ce fix-up n’est vraiment pas à sous-estimer. La dose de satire à la sauce cyberpunk est bien roborative, bien gourmande.
Si jamais vous vous demandiez : je me ré-gale.
5. Mallworld Graffiti
Encore une nouvelle perspective avec ce cinquième texte, où nous suivons un jeune homme de bonne famille, artiste par dépit, qui s’enamoure d’une façon un peu suspecte de Theresa barJulian, la femme la plus riche de l’univers. Encore une fois, la famille barJulian, présente à chaque nouvelle, fait une partie du liant à l’aune du recueil, nous donnant une mesure du temps passé sans avoir d’effort d’exposition à faire ; c’est l’occasion de saluer la constance de l’efficacité de l’auteur à ce niveau. Si chaque nouvelle nous expose le même endroit, plus ou moins inchangé malgré la distance temporelle entre chaque histoire, Somtow Sucharitkul parvient à chaque fois à brosser une ambiance et un thème précis en quelques paragraphes, toujours au travers d’une focalisation à la première personne légèrement différente, imprégnée des singularités du personnage qui s’adresse à nous. Et si ça manque peut-être un chouïa d’interconnexions directes en dehors des quelques allusions les plus claires – basiquement, la famille barJulian et l’agrégat de religions commerciales omniprésentes – la toile de fonds de Mallworld est quand même bien présente et fait le travail de mise en cohérence de l’ensemble.
Je trouve ça assez bluffant, honnêtement, de parvenir à lire la même explication de base répétée à chaque nouvelle, mais verbalisée différemment et incluse au fil de chaque récit comme si de rien n’était, sans me donner l’impression de la moindre redondance pénible à laquelle il aurait été facile de s’attendre. L’astuce de l’auteur, ici, je crois, c’est de toujours se concentrer en premier sur l’histoire qu’il a à cœur de raconter, pour ensuite prendre le soin de l’intégrer à son plan plus général. Et comme il me fait l’impression d’être un auteur redoutablement synthétique et précis, ça passe tout seul.
Et ses histoires sont bonnes, en plus, ce qui, évidemment, aide pas mal.
Et justement, cette histoire : ça commence comme une nouvelle d’initiation à la sauce Mallworld, puis ça devient une sorte de conte philosophique avec une surprenante succession de twists, et c’est probablement, jusqu’à éventuelle preuve du contraire, ma nouvelle favorite du fix-up, méritant amplement de donner son titre au recueil ; puisqu’elle en résume assez fabuleusement l’élan et l’ambition.
Il ne s’agit pas que d’une satire, d’une dystopie ou d’une contr’utopie, c’est plutôt… Une sorte d’altéro-topie, si j’osais faire dans le néologisme. D’une certaine manière, c’est la même démarche que Chronique du Pays des Mères – cascade comparative à ne pas reproduire chez vous – où l’idée est de construire un monde aussi différent et familier que possible, où les règles découlent de notre culture, mais avec suffisamment de bouleversements arrivés dans l’intervalle de la métamorphose pour qu’elles ne puissent pas être jugées selon notre propre paradigme.
Le monde de Mallworld n’est pas plus souhaitable ou à craindre qu’un autre, il est juste comme il est, avec ses défauts et ses qualités, sous l’influence des Selespridar dont la houlette aussi généreuse que ferme est une expérience philosophique et politique à elle toute seule, singulièrement mise en mots par Somtow Sucharitkul, au long cours de son ouvrage en général, et en particulier ici. C’est rigolo, d’ailleurs, pendant ma lecture et la rédaction de cette chronique, le nom de Iain M. Banks a été cité au cours de discussions sur mes réseaux par des gens chouettes (que je salue ici) ; et je me dis que le hasard est trop beau pour que je ne me pose pas la question d’une certaine proximité thématique et narrative à étudier à un moment.
Mais je m’égare.
J’adore ce texte parce que comme le reste de ses collègues, il déborde de personnalité et d’idées, d’une créativité foisonnante, sachant tout à la fois mobiliser la mélancolie, la tristesse, la joie et l’espoir, dans une succession de scènes d’une formidable puissance évocatrice, jusqu’à un final foncièrement émouvant qui prend un contre-pied assez magistral de son introduction, et ce en sachant prendre le meilleur parti d’un personnage principal qui aurait très vite pu devenir assez abject.
Je crois bien que j’aime ce recueil d’amour.
Une petite pub bien perfide pour le « Sculpteur alimentaire », et on passe à la suite.
6. Le Côté Noir de Mallworld
Alors bon, j’allais pas relire cette nouvelle alors que je l’ai découverte il y a quelques mois et que… bref. Si je commence à réexpliquer des trucs, je pense que je vais croiser des flux immatériels et il va m’arriver des bricoles.
Je peux quand même recontextualiser ma mini-chronique d’alors et en remettre une couche, puisque j’avais raison. Rétrospectivement, en en sachant désormais beaucoup plus sur ce qu’est Mallworld, ce qui pouvait m’apparaître flou ne l’est plus vraiment, et ce que raconte ce texte en particulier s’intègre extrêmement bien au reste du recueil.
On peut donc passer à la suite, après une petite page de réclame pour « Vaculax Corporation – la compagnie qui est fière d’avoir un goût de chiottes ! »
Y a pas à dire, un recueil qui ose jongler avec des textes d’une réelle profondeur humaine, intellectuelle et philosophique et des interludes qui peuvent se résumer à des blagues scatophiles – qui fonctionnent ! -, ça force le respect. On arrive à une sorte de complétude, une couverture complète du spectre. C’est beau. Premier degré.
7. Les dents de Mallworld
Avec ce dernier texte, je m’attendais à pouvoir faire une première partie du bilan global du recueil dont il est extrait. Ce qui est marrant, c’est que d’une certaine manière, Somtow Sucharitkul l’a fait à ma place, avec un récit qui reprend beaucoup des éléments établis dans les nouvelles précédentes, personnages comme produits publicisés pendant les interludes. C’est très malin, et ça fait gagner beaucoup de temps d’exposition pénible, en plus de reboucler l’ensemble de façon très élégante. Alors certes, cette fois ci, en terme de propos, c’est pas le texte le plus renversant, sans doute même le moins original ou percutant en terme de pure création littéraire ou de satire, mais c’est chouette quand même. Cette histoire d’ermite réfractaire à Mallworld amené de façon un peu sournoise sur place par un ami héritier des barJulian qui veut se servir de lui pour un objectif un brin chelou, sur le papier, c’est encore du très convenu ; sauf que Mallworld, encore une fois. C’est pas toutes les histoires qui vous rameutent un grand requin blanc depuis la Terre dans un centre commercial spatial de trente kilomètres de long par le truchement d’un accident de portail de téléportation perdu dans l’océan pacifique. Même Doctor Who l’a pas osée, celle-là, je pense. Et donc oui, c’est un joyeux n’importe quoi dénonçant la décadence de la richesse dans un monde où on croit que l’argent est la solution à tout, même et y compris quand la soif dudit argent est la source des problèmes qu’on veut solutionner avec de l’argent.
Et si sur le fonds, je vous l’accorde, c’est pas forcément bien neuf, à l’instar du reste du recueil, pour moi, c’est la forme et la personnalité de ce que propose Somtow Sucharitkul qui font l’essentiel du travail avec une classe folle.
Si je fais le bilan de tout ça, on est peut-être bien sur un des meilleurs fix-ups que j’ai jamais lus.
En surface, je pourrais reconnaître que cet ouvrage n’est, quelque part, qu’une dystopie cyberpunk/space opera de plus, avec un twist anticonsumériste tout ce qu’il y a de plus charmant mais finalement assez inoffensif. Une charge un peu facile et plus propice à la rigolade ricanante qu’à une réelle réflexion : « on vit dans une société », en somme.
Sauf que non. Il y a une richesse créative et une intelligence dans la conception de cet ouvrage, même de chaque nouvelle, qui me fait me méfier très sévèrement de ce jugement à l’emporte-pièce. Enfoui sous les blagues potaches des pubs du futur et les intrigues un peu pulps de certaines de ces nouvelles, on peut très vite trouver des enjeux et des scènes que je trouve aussi profond·e·s que touchant·e·s.
Ce n’est certainement pas un hasard si autant des personnages de Somtow Sucharitkul sont des artistes, s’ils s’adressent directement à nous à la première personne dans les histoires qu’ils nous racontent, à nous leurs lecteurices. Pas un hasard si le cœur de la plupart de ces récits, c’est le combat de ces artistes contre l’emprise d’une société consumériste, pour leurs retrouvailles avec ce qui fait d’eux des êtres humains, même perdus au sein d’un système qui les étouffe ou les broie, parfois sous le prétexte de les éduquer. Pas un hasard si le texte central de ce recueil insiste sur l’idée que l’humanité se définit par sa capacité à toujours résister face à un destin cruel ou ses pires instincts, à faire briller la lumière des étoiles au milieu d’un espace vide.
Mallworld Graffiti est un absolu bijou. Ça débord de personnalité, d’altérité, c’est d’une richesse conceptuelle époustouflante, même pour des détails sans importance, et c’est peut-être bien pour ça que tout le recueil jouit d’une ambiance extraordinaire, d’une atmosphère unique, où finalement, toutes ses nouvelles agissent de concert dans un élan synergétique, transformant presque ce fix-up en roman polyphonique.
Je manque de superlatifs pour exprimer tout l’amour que j’ai pour ce genre de bouquins. C’est du talent brut, affiné avec soin, pour nous donner une expression littéraire d’une pureté rare.
Hot damn.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

Tiens, je ne connaissais pas ce titre-là !
Je vois que tu as lu « Les chroniques de l’Inquisition » (au moins le début) donc tu ne seras pas surpris que je saisisse l’occasion d’en exprimer tout le bien que j’en ai pensé il y a bientôt vingt ans (le bien, et la très forte impression en réalité…). Ne pas louper non plus « Vampire junction » qui a été publié chez Folio SF au milieu des années 2000. Tu y retrouveras un imaginaire à la croisée des mondes, à tous les sens de l’expression, et des personnages qui sont en effet volontiers des artistes…
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Tout ça est bien noté, merci beaucoup ; j’ai hâte de pouvoir tenter l’expérience. =)
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