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Cultugrinations #6

On va pas faire semblant : c’était pas un mois formidable. À tous les niveaux.
Alors on va juste s’employer à tenir la ligne de mes rares résolutions de cette année, et on verra plus tard pour le reste.

Cinéma.
Et à l’image de ce mois pas terrible, niveau cinéma, pas grand chose à me mettre sous la dent, et même quand j’y ai croqué, je peux pas dire que c’était la joie.
On a commencé avec Cloud, de Kiyoshi Kurosawa, qui a réussi à me convaincre d’aller le voir principalement grâce au fait qu’un distributeur français semblait avoir une foi gigantesque en son travail, prévoyant apparemment de sortir trois de ses films en France dans le courant de l’année.
Eh bah dommage, on est sorti avant la fin, après 45/50 minutes de métrage. Que dire sinon que je me suis terriblement ennuyé, qu’on mettait des plombes à en arriver au vif du sujet, et surtout que je n’avais aucune empathie, voire même du dédain, pour le personnage principal, à qui toutes ses emmerdes me semblaient méritées. Dommage que le film soit trop ambigu quant à sa vision de ce dernier, ne poussant de fait aucun potard assez loin pour être satisfaisant : s’il avait été un peu loser mais pas méchant, j’aurais peut-être eu peur pour lui, s’il avait clairement été posé en connard à qui le karma n’attendait que de la mettre à l’envers, j’aurais sans doute apprécié le voir s’effondrer sous le poids de ses erreurs. Mais là on était dans le pire entre deux mou possible. Bleh.

Ensuite. Je ne suis pas fan de Mike Flanagan. De fait, je n’avais, avant son Life of Chuck, vu aucune de ses productions, et je ne m’y suis intéressé que de loin, par procuration, sous l’influence de gens qui adorent son travail en tant que showrunner. Et du coup, forcément, son premier film, avec un cast conséquent et l’adaptation d’une nouvelle de Stephen King, sans être enthousiaste, j’étais vraiment curieux. J’avais envie de pouvoir prendre ce train en marche. Résultat : je suis complètement resté sur le quai. Mais pour une fois, au moins, je sais exactement ce qui s’est passé. Je ne pense pas que ce film soit mauvais ou mal intentionné, et il est certainement maîtrisé. Ce n’est pas tant une totale incompatibilité d’humeurs qu’un très mauvais timing. Le genre de film que j’aurais aimé aimer, et que je n’aime vraiment pas, en grande partie pour ce que ma réaction à son égard dit de moi, et que, pour le coup, je déteste.
Je dirais qu’à l’image de ses danseurs masculins, ce film est compétent, mais tellement rigide et préoccupé par la justesse de ses pas qu’il en perd tout naturel, et donc à mes yeux, toute crédibilité. Je ne peux absolument pas critiquer le message central du film, à savoir une forme de nihilisme positif : « on va bien crever un jour, alors le mieux reste de vivre au mieux dans l’intervalle », mais uniquement dans l’absolu. Dans le contexte actuel, dans la relativité de notre existence présente, ce genre de carpe diem bourgeois me fout en rogne, quand il semble se vouloir si universellement sage. C’est complètement irrationnel, et probablement contradictoire, étant donné que je suis le premier à jurer qu’il ne faut pas pleurer parce que c’est fini et sourire parce que c’est arrivé, mais n’empêche que dans certains contextes, je ne peux plus le supporter. C’est le genre de pensée qu’on ne peut se permettre d’avoir que quand on n’a vraiment aucune galère concrète à subir, aucun réel sacrifice à consentir pour vivre sans survivre.
Et si ce n’était que ça, encore. Mais malheureusement, je crois quand sa volonté de bien faire et de bien s’exprimer clairement sur le sens de ce qu’il raconte, le film devient beaucoup trop littéral dans son adaptation, bien trop didactique. Et du coup, on a la narration omniprésente de Nick Offerman, qui je crois, est mon plus gros reproche formel au film, lui faisant dire ce qu’il nous montre, redoublant et alourdissant sa mise en scène, gâchant beaucoup de ses meilleurs moments en venant nous mettre une tape sur l’épaule, brisant son rythme et ses plus belles suspensions émotionnelles.
Bref, pas ma came du tout.

Et enfin, dans un tout autre registre, alors que je n’ai vu encore aucun des films de la franchise originale John Wick, je suis allé voir Ballerina, parce que je me doutais que même avec une connaissance limitée de l’univers, je n’allais pas avoir beaucoup de mal à suivre. Et effectivement, de ce point de vue, ça s’est très bien passé.
Pour le reste, en un mot : bof. Il y a de bonnes choses, le film sait globalement ce qu’il a à faire, et je ne peux pas dire qu’il soit totalement à côté de la plaque, notamment dans ses scènes d’action et leurs chorégraphies. Mais c’est guère tout, à mes yeux. Le scenario et la mise en scène en font des caisses, créant des inconsistances dans la continuité du récit et sa manière d’être mis en images, usant de clichés pour essayer de les subvertir, mais retombant le plus souvent à pieds joints dedans. Si on ajoute à ça un rythme binaire assez pénible à base de « blabla explicatif/bagarre/blabla/bagarre/blabla/bagarre » qui tourne très vite en rond, on arrive à un film qui savait ce qu’il avait à faire mais ne semble jamais s’être demandé si c’était vraiment la bonne chose à faire. C’est pas nul, mais c’est loin d’être brillant.

Jeux-vidéo.
Qui dit mois pénible dit pas mal d’ennui, et chez moi, ennui rime avec jouer à des jeux-vidéo pour tenter de tuer le temps.
Alors j’ai tenté des trucs.
Et en premier lieu, au hasard d’une promo sauvage sur Steam : Nexomon : Extinction. Le truc, c’est que ça fait des années que je suis titillé par l’envie de me refaire du Pokémon. Pure nostalgie et envie d’un RPG pas trop technique et suffisamment linéaire pour y avancer sans trop de prise de tête, mais freiné par le fait que je n’ai pas les moyens d’investir dans quoi que ce soit estampillé Nintendo, et encore plus par le fait qu’en vrai, ce qui me manquait le plus dans ces jeux, c’était, le sentiment de découverte. Capturer des bestioles sans savoir si elles sont fortes ou pas, à quoi elles ressemblent quand elles évoluent, ce que je devais faire au fil du jeu, c’était ça qui me donnait réellement envie de m’y remettre. Sauf qu’à force, même sans avoir touché le moindre jeu Pokémon depuis des années hors Pokémon Go, je connais beaucoup trop bien l’univers pour pouvoir en profiter avec la virginité nécessaire à mon divertissement.
Voilà pourquoi Nexomon. Osef que ce soit une suite d’un jeu auquel je n’ai jamais joué et que ce soit un évident clone d’une licence plus épurée et sans doute qualitative, Nexomon me promettait une exploration nouvelle, et rien que ça était plus que ce que Pokémon ne pourra jamais m’offrir.
Et après une grosse dizaine d’heures, j’ai eu exactement ce que je voulais, un peu plus et un peu moins. Du côté de la découverte, c’est parfait ; je ne suis pas difficile, et même si les designs des créatures du jeu ne réinventent rien, voir des nexomons apparaître et évoluer au fil des combats était une sensation familière et nouvelle très agréable. En fait, pour un clone qui s’assume à ce point là, je trouve que le jeu fait très honnêtement son travail, et fait preuve de suffisamment de personnalité et de petites audaces mesurées pour donner le change.
Des dialogues assez rigolos jouant sur une part bien dosée de meta malicieux, une intrigue qui change, un système de progression global très satisfaisant rendant le grind assez fluide et peu frustrant, et surtout des mécaniques de RPG plus appuyées, Nexomon fait beaucoup de très bons choix à mes yeux ; notamment dans sa dimension plus technique, avec des éléments chiffrés et statistiques plus présents et clairs, qui rendent certains choix plus évidents. C’est pas désagréable du tout.
Alors oui, forcément, les animations sont pas super chiadées, le système de types est pas hyper clair ni intuitif, ça manque de certains éléments de tuto pour capter ce que font les différents statuts infligés au combat, et sans doute que les menus pourraient gagner un peu en quality of life, mais je trouve quand même qu’il y a suffisamment de réellement bonnes idées là dedans pour mériter qu’on y mette un peu de temps. En dépit de son côté évidemment très dérivatif, je trouve ce jeu fort honnête. Je vais même essayer de le finir. C’est pour vous dire.

Alors que Ballionaire. Pas un mauvais achat. J’ai passé douze heures sur ce jeu, et c’étaient 12 heures fort agréables. Un pachinko évolutif avec des éléments de deck-building et un peu de mécaniques rogue, c’est fun. Mais pour le coup, non, je ne pense pas que j’y retournerais de sitôt, la faute à un contenu un peu trop pauvre et déséquilibré. Le truc, c’est qu’une fois qu’on a compris quelles étaient les combinaisons et principes de jeu les plus puissants pour venir à bout des différents tableaux et niveaux de difficulté proposés par le jeu, c’est difficile de s’astreindre à tenter autre chose ; puisque le but du jeu, c’est quand même avant tout de gagner. De fait, si j’avais envie de tenter différentes tactiques pour 100% le jeu, je me suis vite retrouvé à tout le temps jouer de la même manière pour y arriver, parce que rien d’autre ne me paraissait viable (à savoir, multiplicateurs et créateurs de balles, et beaucoup de tirelires). Et je suis arrivé au bout du contenu sans trop forcer, avec l’impression que le jeu n’avait plus rien à m’offrir. Je le remercie pour ses services, mais je pense qu’on ne se recroisera pas dans l’immédiat.

Contrairement à BALL x Pit. Auquel je n’ai joué à la démo que pendant environ 15 minutes. Avant de la désinstaller et me promettre de ne pas y retoucher avant la 1.0. Ce concept de Survivor-like mixé à un casse brique roguelite avec des bouts de gestion est monstrueusement prometteur en terme de gameplay et de divertissement brut. Ma came, absolument.

De la même manière que Heroes of Hammerwatch II, un roguelite avec un peu de gestion de ville et beaucoup de mobs à exploser de plein de manières différentes. Je commence tout juste à me lasser de son système de progression un peu trop grindy à mon goût, qui me demande de faire des runs, encore et encore, sans parvenir à vraiment trouver de solution à la résistance que m’offrent certains niveaux autre que juste engloutir mes ressources durement gagnées dans des améliorations dont je ne ressens que moyennement les effets ; mais je pense sincèrement que je prends une partie du jeu dans le mauvais sens. Fondamentalement, je m’amuse bien à balancer des sorts et des coups dans tous les sens pour one-shot des packs d’affreuses bestioles. Donc ça fait le boulot pour l’instant. C’est très bien pour m’occuper en même temps que je regarde des vidéos Youtube.

Musique.
Deux albums, ce mois-ci.
Le premier a été acheté sur un coup de tête, et il s’agit de Najgori, du groupe bosniaque Zoster.
J’ai une histoire marrante avec ce groupe. Fut un temps sur feu-Twitter, on s’était amusé à s’échanger des morceaux de musique insolite avec l’ami Nikolavitch, avec l’objectif semi caché d’être le premier à faire craquer l’autre face à trop de bizarrerie ou d’audace musicale. Je crois qu’il m’a fait découvrir Kuda Idu Svi Ti Ljudi à cette occasion. Et sans aucun manque de respect au groupe, j’avoue que la première écoute a été déstabilisante. Le côté « reggae des balkans » allié à ce clip un peu halluciné, j’avoue que j’étais pas prêt. Mais une fois passé l’effet de surprise, alors que d’ordinaire, je n’aime vraiment pas le reggae, il s’est passé un truc avec le morceau. Il a tapé dans une zone de mon cerveau, et à force réécoutes curieuses et incrédules, il a bien fallu que j’admette que ce titre était fabuleux. Que je l’aimais beaucoup. Et du coup, bah je me suis abonné à leur chaine YouTube, histoire de voir ce que le reste pourrait donner.
Et au fil des années, des titres se sont accumulés dans ma playlist de transition sur le site, celle où je mets des clips que j’aime bien, en attendant de voir si l’investissement dans un titre seul ou dans un album vaut le coup. Et Zoster avait pas mal de titres qui s’empilaient là-dedans, pas mal de morceaux où franchement, j’aimais bien, sans parvenir à déterminer si sur le temps long, j’apprécierais les répétitions.
Et puis en début d’année : Ne okrećem se tata. Où pour le coup, instantanément, je me suis dit « ouh c’est BON, ça ! ». Et puis, même si ce titre n’était pas sur l’album qui nous concerne, je me suis dit que merde, allez, au bout d’un moment, ces gens méritaient mon argent.
Une longue contextualisation pour dire que j’adore cet album. Super riche, super varié, habité d’une énergie rare, avec pas mal d’expérimentations – à mon échelle de béotien, hein, on se comprend -, un enthousiasme musical contagieux, y a tout ce que j’aime dans la musique, avec en plus le luxe d’un certain exotisme dans la musicalité de la langue locale, qu’évidemment, je ne parle absolument pas. Y a du rythme, de la mélancolie bien dosée, des accords qui tuent : j’aime Zoster et j’en attends beaucoup à l’avenir.

Et dans un registre différent mais pas vraiment, on a Corporation P.O.P., du groupe britannique Hot Milk. Bon, là, parcours plus classique. YouTube, autour de mars/avril, m’a recommandé leur single 90 Seconds to Midnight, j’ai écouté, j’ai aimé, j’ai réécouté, j’ai vraiment aimé (et j’ai apprécié croiser Frank Skinner en punk de la fin du monde). Alors j’ai précommandé l’album dans un moment de faiblesse, et il est sorti ce mois de juin. Et il est bon, dans son genre punk rock bien énervé. J’apprécie particulièrement le jeu d’échanges entre les deux voix de la chanteuse et du chanteur, qui se complètent extrêmement bien, notamment quand elle pousse sur sa voix claire et lui sur ses cris gutturaux, magnifiant par un contraste tendu les instances les plus mélodieuses surnageant au dessus des sections les plus furieuses. Ça fait très bien le job.
Mentions spéciales aux singles et à Sunburn from your Bible, que j’apprécie particulièrement, notamment pour son titre incroyable.

Ah et sinon, gros coup de coeur pour le groupe coréen KARDI(카디) et leur morceau Not But Disco. Méritaient une mention bien spéciale. Ce riff dans le refrain, il est tout simple, mais *mordage de lèvre inférieure accompagné d’un grognement appréciateur*.

BD.
J’ai beau l’avoir récupéré chez mes parents depuis des mois, j’ai mis le temps à tenir ma propre promesse envers moi-même : relire Machine qui rêve, à l’époque mon tome favori (et de loin) des Spirou et Fantasio de Tome & Janry, en ajustant ce jugement au fait que je n’avais qu’une dizaine de ces albums. Mais quand même, conceptuellement et graphiquement, cette BD m’avait foutu une baffe majeure à l’époque, au point d’avoir gravé certaines de ces images dans ma tête. Et je voulais savoir ce qu’elle vaudrait aujourd’hui face à mon regard tout blasé de mec qui n’arrive plus vraiment à profiter du neuvième art.
Et bon. On peut dire sans trop se mouiller que j’ai été un peu déçu. En fait, si je trouve toujours que conceptuellement et graphiquement, cet album demeure super cool, narrativement, je n’y ai pas du tout trouvé mon compte, à la relecture. L’impression que ça allait bien trop vite et que ça prenait énormément de raccourcis regrettables, me faisant me dire qu’au fond, cette histoire aurait mérité de ne pas être du Spirou et Fantasio, pour gagner en ampleur et en profondeur conceptuelle. Là, y a un côté « détaché » du canon habituel qui je pense condamne une pourtant excellente histoire à rester en surface, à ne pas aller trop loin, pour pouvoir tenir un volume standard et garder la familiarité souhaitée avec les personnages du canon. Alors qu’en fait, il aurait fallu, à mes yeux, tout reprendre depuis le début, partir d’ailleurs pour se permettre de couvrir l’ensemble des possibilités promises par un tel récit.
Mais bon. Au moins maintenant je sais.

Anime.
Oui oui. Vous avez bien lu. Le mec réfractaire à toute forme de bande dessinée et quasiment allergique aux conventions dramaturgiques japonaises qui n’hésite jamais à expliquer qu’il a vraiment un blocage avec tout ce pan de la culture en dépit des regrets qui peuvent en naître : ce mec là s’est mis à mater un anime. Croyez le ou non, ce mec là est aussi surpris que vous. Mais dites vous que c’est de la faute de Super Eyepatch Wolf, dont je vous parlais le mois dernier, et dont j’ai bingé basiquement toutes les vidéos. Dont une qui me conseillait de regarder Hunter x Hunter. J’ai décidé de me laisser convaincre, parce que même moi j’ai du mal avec mon blocage, et je me dis régulièrement que je rate forcément quelque chose, à force. Autant commencer quelque part, si ça peut, à terme, me motiver à enfin remater Full Metal Alchemist pour me convaincre que c’est bien l’exception qui confirme la règle, comme je le crois depuis des années.
Mais bref. Hunter x Hunter, donc. Que Super Eyepatch Wolf m’a vendu sur la promesse que c’était un shonen qui déconstruisait – ou tentait de déconstruire – le shonen, un refus de sombrer dans la power fantasy qui définit tant de titans du genre, et tente autre chose.
J’en suis actuellement au deuxième épisode du quatrième arc de la série, et à ce stade, je dois dire que si je comprends globalement ce qu’il a essayé de démontrer, je ne peux pas vraiment lui donner complètement raison. Comprenez bien, ici, que n’ayant jusqu’ici que très peu entendu parler de l’anime, je n’ai que son référentiel sur lequel m’appuyer en dehors de mes propres goûts.
Et avant d’aller plus loin à propos des arguments mobilisés par le vidéaste pour défendre Hunter x Hunter, qui constituent donc mon principal cadre de référence, je vais devoir essayer d’expliquer pourquoi j’ai autant de mal, en général, avec l’animation japonaise, et particulièrement sa narration.

Mon problème premier, avec les anime, selon mon référentiel, c’est qu’ils en font toujours trop. Trop de personnages qui crient en permanence au prétexte de la moindre émotion, trop de mise en scène pompière, avec du surdécoupage de partout pour mettre l’emphase sur tout et n’importe quoi, des dialogues à rallonge cruellement verbeux et dramatiques pour rien : je trouve tout ça épuisant, et surtout, je trouve que ça manque de mesure ; puisque tout semble être une question de vie et de mort, très vite, rien ne me parait vraiment important. On peut ajouter à ça bon nombre de tropes qui semblent gravés dans la pierre, avec des archétypes de personnages qui se déclinent à l’infini, des gimmicks d’écriture tellement repris qu’ils en deviennent fatiguant de prévisibilité, et surtout, surtout, un refus absolu de laisser la mise en scène raconter ce qu’elle peut raconter seule, l’appuyant systématiquement par des explications narrées par les personnages, en interne ou à haute voix. Et je ne parle pas ici que du shonen, hein, attention ; à chaque fois que j’essaie de mater de l’anime, le résultat est le même pour moi, ce n’est pas de la mauvaise volonté ou du mépris, c’est vraiment une incompatibilité à laquelle j’essaie de remédier, une forme d’art qui m’est agressivement étrangère, à laquelle j’ai déjà essayé de m’éduquer, sans succès jusque ici.

Alors du coup, pourquoi pas retenter l’expérience avec une œuvre dont on me dit qu’elle essaie de faire les choses différemment ? Histoire de me mouiller la nuque avant de plonger une fois de plus. Après tout, au pire, ce sera pas la première fois que je ressors tout frigorifié de la piscine ; au moins je serais allé dans l’eau. On pourra pas dire que j’ai pas fait des efforts.
Et donc, verdict, après 59 épisodes… Meh ?
Je vais reconnaitre ça à Hunter x Hunter, cet anime m’agace effectivement infiniment moins que la plupart de ceux que j’ai pu essayer jusque là. En dépit de dialogues régulièrement répétitifs ou autosatisfaits venant expliquer ce qu’on avait déjà compris ou venant nous rappeler ce qu’on a appris dix minutes ou deux épisodes en arrière, je trouve quand même que le rythme de cette série est extrêmement efficace. À chaque épisode, les choses avancent, au moins un petit peu, et rien ne traine vraiment au delà d’un seuil frustrant. Sans doute parce que la plupart des marqueurs qui d’ordinaire m’amènent à me crisper sont très nuancés : peu de séquences où l’animation se simplifie pour marquer le choc ou l’énervement des personnages, l’humour est ponctuel et presque toujours réussi, les émotions sont relativement sobres et j’arrive à peu près croire à ce que vivent les personnages, intérieurement, dans le contexte de leur univers.
Ce qui est un peu étrange, c’est que j’ai l’impression que depuis le début du 60e épisode d’où je vous parle, la vraie histoire vient tout juste de commencer. On a fait ce qui ressemble au tour du système de magie de cet univers – que j’aime beaucoup, en vrai – on a établi les motivations et psychologies des personnages importants, on a installé des dynamiques intéressantes entre les différents acteurs de l’intrigue, mais en vrai, on a pas encore accompli grand chose à l’échelle des enjeux centraux qu’on nous a exposé initialement. Et je suis assez impressionné que l’anime ait réussi à autant en faire et si peu à la fois sans me donner l’impression de se foutre de ma gueule. Je trouve que ç’a un peu trop trainé, et en même temps, je ne peux pas me sentir réellement floué, c’est très bizarre.

Le truc, c’est que Super Eyepatch Wolf m’a promis certaines choses en vantant cet anime, et qu’au moment où je vous parle, j’estime qu’une partie seulement de ces promesses peuvent seulement être analysées ; une bonne partie de ce dont il a parlé dans cette vidéo, à mes yeux, ne peut même pas encore être considéré comme étant vraiment arrivé. Si ce n’était pour ces éléments et leur perspective, il est fort probable que je n’aurais pas poussé plus loin l’expérience. On m’a promis des antagonistes intéressants, je n’ai pas l’impression d’avoir pu vraiment les côtoyer en profondeur jusque là. On m’a promis des combats ne reposant pas uniquement sur la puissance pure et des niveaux de pouvoir bassement mathématique ; et ce n’est qu’en partie vrai, puisque nos protagonistes, jusque là, n’ont eu à vivre que peu d’affrontements, et ces derniers n’étaient rien d’autre que des étapes de leur entraînement. Alors certes, les quelques versus auxquels on a eu droit pour le moment ont été bien mis en scène et plutôt rondement menés en un ou deux épisodes max, ce que j’apprécie énormément, mais je dois aussi reconnaître que le Nen n’a pour l’instant pas été autant exploité qu’il me semble pouvoir l’être. J’aime beaucoup l’idée sous-jacente à ce système qui semble être que l’intelligence des combattants vaut plus que leur simple potentiel, mais il va falloir que l’anime fasse très bien son boulot pour me convaincre que sa proposition fonctionne effectivement.

Il n’est pas dit que je ne lâche pas l’affaire à un moment donné. À vrai dire, j’ai déjà failli laisser tomber au cours du troisième arc, un peu blasé par un enjeu central que je trouve franchement ennuyeux, d’autant plus qu’il ne se centrait pas sur ce que je trouve le plus intéressant dans la série jusque là, à savoir la dynamique entre Gon et Kirua. Mais il ne me restait que quelques épisodes avant d’arriver au quatrième arc, alors j’ai poussé, et j’ai bien fait : il me semble qu’on va arriver dans le dur, et je suis vraiment curieux de voir où tout ça va aller. À la conclusion de ce troisième arc, j’ai enfin eu de vrais moments de surprise et de délectation narrative face à quelques renversements de situation et payoffs qui m’ont fait me dire que ça avait valu le coup d’être un peu patient avec quelques fils narratifs longuets et pas passionnants.

Mais bref. Après seulement 59 épisodes sur – si je ne dis pas de bêtises – 148, je pense que je n’en ai pas encore assez vu pour pouvoir décemment prononcer un jugement définitif. Hunter x Hunter, au moment où je vous parle, me semble jouir de réelles qualités d’écriture et d’ambitions narratives louables, d’une super musique, de personnages assez cools, d’un univers prometteur, d’une animation homogène, très propre, et d’un rythme agréable. À l’opposé, on est quand même dans une écriture nipponisante que je trouve toujours un peu trop dramatisante et emphatique – même si moins que d’habitude à mes yeux -, avec des enjeux centraux relativement classiques et exploités à l’avenant, avec des personnages malgré tout assez archétypaux dans leurs progressions, de certains aspects un peu bizarres que je ne peux pas juste mettre sur le compte de la distance culturelle, et d’un récit général qui ne semble pas trop savoir où aller de façon claire et nette.
Mais je vais persévérer, et on verra bien ce que ça donne. Si j’en parle pas en juillet, c’est que j’ai laissé tomber.

Et voilà pour juin !
Pas si rempli, mais un peu quand même. C’est ce qui arrive quand on intellectualise tout, on peut plus vraiment juste profiter de rien.
C’est ma croix et je la porte avec joie et abnégation.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

This entry was posted in Non classé.

5 comments on “Cultugrinations #6

  1. Ah si, pas mal rempli quand même, ce mois de juin. Et surtout plein de découvertes pour moi : j’écoute en ce moment Zoster, Najgori. Je vais voir si je me laisse séduire.

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    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Que tu leur donnes une chance est déjà un superbe succès à mes yeux, merci beaucoup. En espérant que ça te plaise. =)

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      1. Je te tiendrai au courant…

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  2. Avatar de Symphonie Symphonie dit :

    Concernant HunterXHunter, je trouve que les meilleurs arcs sont les 5 et 6e, à savoir Greed Island et les Kimera Ants, même si j’aime aussi beaucoup le 4e. Je serais curieuse d’avoir ton avis sur ces arcs-là si tu poursuis^^

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Bah écoute on verra ; je me suis rendu compte avec un peu de recul que j’avais beaucoup aimé un élément de la conclusion du 3eme arc qui me donne beaucoup envie de continuer, donc peut-être pour le #7. =)

      Aimé par 1 personne

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