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Hollywood monsters, Estelle Faye et Fabien Legeron

Master of Illusion – Battle Beast (extrait de l’album Circus of Doom)

Il m’arrive de payer un peu le fait de ne pas assez me renseigner sur mes lectures. J’ai pris ce bouquin sur le stand d’Estelle Faye lors d’une de nos rencontres aux Imaginales, tout à mon enthousiasme envers son travail, dans l’optique de tout lire d’elle, quitte à pouvoir découvrir au passage un autre auteur avec qui elle était en collaboration à cette occasion. Et de fait, quand bien même elle m’a sans doute précisé que c’était de la jeunesse, je ne m’y suis pas arrêté, me disant que ce genre littéraire m’avait bien assez souvent satisfait pour que je m’en méfie bêtement.
Le truc est qu’indépendamment de la qualité d’un travail littéraire, son public-cible et son processus d’écriture rentrent quand même beaucoup en ligne de compte quand vient le moment d’en évaluer le plaisir qu’on en tire. J’ai beau me targuer de mon sens de l’analyse et de ma capacité d’abstraction au moment de verbaliser mon ressenti, je demeure un lecteur avant toute chose. Et donc, logiquement, je m’en viens vous dire que ce Hollywood Monsters n’était absolument pas pour moi. Un excellent travail de littérature jeunesse, je pense, mais tellement aux antipodes de ce que je recherche actuellement, qu’il m’est impossible d’être réellement enjoué et objectif. Tout ce que je peux vous offrir aujourd’hui, c’est mon constat subjectif, et quelques réflexions pour aller avec.

Alors d’emblée, je vais évacuer les évidences un peu bêtes qui n’ont aucun intérêt concret quant à ce que je pense sincèrement de ce roman. Ça va beaucoup trop vite, et les enjeux de l’intrigue ne sont que trop superficiels à mon goût, d’autant plus que le ton allant avec un ouvrage dirigé vers un public d’au moins vingt ans mon cadet m’a paru assez inconsistant tout le long de ma lecture.
Cependant, tout à ma relative déception, je me suis quand même rendu compte que j’étais dans l’erreur dès le départ : il est injuste de ma part de juger un ouvrage comme celui-là avec mon regard d’adulte lecteur assidu, rompu à tous les tropes ou presque. Tout comme il est pratiquement impossible pour moi de me départir complètement de ce regard ; j’ai eu beau tenter l’effort de me mettre dans la peau de qui j’étais à l’âge adéquat pour une telle lecture, mes habitudes ont la vie trop dure.

Alors j’ai quand même apprécié à sa juste valeur les ambitions des auteurices du roman, je pense. Quelques séquences très cools, imagées juste comme il faut, rendant compte avec acuité de ce qui se passait, jouant assez habilement avec les potentielles pistes de l’enquête à laquelle notre duo de protagonistes se livre, d’abord. Puis, surtout une certaine frontalité dans les thèmes abordés, tout de même, que je salue sincèrement, évoquant avec juste ce qu’il faut de précision les pires aspects des années trente aux États-Unis et dans le monde du cinéma, entre ségrégation, sexisme et jeux de pouvoir et d’argent. Là, je crois que mon regard d’adulte un peu (très) désabusé m’a soufflé que j’aurais vraiment aimé lire de tels questionnements plus jeune, m’amenant sans doute à me poser assez tôt des questions que je n’ai été amené à me poser que beaucoup trop tardivement dans mon parcours citoyen. Alors forcément, de là où je me tiens, tout cela, de la même manière que les tropes convoqués par Estelle Faye et Fabien Legeron, ça faisait un peu trop convenu pour que je sois surpris ; mais je me dis qu’il est et sera toujours essentiel d’aborder ces sujets, donc franchement, c’est à mettre à leur crédit.

En fait, en dépit d’une certaine déception un peu couillonne de ma part, et en essayant surtout de tirer un bilan positif d’une lecture qui clairement n’a pas été un plaisir rapide et efficace, je me dis que c’était un bonne et utile piqure de rappel : des fois, il faut que j’adapte mon regard et mes attentes avant de me lancer dans une lecture. Si ma politique de virginité quasi-absolue pré-lecture a clairement ses limites, je me réjouis un peu aussi des leçons qu’elle m’apporte ponctuellement en me rappelant que mon regard de lecteur n’est absolument pas unique.
Alors oui, cette chronique est celle de ma lecture, donc forcément, avec mon idéal de transparence totale sur ce blog, ça donne une recension un peu plus amère que j’aimerais : ce bouquin ne m’était pas destiné du tout, et ça se ressent forcément. Mais, en réfléchissant tout aussi sincèrement au lecteur que j’ai été avant d’être celui que je suis aujourd’hui, je me dis que j’aurais sans doute adoré avoir ce roman comme porte d’entrée à l’imaginaire durant mon enfance. J’aurais aimé, je crois, lire un bouquin simple mais pas simpliste me racontant autant une histoire de monstres qu’une histoire du cinéma américain des années trente, et des gens qui ont participé à son existence, à tout ce qu’il a collectivement fallu traverser d’affreux pour arriver à mieux.
En conclusion : non, si vous avez le même âge que moi, je ne vous conseillerais pas de lire ce roman, évidemment. Par contre, si vous avez dans votre entourage des jeunes gens curieux et éveillés, alors oui, je vous conseillerais absolument de mettre ce bouquin entre leurs mains. C’est pas trop mal, ça, comme bilan, je crois.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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