search instagram arrow-down

Si vous ne me suivez par sur les réseaux sociaux, où je suis le plus actif, vous pouvez être prévenu.e par mail à chaque article.

Rejoignez les 117 autres abonnés

Infos Utiles

Mes réseaux

Archives

U-H-L #49 – Sweet Harmony, Claire North

Plastic Promises – Set It Off (extrait de l’album Cinematics)

J’avais besoin d’une lecture rapide et avec une haute chance de succès. Rien de tel, dans ces cas là, qu’un petit UHL. En l’occurrence, qui plus est, signé par une autrice dont la trilogie précédemment publiée dans la collection m’avait beaucoup plu : par-fait.
Et je crois bien que ça suffit comme introduction, parce qu’au bout d’un moment, il n’y a pas toujours à en faire des caisses : je lis des bouquins parce que j’ai envie de les lire à un instant T.

Sweet Harmony m’a semblé commencé comme un texte de bonne facture avec un ton original sur un thème vu et revu. Je lui ai vite prédit une fin convenue mais efficace, le mérite d’un angle d’attaque singulier propre à son autrice, à saluer plutôt comme une exploitation maline et personnelle d’un thème générique ; par le biais d’une attaque dystopique en règle sur l’arbitraire monde cosmétique, le constat commun mais éternel que nous visons, en effet, dans une société. Un constat que je n’ai pas trop de mal à lire et apprécier, malgré sa redondance dans la culture populaire, tout simplement parce que tout le monde a sa contribution pertinente à faire dans ce domaine, à mes yeux. Il ne s’agit pas tant du constat lui-même que de la façon dont il est fait ; de sa verbalisation intime, et de la potentialité d’une épiphanie personnelle en fonction du parcours intellectuel de chacun·e vis-à-vis de cette question.
Et je ne peux pas dire que j’ai eu totalement tort dans ma vision initiale de la novella de Claire North : la plupart des mécanismes et démonstrations de son récit, je pense, ne surprendront pas grand monde, et auront tendance à plutôt prêcher des converti·e·s, aussi réussis soient-ils. Ceci étant dit, au delà des aspects purement techniques, maîtrisés d’une façon chirurgicale, oserais-je, qui pourront déjà convaincre une bonne partie de son lectorat, il faut aussi saluer la malice et la pertinence des pas de côté que leur autrice opère en son sein.

Parce que là où j’ai été particulièrement convaincu, parce qu’agréablement surpris, c’est lorsque Claire North opère un parallèle assez brillant entre les mécanismes sournois de la publicité, notamment de la pression esthétique permanente qu’elle induit, et ceux de l’emprise dont les femmes sont trop souvent victimes, au sein de leur couple ou en dehors. Moi qui suis de plus en plus réfractaire à l’éclatement chronologique des textes que je lis, j’ai trouvé que son emploi par l’autrice ici était particulièrement pertinent ; il permet de tracer des liens thématiques clairs et évocateurs entre les différentes parties de l’histoire d’Harmony, mettant en lumière les aspects les plus intéressants de son portrait plus sûrement que s’il avait été écrit de façon linéaire.
De fait, la science-fiction prend sans doute une place d’arrière-plan dans cette histoire, conceptuellement parlant, mais je crois que c’est à mettre à son crédit, dans l’optique de son ambition littéraire. Je pourrais sans doute parler de « portrait de femme », mais je hais cette expression tarte à la crème pour ce qu’elle a de terriblement réducteur et d’essentialiste. Il ne s’agit pas que d’Harmony, ici. Son genre est certes extrêmement important puisqu’il est représentatif de la majorité des personnes victimes de ce que Claire North dénonce et décortique au fil de son récit ; mais je crois que l’objectif premier de la représentation opérée par l’autrice, c’est avant tout de décrire aussi précisément que possible ce qui lui arrive, sans jugement, mais avec véracité et exactitude. Raconter une expérience avec tout ce qu’elle contient d’erreurs et de pièges, sociaux comme consuméristes, avec une finesse psychologique redoutable, afin de toucher à l’universel sans sombrer dans la généralité ni la caricature.

Ç’aurait pu n’être qu’un bon texte de plus dans une masse convenue mais pétrie de bonnes intentions, pêchant bêtement par manque de singularité ; mais Claire North, à mes yeux, a su convoquer un supplément d’âme et une pertinence de propos formidables. En opérant comme elle l’a fait un très malin choix de cadrage, elle a su exprimer quelque chose d’une manière que je n’avais pas lue jusque là. En ressort un excellent texte, évidemment féministe, au ton mordant et lucide, mais certainement pas dénué de bienveillance, dressant des constats implacables avec une force évocatrice indiscutable.
Encore un très bon choix de la collection Une-Heure-Lumière ; qui est surpris ?
Pas moi.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

3 comments on “U-H-L #49 – Sweet Harmony, Claire North

  1. La maison des jeux est déjà dans la wishlist, mais j’ai l’impression que n’importe quel titre de cette autrice peut être à découvrir ! Et il faudrait que je pense plus souvent à cette collection que je n’ai pas lue depuis longtemps !

    Aimé par 1 personne

  2. Symphonie dit :

    Je suis loin de lire tous les UHL, mais je pense que je vais au moins m’intéresser aux livres de cette autrice : )

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire
Your email address will not be published. Required fields are marked *