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Les Syyrs T1 – La Prophétie de Nokomis, Myriam Savary

Monster – STARSET (extrait de l’album Vessels)

Vous savez comme je me targue d’être aussi honnête que possible, dans ce que j’écris pour ce blog. Que j’aime ou non, peu importe le texte dont je parle, sa provenance ou son auteurice, je ne me cache de rien ; j’aimerais croire qu’à terme, ça puisse être un réel badge d’honneur de mon travail : qu’on puisse me faire complètement confiance de ne me cacher d’aucun de mes ressentis. Que ces derniers soient positifs, négatifs, mitigés, profitables ou qu’au contraire ils puissent nuire à mes rapports avec les gens qui pourraient s’en sentir affectés : je suis sincère.
Tout ça pour dire qu’en commençant cette lecture – toujours dans l’optique de ma table ronde à venir à l’Ouest Hurlant – sans offense volontaire à son autrice, j’étais très moyennement confiant. Pas pour préjuger de la qualité de ce que j’allais lire, mais plutôt de son calibrage, de son cahier des charges, en quelques sorte. Comme pour Le Sorcier de Mondebrume, j’anticipais un ouvrage plus vraiment de mon âge, le poids de ce préjugé étant encore alourdi par la perspective d’un gros morceau (752 pages en pdf), et du premier tome d’une trilogie jeunesse/YA ; avec un nom propre barbare en couverture pour titrer cette dernière, avec par dessus encore le mot « prophétie » dans le titre de l’opus en question. Myriam Savary, sans que ce soit vraiment de sa faute, ne partait vraiment pas gagnante, en dépit de toute ma bonne volonté d’aborder cette lecture de façon professionnelle, et pas trop blasée.
Et en voilà, une intro beaucoup trop longue, juste pour vous dire qu’en fin de compte, j’ai adoré ce bouquin, y compris parfois à mon esprit défendant. Que j’en suis le premier surpris, mais que c’est comme ça.
Moins surprenant, parce qu’après tout, nous sommes là pour ça : une chronique pour essayer de retranscrire ce fameux ressenti aussi honnêtement que possible.

700 ans d’une Longue Guerre ont vu et voient encore s’affronter le Royaume et l’Empire, deux forces stellaires à l’influence galactique. Au cœur de ce conflit, les Syyrs, humains bénéficiant du Don, une force mystique leur permettant de démultiplier leurs forces et leurs capacités. Alors que le conflit n’en finit pas de s’éterniser, une nouvelle prophétie émerge, promettant l’apparition d’une Enfant Syyrs, dont le destin exceptionnel fera s’effondrer un des belligérants. Bien entendu, les deux forces en présence se mettent en branle pour trouver l’Enfant et s’assurer que son allégeance ira au bon camp.
Pendant ce temps-là, Lianne, jeune femme issue d’une humble planète du Royaume, commence son apprentissage en tant que future Syyrs, dans une académie en pleine effervescence, sous la menace d’un espion de l’Empire non identifié, mais aussi et surtout des Errants, terrifiantes créatures qui ne cessent de se multiplier et d’agresser la population locale.

Vous l’aurez compris : c’est dense. Très dense. Y a plein d’informations. Plein plein plein. Et autant de choses à dire à propos de toutes ces informations. Et j’ai essayé autant que faire se peut de vous économiser un infodump trop lourd d’entrée de jeu. Ce qui n’est pas facile, honnêtement, parce que vraiment, mes impressions pourraient se résumer à un énorme nœud gordien constitué d’autres nœuds gordiens : je ne sais même pas où trancher en premier pour essayer de me faciliter la tâche.
Alors dans le doute, faisons comme je fais le plus souvent : commençons par ce qu’on pourrait identifier de défectueux ou discutable dans l’approche de l’autrice, et on ira vers ce qui m’enthousiasme plus pour la fin, histoire de finir sur une note positive.

Bon. Je parlais de cahier des charges, plus haut. Et oui, sincèrement, ce début de trilogie coche des cases, et plutôt deux fois qu’une. Prophétie, académie à l’enseignement et aux priorités questionnables, pouvoirs plus ou moins magiques (dans l’espace), héroïne un brin naïve mais résiliente, collection de beaux gosses pour entourer cette dernière, enjeux aux implications épiques : on est dans du YA, pleine bourre. Ce n’est pas un défaut en soi, mais disons que pour un œil averti, il sera difficile d’être pleinement surpris ou réellement dépaysé par la majorité des tropes mobilisés par l’autrice. On pourra même, si on est un peu en recherche primaire de nouveauté et de surprises narratives, être un poil fatigué par le côté un peu programmatique de la démarche générale. Même si, bon, de la space academia fantasy, c’est trop rare pour que je boude complètement mon plaisir, il est vrai.
Alors oui, sinon, par dessus ça, on ressent aussi pas mal le fait que c’est un premier roman : raccourcis narratifs parfois nébuleux, quelques séquences confuses, instances d’exposition pas toujours super subtiles ni fluides, motivations de certains personnages rendues ambivalentes de façon bien pratique… C’est pas toujours super maîtrisé, il faut bien l’admettre.
Et à une échelle plus personnelle, dans une sorte de mélange des deux reproches précédents, le constat un peu amer qu’on retombe parfois dans des clichés un peu regrettables qu’il aurait été de bon ton de laisser de côté, ou alors d’exploiter un peu différemment histoire de marquer une certaine singularité ou quelque chose du genre.

Tout ceci étant dit. Ben merde, c’est vachement bien, quand même ! Peut-être que c’est parce que j’ai perdu l’habitude de lire ce genre de bouquins, ou parce que j’ai réussi à complètement m’y ouvrir à force de ne pas vouloir être trop analytico-cynique, mais je me suis quand même complètement laissé embarquer. J’ai beau avoir attrapé au vol toutes ces remarques un peu lasses et cliniques, l’essentiel, c’est bien que ces 752 pages, je les ai défoncées sans le moindre déplaisir. Et ça tient pas à grand-chose, comme souvent.
Ce premier tome, il a de la personnalité, malgré tout. Ou du moins ce que je perçois comme tel au travers des indubitables efforts de singularité de Myriam Savary. Si elle n’a certainement pas – à mon échelle – commis quelque chose de renversant d’originalité, conceptuellement parlant, il n’empêche que sa façon d’articuler son propre mélange de tropes et d’idées a réussi à passer ma carapace de blasitude. Parce que, je crois, l’autrice a très vite su me faire comprendre qu’elle ne cherchait pas à réinventer la roue ; j’ai cru capter que son ambition était avant tout d’écrire un bouquin qu’elle aurait eu envie de lire elle-même. Et dès lors, pourquoi essayer de subvertir à tout prix des recettes qui fonctionnent très bien ? Après tout, les clichés en sont parce qu’ils ont eu suffisamment de succès pour en devenir. La personnalité que j’évoque, du coup, elle s’exprime par petites touches subtiles plutôt que par affirmations frontales. Elle s’exprime par des nuances discrètes des clichés que j’évoquais plus haut, et c’est comme ça que Myriam Savary m’a eu : en douceur, et sur la longueur.

C’est ça l’autre secret : comme je disais dans l’intro, ce bouquin est long, même en ramenant ses 752 pages à un calibre YA, avec ses marges généreuses et sa large police. Sauf qu’il ne m’a jamais paru long. Le truc, c’est que son autrice, plutôt que de diluer, prend bien son temps. Elle le prend même très intelligemment, je trouve. Les péripéties ne sont pas là pour délayer quoi que ce soit et gratter du volume sur une histoire légère, elles viennent précisément densifier encore un récit qui gagne en épaisseur avec chaque ajout aux psychologies de ses personnages et à leurs dynamiques interpersonnelles. Parce qu’effectivement, si le noyau dur de cette histoire est ultra-basique, avec sa prophétie et ses deux camps que tout oppose, Myriam Savary vient très vite – à coup de twists plus ou moins surprenants pour l’œil plus ou moins averti – griser nos perspectives et complexifier son intrigue. Les détails les plus prévisibles ne le sont plus, parce qu’ils dépendent assez vite de personnages dont les allégeances et les motivations sont beaucoup plus nébuleuses qu’on aurait pu le croire au départ, sans pour autant perdre en crédibilité, au contraire. Alors oui, ça triche peut-être un peu à coup de silences bien pratiques ou d’omissions coupables, mais le fonds du fonds reste assez inattaquable, je crois ; d’autant que nos personnages principaux sont finalement super bien campés, et que leurs évolutions respectives, puisque soignées sur le temps longs, font qu’on s’attache à eux et qu’on veut les voir continuer à évoluer ensemble, pour savoir où tout ce petit monde va aller.

Au final, on en revient toujours à la même chose pour moi : une bonne histoire bien racontée, qui me supplie de la suivre pour en avoir le fin mot ensemble, avec suffisamment de sincérité et de générosité pour me convaincre qu’elle est racontée par envie et par passion. Myriam Savary a su, à mes yeux, se concentrer sur les bons aspects de son récit pour en tirer les éléments les plus intéressants et les plus captivants, en dépit de toutes mes réserves. Elle a d’ailleurs su, à cet égard, fort habilement, faire exprimer une partie de mes propres doutes à son récit, elle-même, pour que je puisse songer à la possibilité que ces relatives faiblesses et choix discutables soient plus tard complètement renversé·e·s par le récit lui-même : comme si, finalement, ce côté « cahier des charges » n’était qu’un malin petit préalable à son auto-destruction méthodique par son autrice. J’aimerais au moins partiellement y croire, d’autant que cette démarche, à mon avis, a déjà été en partie mise en branle au cours de ce premier tome. Ce qui expliquerait cette longue mise en place et le soin apporté par l’autrice à la construction de son univers et de sa distribution.
Et croyez moi, croyez moi pas, mais il est fort possible que j’aille vérifier ma théorie de mes propres yeux, à terme. Ce bouquin, au delà d’une réussite en lui-même, me semble formuler de riches promesses de potentiel.
C’est grave cool.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

3 comments on “Les Syyrs T1 – La Prophétie de Nokomis, Myriam Savary

  1. Avatar de Symphonie Symphonie dit :

    Ah ben tu vois, sans ta chronique je ne m’y serais jamais intéressée, mais du coup why not ! 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Everybody’s a winner ! 😀

      Aimé par 1 personne

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