
Everything is wunderbar – Eisbrecher (extrait de l’album Kaltfront°!)
Après l’excellente surprise Alfie ; il était évident que j’allais saisir la première occasion possible de relire du Cristopher Bouix.
Et l’occasion m’a été donnée ; merci Au Diable Vauvert pour le présent SP qui a constitué une joyeuse évidence au moment de me remettre sur les rails après quelques jours sans lecture assidue.
Et puisque on parle de joyeuse évidence, vous m’excuserez : on va faire court.
C’tait vachement bien.
En fait, je suis dans cette situation un peu bête où j’ai tellement pris mon pied de bout en bout que j’ai même pas pris le temps de réfléchir à exactement pourquoi j’ai autant pris mon pied.
En premier lieu, maintenant que je peux un peu me poser pour vous partager mon ressenti, j’imagine que je dois saluer le sens de l’efficacité et du rythme de l’auteur. On ne perd pas de temps ni de volume, ici : une intrigue resserrée sur deux heures de temps, pas plus, pas moins, et un court roman à l’avenant. Des chapitres courts, un découpage strict en cinq parties, et autant de renversements situationnels gérés d’une main de maître. En somme, ça vous chope par la nuque dès les premières lignes, et ça ne vous lâche pas tant que ce n’est pas fini : il ne m’aura fallu qu’une fiévreuse après-midi pour me faire attraper par Cristopher Bouix, parvenant à m’empêcher de tenter de faire la malin en anticipant quoi que ce soit, trop absorbé que j’étais par la frénésie des évènements.
C’est là le luxe d’une telle maestria dans la gestion du cadrage, j’imagine. Parce que même si comme pour Alfie, la majorité des concepts mobilisés par l’auteur ne me sont certainement pas inconnus ou renversants d’originalité, il demeure qu’ils sont maniés avec trop de malice et d’ironie féroce pour ne pas brûler d’une singulière personnalité. Et dès lors, tout est fait pour nous installer dans une sorte de confort malsain, fait de familiarité et d’extrapolation technologico-sociale, où tout est trop vrai pour être beau, où Cristopher Bouix s’amuse à provoquer le malaise et le rire jaune à coup de clins d’œil terrible à ce qui nous attend et que nous vivons déjà sous une forme à peine moins affreuse. Alors forcément, la satire mobilisée par l’auteur n’est pas la plus subtile du monde, mais elle y gagne bien plus qu’elle y perd à mes yeux, parce qu’elle crée et exploite tout à la fois l’essentielle complicité de son lectorat : plutôt que d’expliquer doctement et sans doute un peu rigidement d’où il veut en venir, Cristopher Bouix nous laisse constater de l’intérieur l’ampleur du problème, présent comme futur. Et puis bon, c’est quand même très rigolo. Peut-être un peu trop chargé à balles réelles de la réalité véritable pour être vraiment désopilant pour mes côtes devenues un peu sensibles du côté du contrôle sociale et de la fausse bienveillance qui sert de plus en plus à l’emballer, mais nonobstant très rigolo.
En vrai, mon seul regret, c’est peut-être que c’est tellement bien pensé, bien cadré et bien réalisé que ça ne pouvait pas être plus long que ça, et que je suis tout chagrin de ne pas en avoir eu plus à lire, pour en avoir plus à vous dire. J’ai l’impression que chaque phrase supplémentaire de ma part pour vous expliquer pourquoi ce texte est très réussi serait un risque de trop vous en dire et de vous gâcher la surprise. On est, en somme, sur une sorte de novella techno-thriller judiciaro-contr’utopique à l’ambiance ironique et bien vénère, qui a l’intelligence de nous présenter son paradigme au travers d’une histoire bien précise sans prendre le moindre risque de verser dans le cliché en en disant trop. Au contraire, tout ce qui est essentiel à sa satire est dit en creux, et ce qui est essentiel à la compréhension émotionnelle du drame de son intrigue constitue le cœur frontal du récit.
Et c’est formidable. M’sieur Bouix : z’êtes sur mon radar.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

j’ai adoré tout autant ! Formidablement bien pensé et sacrément ludique en même temps
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