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Les Annales de la Compagnie Noire T4 – Jeux d’ombres, Glen Cook

Dust to Dust – The Warning (extrait de l’album Queen of the Murder Scene)

Bon, à défaut de finir des trucs cet été, je voulais aussi avancer dans des trucs.
Et par trucs, ici, j’entends une des sagas majeures de la fantasy moderne, parce que j’aime faire les choses simplement, et que fort malheureusement, il faut bien faire face à la vérité, à un moment : je fais désormais partie intégrante de la communauté des fans du travail de Glen Cook avec sa célèbre Compagnie Noire. Croyez bien que j’en suis le premier contrit.
Et donc, après un premier tome fort prometteur, un deuxième qui confirmait que j’avais capté le délire, et un troisième qui me prouvait qu’en fait non et que je n’avais encore rien vu, ce quatrième tome, en sa qualité de point de départ d’un nouveau cycle dans le cycle, avait fort à faire pour le prouver.
La réponse est oui. Et plutôt deux fois qu’une.

Je suis désormais convaincu que Glen Cook est une auteur d’une intelligence et d’une malice exceptionnelles, toute considération purement qualitative et littéraire mise de côté ; qu’on aime ou pas ce qu’il propose à un niveau émotionnel ou d’appréciation basique, je pense qu’on ne peut pas lui nier une capacité assez singulière à écrire ses romans d’une manière démoniaquement habile. Alors certes, mon côté un peu pinailleur, déjà un brin titillé par l’astuce du T2, ressurgit ici avec fougue et volonté de revanche pour signaler que l’unité de perspective du présent roman n’est pas parfaite, pour ne pas dire un poil malhonnête, mais je dis ça juste pour être cohérent avec moi-même. Fondamentalement, cette fois-ci, ça ne m’a pas trop dérangé ; parce que j’ai pris l’habitude au sein de cette saga et que j’accorde à Glen Cook une sorte de joker perpétuel : il a déjà su me donner une explication valable par le passé, je pense qu’il est capable de le refaire à l’avenir sans que je me sente floué. Alors soit, je vais faire comme si elle m’avait déjà été donnée, et avancer sans plus me préoccuper de cette étrange obsession personnelle pour un concept dont tout le monde ou presque se fout en dehors de moi. Et on va se concentrer sur l’essentiel.

Et l’essentiel, encore une fois, c’est que mince, l’histoire de la Compagnie Noire est une excellente histoire ! Je peux retourner les questions formelles dans tous les sens et m’arracher les cheveux à parler de concepts ou de méthodes, parce qu’en vrai, il y a des choses à dire sur tous les bons choix opérés par Glen Cook pour nous mystifier en permanence, mais le fonds du fonds de l’affaire pour moi, c’est juste que j’aime suivre ses personnages. La relation entre ces petits cons de Qu’un Oeil et Gobelin, celle entre Toubib et Madame, les évolutions discrètes mais continues des personnages secondaires qui en dépit de leurs rôles restreints, confèrent une bonne part de son épaisseur au récit, tout ça contribue à un roman dense et prenant, allant bien au delà de son intrigue première.
Et si ce n’était que ça, mais cette intrigue en elle-même, partant d’une prémice extrêmement basique – une compagnie de mercenaires dissoute qui se reforme au fil d’un voyage vers ses origines – elle prend elle aussi en épaisseur, page après page, levant sans cesse le voile sur des mystères dont personne n’avait idée ou presque ; la densité du récit se retrouve de fait aussi dans son world-building, toujours un peu plus exigeant dans ce que l’auteur accepte de nous en montrer.

Et c’est sans doute ce que je trouve le plus remarquable dans ces bouquins, jusque là, le fait qu’on soit absolument à égalité avec nos protagonistes quant à la compréhension de leur rôle et de leur position dans ce monde nébuleux et chaotique. Certes, Glen Cook joue partiellement de l’ironie dramatique quand il nous livre les dialogues de ses antagonistes ou de certains protagonistes que les membres de la Compagnie n’ont pas encore rencontrés, mais il ne nous fait que très exceptionnellement de l’exposition sauvage. La grande majorité du temps, les personnages ne parlent qu’à destination d’eux-mêmes et nous laissent complètement dans le flou quant au sens de leurs paroles ou de leurs objectifs : Glen Cook nous oblige à ne pas comprendre grand chose tant que les causes et les effets ne sont pas résolues, tant que les actions entreprises par toutes les parties prenantes de ces aventures n’ont pas trouvé leurs conclusions.
Alors, oui, de temps en temps, c’est un poil confusant, j’admets bien volontiers, de lire des personnages parler de trucs qu’on ne comprend ou n’appréhende pas complètement, de devoir faire ponctuellement l’effort d’admettre qu’on comprendra plus tard. Mais d’une certaine manière, je trouve ça assez rafraîchissant d’être à ce point là peu pris par la main par un auteur qui fait le choix de nous faire entièrement confiance pour assembler les pièces au fur et à mesure qu’il les met à notre disposition, quitte à ne réaliser exactement de quoi il est question qu’au dernier moment. S’il y a un côté extrêmement satisfaisant à parfois être capable d’anticiper les retournements de situation et les coups de théâtre d’une intrigue de fantasy bien complexe, bien grise, avec des personnages ambivalents et foncièrement imparfaits, il y a aussi un côté assez jouissif à l’idée de juste se faire balader en notant les différents détails semés par l’auteur pour qu’au moment opportun, on se dise « ah ouaiiiis, j’avais pas compriiiiis. Mais ok, ça fait sens, c’est chouette. » Et ça sans parler de lire une conclusion qui nous fait hausser les deux sourcils d’un coup en laissant échapper un hoquet de surprise choquée.

Pour tout dire, si je me disais que ce T4 serait une épreuve déterminante dans ma décision de poursuivre ou non l’aventure en compagnie de la Compagnie, je ne pensais pas en ressortir avec la si farouche conviction que le T5 devrait y passer si vite. Mais le fait est qu’il se passe tellement de choses cools dans ce volume, et qu’il se conclut d’une manière si explosive et terrible que je suis désormais bien déterminé à continuer. J’ai envie de savoir où tout cela mène. J’ai envie de savoir ce qui va arriver à toute cette bande de joyeux clampins et clampine, de quoi il est réellement question, sous les ombres que nous projette Glen Cook.
Peut-être que je serai déçu. Sans doute pas. En tout cas j’ai hâte.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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