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RéciFs #2 – Danielle Cain T1 – L’agneau égorgera le lion, Margaret Killjoy

Sharks – The Warning (extrait de l’album Keep Me Fed)

Ma découverte d’Un pays de fantômes avait été pour le moins frustrante. Une sorte de promesse seulement à demie remplie à mes yeux, une bonne ambition manquant un peu trop de chair pour m’être satisfaisante. Mais pour autant, son autrice avait toute ma sympathie, nos valeurs et sa façon de les exprimer demeurant tout à fait compatibles avec mes propres principes et une partie des mes attentes littéraires ; ce n’était qu’une question de manque, pas d’erreur ou de rejet.
Et donc, j’attendais cette deuxième itération de RéciFs avec une impatience particulière ; parce que deuxième novella de la collection, déjà, évidemment, mais aussi et surtout parce que nouvelle occasion de voir ce que Margaret Killjoy avait à me proposer. Et donc nouvelle occasion de juger sur pièce si ma sympathie et mon envie de creuser son œuvre allaient perdurer.
La réponse est sans aucun conteste possible oui. Et même si malheureusement mon enthousiasme ne crève toujours pas le plafond, il y a indubitablement du mieux à constater, ce qui me rend optimiste pour l’avenir. En gros, c’était cool. Imparfait, mais cool.
Voyons ça.

Commençons par mes petits points de contention de lecteur pénible : je crains que la passion de l’autrice pour l’anarchisme et ses concepts satellites ne soit un poil gênante pour la fluidité et la cohérence d’ensemble de ses récits. C’est certes moins choquant ici que ça ne l’était dans son roman précédent publié chez Argyll, mais il n’empêche que je ne peux toujours pas ne pas voir certaines de ses saillies politiques au fil du récit par la bouche de ses personnages comme assez cruellement artificielles. Il y a fort à parier que ma perception un peu trop critique de cette omniprésence des thèmes anarchistes dans Un pays de fantômes a teinté ma perception du présent texte, et donc que ma nuance sur cette question soit encore à appuyer un peu pour un regard autre que le mien ; mais voilà, je l’ai encore senti. Et si ça me frustre encore suffisamment pour que je le signale aussi, c’est uniquement parce que j’aurais adoré que ce soit plus subtil, surtout dans un récit comme celui-là qui laisse la part belle à tout autre chose, mais qui me semble vouloir créer des parallèles inopportuns et donc un peu maladroits entre ses différents fils narratifs et thématiques : c’est pas grave, ni même vraiment ennuyeux, juste dommage. Je me dis qu’avec juste un peu plus de chair et de soin, ça serait passé comme une lettre à la poste, et que je n’aurais eu que des compliments à formuler.

Venons en donc justement à ces derniers : si je trouve effectivement que le propos le plus symbolique du texte de Margaret Killjoy manque un peu de clarté et trace un lien fantastique un peu brouillon entre ses éléments de fantasy et d’anticipation poisseuse, il n’empêche que ce lien existe. Et que bah, ouais, franchement, la promesse générique esquissée par ce premier tome des aventures de son héroïne, elle me botte pas mal. Alors bon, je ne peux pas trop en dire, parce que cette promesse se dessine surtout dans la seconde moitié du texte, mais je trouve personnellement qu’elle a de la gueule ; et elle est d’autant plus plaisante que finalement, elle explique et excuse pas mal des petits errements de ce qui est finalement un premier tome, avec ce que cela suggère de mise en place. Le truc est aussi que malgré ce côté « l’anarchisme c’est trop bien mangez en » au forceps qui m’embête juste pour ce qu’il a d’un peu bourrin dans son exposition, Margaret Killjoy continue à ne pas faire preuve d’un prosélytisme trop agressif ou naïf ; et que les valeurs qu’elle prête à ses protagonistes me parlent quand même pas mal.
Et puis très basiquement, c’est un bon texte, aussi, je trouve. C’est bien rythmé, assez enlevé, avec des personnages cools et assez complexes pour le peu de temps qu’on passe avec eux, dans un univers qui en a clairement sous le coude ; c’est aussi très queer, ce qui n’enlève rien, bien au contraire.

En somme, c’est prometteur. Ça se cherche peut-être encore un peu, notamment au niveau de l’équilibre thématique et générique, mais quelque part, ça confère aussi à l’ensemble une forme de sincérité candide qui lui donne d’autant plus de force évocatrice dans ses moments les plus ciselés. C’est le genre de texte que j’aime bien parce que ses imperfections en disent autant de lui et de sa pureté intentionnelle que ses perfections ; y a pas de triche, pas d’intentions malhonnêtes cachées. C’est cru, c’est là, et ça s’offre à 100%, sans aucune prétention.
Ouais, j’aime bien. J’en veux plus.
Et ça tombe bien, j’ai ce plus en réserve pour dans quelques temps ! C’est bien fait, quand même, dites.
Merci encore Argyll pour les SP. Vous êtes bath.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

4 comments on “RéciFs #2 – Danielle Cain T1 – L’agneau égorgera le lion, Margaret Killjoy

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