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Un étranger en Olondre, Sofia Samatar

Abandon à la page 162/379

Bon, c’est un peu honteux à avouer, mais j’ai commencé ce bouquin en sachant pertinemment que son abandon était une possibilité non négligeable. À vrai dire, entre ma lente mais inexorable prise de conscience de l’idée que malgré mon respect et mon appréciation envers Argyll, nos goûts littéraires ne sont pas forcément toujours en phase d’un côté, et les avis éclairés de personnes de goût connaissant suffisamment les miens pour me prévenir en toute connaissance de cause de l’autre ; je savais très bien que je ne partais pas gagnant du tout.
Mais ça faisait maintenant quelques temps que ce roman m’avait été gracieusement offert au moment de sa sortie, et perdu entre les signes encourageants et ceux plutôt repoussants, je n’avais pas su faire de choix ; la présence de ce volume au milieu de ma PàL était chaque jour un peu plus pesante.
J’ai donc tranché le nœud gordien, histoire de dire que peu importe l’issue, au moins, ce serait terminé. Après tout, l’esprit ouvert n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. En l’occurrence, vous l’aurez deviné : pas cette fois.

En toute transparence, comme à chaque fois qu’une de mes lecture – ou tentative d’icelle – est victime d’un état négatif transitoire personnel, à savoir ici, une foutue attaque de dépression, je préfère le préciser. Et là, clairement, ç’a tapé fort et de façon assez méchante. Dans d’autres circonstances, je pense que j’aurais pu aller au bout sans trop de mal. Mon jugement final sur l’œuvre de Sofia Samatar n’en aurait probablement pas été spécialement plus enthousiaste, mais j’aurais probablement pu avoir plus d’énergie et de motivation à dépenser pour aller jusqu’au bout du voyage proposé par l’autrice et vous proposer une chronique plus exhaustive et moins amère.
Ceci étant dit, effectivement, les gens bien informés m’ayant averti de mon probable manque d’appétence pour l’ouvrage du jour avaient mis dans le mille. Le problème d’Un étranger en Olondre n’est pas sa qualité propre, mais bien ma réception de ce qu’il propose.

Pour le dire très vite, en dépit des – bienvenues – différences culturelles ayant amené à sa rédaction, ce roman m’a provoqué des flashbacks « Vanciens » ; et pas le meilleur genre à mes yeux, évidemment, sinon je n’en serais pas là. Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai assez vite eu le sentiment de lire un guide touristique narratif en lieu et place d’un roman, prenant trop souvent le temps de décrire et raconter des choses complètement annexes à l’histoire plutôt que de simplement faire avancer son intrigue ; cette dernière progressant uniquement par à-coups, lorsque l’inventaire du lieu et du temps présent était fait. Et pour un esprit comme le mien, qui malgré mon goût pour l’altérité et l’importance du contexte, aime bien que les choses avancent à un certain rythme ; il faut bien dire que j’avais beaucoup trop régulièrement l’impression d’être noyé sous une logorrhée certes élégante, mais peu efficace.
Le gros problème de ce roman, à mes yeux en tout cas, c’est qu’il prend un pari extrêmement audacieux et encore plus ambitieux : nous faire découvrir une société étrangère au travers des yeux d’un personnage qui nous est lui-même tout à fait étranger. Or, si la première étape du récit est à ce compte-là plutôt réussie, nous offrant une introduction sobre et exhaustive sur notre protagoniste ; dès lors que ce même personnage sort de pays natal, lui comme le récit se perdent sans cesse.

On a ainsi droit à des explications étymologiques trop régulières et à mon goût superfétatoires (voire un poil pédantes, selon leur timing), tout comme des leçons d’histoire et de littérature locales, en rajoutant sans cesse dans un name-dropping plus indigeste que réellement dépaysant, puisque manquant d’une accroche initiale suffisamment solide pour pouvoir s’y rattraper confortablement ; sans parler des dialogues où j’avais parfois l’impression que les personnages parlaient tous seuls sous prétexte de citer des extraits de leur littérature. Dès lors que l’intrigue s’est réellement lancée, j’ai eu le sentiment d’une fuite en avant pour moi comme pour le protagoniste, ballotés par les événements, nécessitant d’infinies explications, en rien aidées par le style très poétique et descriptif de Sofia Samatar. SI je comprends tout à fait que cela puisse être le kiff de n’importe quel·le autre lecteurice que moi ; force est de constater que je n’y trouve pas mon compte. Au contraire, cela a tendance à terriblement m’ennuyer.
J’aime qu’on me propose à lire d’autres cultures, d’autres façons de penser ou de vivre, mais comme un moteur immédiat à la réflexion extra-littéraire, ce que je n’ai jamais cru pouvoir trouver dans ce roman, me semblant le voir plus concentré sur une pure altérité et la beauté de cette dernière. Or, vous le savez peut-être, à force de me lire, ou bien vous le découvrirez ici : la beauté seule, personnellement, ça ne m’intéresse pas, ou alors vraiment pas longtemps. Je n’y trouve pas d’intérêt propre. J’oserais même dire que l’esthétisme pour lui-même, ça m’emmerde assez sévèrement. Du coup, un récit qui cherche aussi clairement à poser des décors, des costumes et des moments littéraires les uns après les autres, sans vraiment me montrer la volonté d’étudier ou explorer ce qui pourrait en être intellectuellement extrait, j’ai beaucoup de mal à m’y intéresser. Pas pour dire que le concept qui commençait à être développé par l’autrice n’était pas intéressant, non, au contraire : mais j’étais trop frustré de voir ce concept mis au second plan du monde qui l’avait vu naître.
Il y avait là un déséquilibre que je ne me sentais pas de compenser par mes efforts à la lecture.

Bon, sans que je le sache au départ, j’ai sans aucun doute choisi le pire moment possible pour enfin donner sa chance à ce roman qui n’avait qu’une maigre chance sur dix de me séduire. Comme à chaque fois que j’abandonne, ce n’est pas de gaieté de cœur, mais dans une mesure de préservation. Mon avis compte donc encore moins que d’habitude dans le jugement général d’un roman qui, je le sais, a su convaincre beaucoup de gens, sans doute à raison.
Tant pis, donc.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

6 comments on “Un étranger en Olondre, Sofia Samatar

  1. Avatar de oursinculte L'ours inculte dit :

    J’ai bien fait de passer mon tour, ça sentait le « pas pour moi » aussi. Et comme toi les Argyll ont pas l’air très alignés avec mes gouts en general, j’ai peur de me lancer dans les quelques uns que je possède

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      C’est frustrant, hein ? J’ai beau savoir qu’ils font des vrais choix motivés et intelligents en les défendant super bien, plus de la moitié du temps, je sens qu’il y a un truc qui coince.

      J’aime

  2. Arf je comprends ton point de vue. Pour le coup j’avais beaucoup aimé, mais je l’ai lu a un moment ou je savais pouvoir apprécier un livre sans trop d’action, très lent. Il a de bons points forts mais aussi des aspects qui peuvent clairement déplaire.

    Aimé par 1 personne

  3. Avatar de Lullaby Lullaby dit :

    Tu es la 2e personne à avoir un tel retour sur ce roman, aussi bien que le pitch piquait ma curiosité, je pense que je passerai mon tour. S’il m’arrive d’aimer des romans au rythme lent, j’ai une PAL trop garnie, et ne parlons pas de ma Liste à Lire… alors je préfère autant la réduire.

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Sage décision. Je pense que le roman mérite qu’on s’y penche, mais si t’as le moindre doute, vaut mieux te préserver.

      Aimé par 1 personne

      1. Avatar de Lullaby Lullaby dit :

        Exactement. Et puis j’ai déjà assez de livres à lire comme ça et les journées font toujours 24h.

        Aimé par 1 personne

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