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Terres abandonnées, Naomi Novik

Moskau – Dschinghis Khan

4/5 dans mon programme de SP de J’ai Lu, woohoo, on avance bien ! Et en attendant bien patiemment mon exemplaire de House of Windows de John Langan, je suis plus que ravi de pouvoir vous parler de l’ouvrage du jour, sans aucun doute celui que j’attendais avec le plus d’enthousiasme dans tout ce petit enchaînement, étant donné l’amour que j’éprouve désormais pour Naomi Novik, depuis ma lecture de sa légendaire trilogie Scholomance.
Je pense d’ailleurs que ce bouquin précis, en sa nature de recueil de nouvelles piochant un peu partout dans les univers littéraires de l’autrice, est le pivot parfait qu’il me fallait pour aller creuser un peu plus dans sa bibliographie. Alors forcément, avec 14 textes au sommaire, je ne pouvais pas me permettre de faire un inventaire critique exhaustif de chacun d’entre eux, ç’aurait fait trop pour moi et pour vous, donc on va plutôt brosser ça de façon large et un brin superficielle ; même si j’aurai quelques mentions spéciales à faire, évidemment, quand même. On se respecte.
Mais si jamais vous avez quand même la flemme de lire tout ce que je vais avoir à vous dire, voilà l’essentiel : c’est super chouette, et le standard, en plus d’être varié, est très élevé. Bravo Naomi Novik.
Et si vous avez pas la flemme, c’est par là. Après vous, je vous en pris. Non, vraiment, j’insiste.

Commençons donc par la variété, puisqu’il faut bien commencer quelque part. Y a de tout, dans ce recueil. Nouvelles indépendantes (Sept Ans, 20 pieds sous terre), continuations d’œuvres existantes (Couvre-Feu, Vici), pastiche (Dragons & Décorum, Lieux Communs) ou même nouvelles originales ayant menées ou pouvant mener à plus par la suite (La Fileuse d’Argent, Le Grand Détour), le tout passant par la fantasy, la SF, le fantastique ou le merveilleux, c’est délicieusement divers, et pas un seul instant la monotonie ne guette. Et ce qui est d’autant plus cool, c’est qu’avec cette variété de genre viennent une réelle diversité de tons et de thèmes, allant du conte philosophique au pur divertissement en passant par le récit d’aventures ou le récit initiatique, parfois en mélangeant même toutes ces influences pour accoucher d’encore autre chose ; avec toujours au cœur, tout de même, cette combativité féroce et joyeuse qui fait le charme de Scholomance et de tout ce que j’aime du travail de Naomi Novik. Avec une emphase particulière sur l’épithète « joyeuse ».

C’est toujours compliqué pour moi de parler d’un recueil de nouvelles, opposé à un texte uniques, parce que ce que j’aime écrire par dessus tout, en terme d’analyse, c’est mon impression d’un axe principal, au sortir d’un bouquin. Et forcément, quand 14 textes se battent pour ma préférence et mon envie de parler de certains plutôt que d’autres, c’est compliqué d’extraire un axe cohérent de toutes leurs visions. Or, ici, même si, j’insiste, tous ces textes font la preuve d’une autrice protéiforme et formidablement apte à varier ses angles d’attaque, ce que je ne peux pas m’empêcher de ressentir comme axe principal, c’est bien la joie. Certes, certains textes sont plus sombres, plus âpres que d’autre, et entre un pastiche d’Orgueil et Préjugés avec des dragons et une réécriture terriblement pragmatique du mythe du Minotaure ou encore le compte-rendu froid et cru d’une guerre décoloniale, il y a des gouffres de sérieux et d’implications affreuses à traverser. Mais il n’empêche qu’au milieu de tout ça, et alors qu’il fallait parfois encaisser des idées pas évidentes, jamais je n’ai cessé de sentir, au creux des mots, le fait que leur autrice s’éclatait. Naomi Novik adore écrire, expérimenter, tenter des trucs, pousser ses idées et ses personnages aussi loin que possible dans le cadre de ses capacités et de ses ambitions fluctuantes.
Si je suis le premier à admettre que je ne suis que rarement curieux des méthodes et approches des auteurices que je lis, de peur de moins aimer la cuisine à force de trop penser au cuisinier pendant que je goûte son travail, je dois bien admettre que les petites notules introductives de l’autrice en exergue de chaque texte apportent un supplément d’âme bienvenu à ces derniers. Alors certes, c’est probablement parce qu’elle ne rentre pas trop dans les détails et nous laisse suffisamment dans le flou pour ne pas risquer de vraiment prendre peur de ce qu’il y a réellement dans la saucisse. Mais quand en exergue du Grand Détour, elle explique fonctionner par incréments, en écrivant un premier jet où elle manipule sa matière pour voir jusqu’où elle peut l’emmener, avant de reprendre à zéro une fois qu’elle estime suffisamment la maîtriser pour pouvoir vraiment la pousser au bout, je sens là-dedans une démarche saine et oui, joyeuse. Je crois que c’est important, quand on lit un texte, de ressentir cette joie, par capillarité. Certes, ce côté un peu tâtonnant et expérimental peut sans doute amener à quelques scories ou imperfections, mais je préfère largement ça à un texte sur maîtrisé où chaque virgule sent la sueur et l’angoisse de ne pas plaire au plus grand monde. Ici, il se passe toujours quelque chose de l’ordre de l’organique qui pousse à systématiquement remettre l’ouvrage… sur l’ouvrage. Oserais-je.

Et puis il faut bien dire, aussi, qu’il est très solide, ce recueil. Personnellement, je trouve que tout y est a minima chouette, à l’exception peut-être du Château Coeurlieu ; pas une mauvaise nouvelle en soi, mais manquant quand même d’une certaine substance, ça fait un poil tâche avec le reste. À vrai dire, en dehors de la nouvelle/novella qui clôt le recueil, La Guerre d’Été, sublime texte empruntant au merveilleux fantastique pour évoquer la bêtise de la rancune générationnelle et la force de l’amour sous toutes ses formes, et qui me reste fort logiquement en tête puisque je l’ai lu en dernier et qu’il m’a pris le plus de temps pour confortablement s’installer dans mon esprit, je serais bien en peine de détacher un ou plusieurs textes de l’ensemble avec un semblant d’objectivité.
Certes, Couvre-Feu, en sa qualité de petite suite/spin off de Scholomance, et bénéficiant de l’aura bénie de cette sublime trilogie, m’a beaucoup parlé. Mais comment ne pas évoquer 20 pieds sous terre, qui sous sa version originale Buried Deep, donne à raison son titre au présent recueil ; formidable réécriture du mythe du Minotaure du point de vue d’Ariane, empruntant à mes yeux de façon extraordinairement inspirée un peu de la méthode Gemmell pour sa propre trilogie de Troie. Et quitte à risquer la redondance par rapport à ce que j’ai déjà dit dans cette chronique, je dois aussi évoquer À sept ans de la maison, qui, s’il ne brille pas par un choix structurel que je trouve discutable, brille par contre par ses forts réussis efforts science-fictifs et décoloniaux, avec un texte âpre et puissant.
Tout ça sans compter le fait que ce recueil compte donc deux nouvelles tangentes à l’univers de Téméraire, que je n’ai pas encore eu l’occasion de toucher de près ou de loin en dehors de ces deux très bonnes petites occasions, mais que j’ambitionne de pouvoir expérimenter aussi tôt que possible. Ma copine m’a trouvé le premier tome en occasion, mais j’avoue qu’avec l’édition du présent recueil et la sortie complète de Scholomance, j’aimerais croire que J’ai Lu nous prépare une ressortie de la saga un-peu-mythique-dans-ma-tête, ce qui vaudrait sans doute le coup d’attendre un peu. En tout cas je suis turbo chaud.

En bref de bref : c’est un très chouette recueil. Y a plein de choses super cools dedans, et on sent que ç’a été fait avec amour, joie, et soin, avec le concours de l’autrice elle-même. Certains textes n’ont pas d’autre ambition qu’un divertissement fugace, et c’est super ; d’autres visent à dire et faire un peu plus, et c’est super aussi. C’est super.
J’aime Naomi Novik, j’aime son travail, et j’ai hâte de pouvoir aimer les deux encore un peu plus à chaque fois que je les croiserai. Joyeuse perspective.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

7 comments on “Terres abandonnées, Naomi Novik

  1. Avatar de Symphonie Symphonie dit :

    Je garde un bon souvenir des premiers tomes de Téméraire donc ça part dans la Wishlist ! Merci pour la découverte 🙂

    Aimé par 1 personne

  2. Je le lis en ce moment et ça me donne bien envie d’en lire plus de l’autrice, c’est vraiment très chouette !

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Ouais hein ! 😀
      J’espère vraiment avoir raison sur Téméraire.

      J’aime

  3. Avatar de Noob Noob dit :

    Très friand de Scholomance (que j’avais lu en anglais), j’avais très envie du recueil mais le fait que des histoires se passent dans des univers que je ne connais pas m’a inquiété… je l’ajoute à ma liste au vu de l’enthousiasme !!!

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Laird Fumble Laird Fumble dit :

      Parfait, bonne décision ! 😀

      J’aime

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