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Des Nouvelles Fraîches #1

Ça fait un bout de temps que je regrette de ne pas pouvoir plus régulièrement parler de nouvelles récentes sur ce blog, en dehors des ponctuels recueils ou rares anthologies, et par opposition à mes vieilleries adorées. Et pendant un certain temps, j’avoue que je n’y ai pas très bien réfléchi, me bornant juste à accepter que j’allais sans doute devoir renoncer à l’exercice de la critique dans le coin. Et puis il y a quelques mois, j’ai eu l’épiphanie, et je me suis rendu compte que j’avais été un poil couillon, et qu’en fait la solution était simple. Aussi simple que la série noire : rien ne me forçait à tout faire d’un coup, et surtout pas une nouvelle à la fois. Alors voilà. Des lots de nouvelles, 5 par 5, parce que pourquoi pas, quand les circonstances me le permettront.
Et aujourd’hui, toujours dans l’optique de retrouver/garder un certain rythme de publication sur ce blog, je me suis dit que je pourrais intercaler mes sessions de relecture (professionnelle [d’un long roman]) avec certaines des nouvelles que je me suis procurées çà et là depuis quelques temps. Et j’ai certainement pas fini ma relecture, mais j’ai calé quelques lectures pendant mes pauses, effectivement.
Et donc, pour ce premier lot de Nouvelles fraîches, qui de mieux que les ami·e·s de 1115 ?
Cinq nouvelles, parmi toutes celles que je leur prends à chaque fois que je les croise en festival ou ailleurs, dans leur formidable collection Chronopages (Abonnez vous !).
Voilà. C’est parti.

Eparpillés sur la mer, Mina Jacobson
Alors pas de chance pour ce texte, il m’en a très vite évoqué un autre, signé Ursula Le Guin, croisé dans Univers 04, ce qui m’en a – comme à chaque fois que ce genre de résurgence arrive – un brin teinté la perception. Mais coup de bol, en fait, puisque je ne suis pas très fan du côté parfois beaucoup trop cérébral de Le Guin, et que ce texte ci, bien qu’approchant un thème très similaire du texte susnommé, avec des clones fonctionnant de concert au sein d’un esprit de ruche, le fait d’une manière beaucoup plus sensitive et organique ; plus humaine, vue de l’intérieur.
Et de fait, c’est un concept de qualité, bon et beau, comme qui dirait, et très proprement exécuté. À une échelle très personnelle, c’est sans doute un peu trop littéraire dans la narration, et le texte me semble un peu trop convaincu de lui-même, laissant trop peu de place au doute ou à un questionnement allant au delà de ce qu’il nous livre avec certitude, pour moi-même me convaincre, mais c’est solide, avant tout. Donc c’est bien. Franchement bien.

Au pied des perces-jour, Naël Legrand
Bon là c’est beaucoup plus simple : c’est ma came. Ambiance western fantasy crépusculaire, mais pas fataliste, avec ce shaman fuyant un monde qui n’est plus le sien pour tenter d’en trouver un autre. C’est poétique et matérialiste à la fois, quelque part extrêmement classique mais infusé de beaucoup de personnalité, et donc merveilleusement efficace. Et la fin est parfaite comme rarement une fin peut être parfaite, donc là aussi, c’est très bien.

Le goût du sel, Frank Scaldeyr
Je suis obligé de commencer par un disclaimer, par honnêteté et transparence. Frank est un auteur avec qui j’ai beaucoup travaillé en tant que relecteur, et avec qui j’entretiens une relation professionnelle et humaine qui m’est chère. Et je me suis fixé comme règle de ne jamais chroniquer sur ce blog un texte auquel j’aurais contribué de près ou de loin ; même si on ne peut sans doute pas parler de conflit d’intérêts dans un cas comme celui-là, je serais gêné quand même de mélanger mes deux activités de la sorte. De fait, je n’ai jamais lu ou relu ce texte avant aujourd’hui, donc ça passe. Mais fort logiquement, je connais la plume de Frank, donc je ne suis pas non plus complètement objectif, ici.
Et bon. Je le reconnais bien là. Frank, il a un style bien à lui. Il aime être précis. Ce qui peut parfois – et ce n’est pas la première fois que je le dis, croyez moi – le mener à être un peu trop didactique dans sa narration. La qualité de ce très relatif défaut, ceci étant dit, c’est que du coup, ce qu’il produit est toujours ciselé. Du coup, ici, on a un joli texte gigogne sur le deuil, situé dans un univers qui m’est agréablement familier tout en sachant créer des distances nouvelles en son sein, doté d’une conclusion absolument sublime.

La Chute, Ann Carré
D’emblée, il faut le dire : excellent concept, et très bon angle d’attaque général sur le sujet choisi, celui de la prophétie auto-réalisatrice (ou non). Mon souci, ici, c’est juste la réalisation, qui manque cruellement d’ampleur. Les sujets brassés, à l’échelle humaine, demandaient, je trouve, bien plus de chair pour parvenir à s’exprimer à plein. Et du coup, on a un récit aux implications passionnantes, mais condamné à rester sur des rails bien trop étroits, le rendant très mécanique et trop peu naturel pour vraiment donner corps à la démonstration voulue. La chute est bonne, le squelette est solide, mais je suis resté sur ma faim, parce que tout s’enchainait trop vite et sans suffisamment de poigne pour vraiment m’attraper. Dommage. Ç’aurait fait une super novella.

Le troll médecin, Silène Edgar
Là c’est plus compliqué, et j’en suis fort chagrin. Je suis partagé. Ça commence assez clairement comme un pastiche fantasy en prose de Molière, plus particulièrement de sa pièce L’amour médecin, au point que c’est annoncé texto dès l’intro, et sur le papier, je suis client. Sauf que les sabots enfilés par l’autrice sont quand même gigantesques, et que malgré le côté farce, je ne peux pas m’empêcher de trouver que ça manque cruellement de subtilité, et surtout de soin. L’intention est louable, mais je ne peux pas me défaire de l’idée que le texte part initialement sur un concept clair, pour à mi-chemin bifurquer dans une direction complètement autre, pour finalement essayer de faire ses rejoindre les deux trajectoires dans un carambolage tristement foutraque. Il y a un clair déséquilibre entre le volume de vannes et de clins d’œil, alourdi par l’insistance de l’autrice à les répéter et à insister dessus, et le fonds de l’affaire, qui est presque desservi par la volonté de balancer des scuds. Alors certes, les cibles desdits scuds méritent de les recevoir, c’est pas la question, mais du coup, ça manque de positivité et d’une intrigue à suivre, je trouve. Et ça finit un peu en eau de boudin, je trouve. Meh.

Mais qu’à cela ne tienne. Les nouvelles, c’est bien. Alors en parler c’est bien aussi (surtout quand c’est 1115. On aime 1115). Et je suis content d’avoir trouvé le format pour le faire, quitte à le réajuster un peu au fur et à mesure de ses itérations.
Avec vous ?

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

3 comments on “Des Nouvelles Fraîches #1

  1. Avatar de loursinculte loursinculte dit :

    Ah chouette ce format, j’avoue ne pas être très gros lecteur de nouvelles (je trouve que ça va trop vite, j’ai pas le temps de m’immerger) mais j’ai quand même pris un abo chronopages même si pour le moment j’ai lu que Album culte qui était chouette

    Aimé par 1 personne

  2. Avatar de Symphonie Symphonie dit :

    Très chouette comme nouveau format 🙂

    Aimé par 1 personne

  3. Avatar de Noob Noob dit :

    Tu donnes envie de s’intéresser aux nouvelles francophones ! C’est vrai que c’est un format difficile. Merci pour les chroniques. 🙂

    Aimé par 1 personne

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