
One Too Many – Three Days Grace (extrait de l’album Human)
Another day, another Heure-Lumière. Je crois que je n’ai plus vraiment besoin d’introduire mes chroniques au sujet de cette collection, à force ; on est sur quelque chose approchant l’histoire du tonneau des Danaïdes, où l’eau serait remplacé par des livres, le tonneau susnommé par une étagère, et où tout le monde serait content. Très mauvais analogie, mais je pense que l’idée passe clairement malgré tout.
Bref ! Symposium, Inc. fait partie des rares opus de la collection datant un minimum en terme de publication qui me sont encore personnellement inédits, et dans lesquels je pioche patiemment, tranquillement, au fur et à mesure, toujours dans l’optique de collectionner ses textes comme les chroniques qui vont avec.
Et voilà le dernier en date. Qui était très cool. Non, je ne suis pas inspiré sur cette introduction, pardonnez moi.
Alors, pourquoi c’était bien. Déjà, parce que génériquement, ça m’a changé un peu ; on est sur un techno-thriller psychologique bien nerveux, jouant autant avec les émotions des personnages qu’avec nos perceptions de ces dernières, faisant très habilement mumuse avec nos certitudes, où la patine science-fictive est un soutien à l’histoire plutôt qu’un concept central autour duquel tout gravite. Olivier Caruso me semble avoir décidé de se concentrer sur les relations entre ses personnages et l’intrigue organique en découlant plutôt que sur les ramifications techniques de ses inventions, et il a logiquement mis le paquet là où il le fallait pour que ça fonctionne : et de fait, ça fonctionne. J’ai pris un réel plaisir à ressentir une certaine tension m’habiter au fil des pages, tournant chacune d’entre elle en me demandant si mes anticipations étaient bonnes où si j’allais devoir adapter mes jugements premiers à chaque nouvel incrément de révélations. Tout comme j’ai pris un plaisir singulier à me rendre compte que j’avais intuitivement saisi la bonne solution très tôt dans le texte, mais sans la moindre idée de la bonne méthode pour y arriver ; devant corriger mes estimations encore et encore pour arriver à une conclusion parfaitement satisfaisante, parce que très habilement construite.
Mais que mon enthousiasme sur la structure et les éléments de l’intrigue ne vous leurrent pas ; j’ai aussi trouvé qu’en creux, Symposium, Inc. posait pas mal de très bonnes questions philosophiques, éthiques et techniques sur les usages potentiels de certaines technologies, mais surtout sur ce que ces usages représentent et disent de nous, fondamentalement. Au travers de cette histoire singulière, je trouve qu’Olivier Caruso est parvenu à interroger des choses qui le dépassait avec une certaine élégance, usant d’éléments particuliers pour aller vers le général, mais avec toujours l’intelligence du recul. Comme toujours, je suis particulièrement client des récits sachants poser des questions incisives, que ce soit frontalement ou comme ici plus subtilement, en ayant la suprême intelligence de ne pas exprimer de réponses prémâchées ou trop péremptoires. J’ai d’autant plus apprécié le travail de l’auteur que son choix de nous offrir plusieurs points de vue nous offre un supplément de distance avec l’histoire, nous permettant de nous forger un avis pleinement personnel une fois le récit touchant à sa fin.
Et quand j’ai refermé mon livre, ç’a été avec un rictus satisfait et un hochement de tête convaincu. Très convaincu. C’est encore une très bonne novella dans la collection, que voulez-vous que je vous dise de plus ; je perds en originalité à chaque nouvelle occurrence. Concept solide, personnages solides, intrigue solide : solide. Un texte qui sait parfaitement ce qu’il veut exprimer, je crois, et qui surtout, sait précisément comment exécuter ses ambitions. Tip-top. Il n’y a qu’à saluer humblement et à attendre une nouvelle occasion de pouvoir être aussi content en lisant.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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