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Le cycle des épées T1 – Épées et démons, Fritz Leiber

PYRO – Shinedown (extrait de l’album ATTENTION ATTENTION)

Quand j’ai découvert avec un enthousiasme débordant Des Sorciers et des Hommes de Thomas Geha, j’avais envie de plus. Beaucoup plus. Je n’ai donc pas perdu de temps, et j’ai demandé à l’auteur s’il existait d’autres bouquins dans le même genre, ou au moins à peu près similaires, dans le ton et les intentions. Et je n’ai eu qu’une seule vraie réponse de sa part ; son inspiration principale, ce à quoi il faisait clairement hommage : Le cycle des épées, de Fritz Leiber. J’ai noté ça dans un coin de ma tête pour plus tard.
Et nous voici donc à plus tard, quelques semaines après avoir enfin trouvé des exemplaires d’occasion des premiers tomes de ce cycle dont j’attendais forcément beaucoup, étant donné sa parenté avec un de mes bouquins de fantasy préférés de tous les temps. Bon après, vous me connaissez un peu, je n’y suis pas non plus allé la fleur au fusil. Quand il s’agit d’ascendance littéraire et de fantasy datant de plus de 30 ans en arrière, la prudence est mon maître-mot : je me suis fait avoir par le passé, je sais de quoi il peut retourner.
Le présent bilan tient en peu de mots si on tient à vraiment faire preuve de synthèse : m’okay.
Mais je suis sympa, j’ai aussi pris l’habitude d’élaborer un peu plus que ça ; c’est donc ce que je vais faire.

Je n’ai évidemment pas pu m’empêcher de lire Épées et démons avec sa descendance à l’esprit ; étant donné que c’est cette parentalité seule qui m’a motivé à me procurer le travail de Fritz Leiber au départ, la comparaison était absolument inévitable. Par souci de sérénité, j’ai préféré embrasser cet état de fait plutôt que d’essayer de le combattre vainement ; il y a certains défauts de mon esprit que je ne sais pas pouvoir effacer.
Et donc, très vite, pour ne pas dire dès le départ, j’ai bien senti qu’en dépit d’une criante proximité thématique et formelle, la magie n’allait pas opérer de la même manière avec ce cycle des épées, en tout cas pas dans ce premier tome. Si il y a bien une réalité que j’ai accepté instantanément, c’est que Fritz Leiber a marché pour que Thomas Geha puisse courir.
Disons le tout de go : épées et démons a pris un sacré coup de vieux, surtout stylistiquement et conceptuellement. Ça traîne énormément en descriptions et figures de styles ampoulées, ça en fait des caisses sur un world-building pas toujours pertinent, voire régulièrement superflu, et surtout, c’est trop souvent confus, dans les intentions comme dans l’exécution. C’est vaguement le bordel.

En fait, on sent très bien que l’aspect fix-up de l’ensemble n’était pas prémédité, ou du moins manquait de la préparation nécessaire pour que les trois récits se répondent parfaitement et s’emboitent avec fluidité ; c’est très déséquilibré. Un prologue qui fait plus office d’introduction méta-textuelle qu’autre chose, histoire de ne perdre personne en route en formulant une promesse narrative, puis un premier récit assez faible et trainard pour nous présenter notre premier protagoniste, suivi d’un récit cette fois moins faible, mais tout de même trop court, pour nous présenter le second protagoniste, et enfin une histoire réunissant enfin les deux avec une efficacité salvatrice et prometteuse.
Comme un tour de magie un peu pompeux dans la présentation, où la mise en place trop longue gâche un effet final pourtant totalement réussi. Sincèrement, je n’ai poussé au bout des deux premiers récits que parce que j’avais les trois tomes suivants déjà à disposition et que je devinais le potentiel des aventures de nos deux protagonistes une fois réunis ; leurs aventures solitaires sont assez fades et ennuyeuses à mon goût, des mises en place pas forcément nécessaires et assez boiteuses. Or, c’est bien leur association qui nous est promise dès le départ, celle dont on nous dit qu’elle créera des émules. Celle pour laquelle j’ai décidé de lire ce cycle au départ.
Et de fait, c’est bien une fois que nos deux lascars sont ensemble que j’ai commencé à sentir quelque chose se passer, que la magie a commencé à – un peu – opérer. Bien trop tard pour que je sois extatique à propos de ce premier tome, vous l’aurez compris, d’autant que pour un bouquin titré épées et démons, on met du temps à lire des épées, et j’attends toujours les démons ; mais bon, il faut bien l’admettre : le dernier tiers fonctionne nettement mieux. Toujours ces défauts de style et de longueurs, mais nettement mieux camouflés par des dialogues réussis et des situations savoureuses, autant que par une boussole morale nettement mieux maîtrisée. Si ces premiers récits souffrent clairement d’une amoralité grisâtre un peu douteuse et d’une patine misogyne due à l’époque de leur rédaction, on sent quand même une forme d’équilibre et de maîtrise émerger sur ces deux questions au fil de l’avancée du texte global.
[EDIT : On me signale que les deux premières nouvelles sont en fait des préquelles et que l’éditeur de l’époque a décidé de tout publier dans l’ordre chronologique diégétique. Une bonne partie de mon analyse à chaud est donc caduque, tant pis. Mais ça renforce encore mon opinion négative du concept de préquelle : si on a pas décidé de commencer initialement là, c’est qu’il y avait une bonne raison.]

En bref, c’est pas fifou, mais c’est quand même prometteur. Le truc qu’il faut bien lui reconnaître, à Fritz Leiber, en dépit des nombreux reproches que j’aurais à lui faire à propos de ce premier tome, c’est quand même qu’il était un peu pionnier, dans cette forme de fantasy, il me semble. Ou qu’a minima, il cherche à créer quelque chose qui lui est totalement unique, son cycle à lui, avec sa personnalité singulière. Thématiquement et narrativement, il n’invente rien, en soi, évidemment, mais il me semble qu’il défriche une certaine forme d’expression, d’angle d’attaque, dans ce texte, qu’il cherche sa propre voix au fil des récits qu’il rédige ; c’est donc logique qu’il balbutie à plein de niveaux. Donc je ne vais pas sauter au plafond, tout content d’avoir trouvé une nouvelle relique littéraire à célébrer, mais je ne vais pas non plus m’avouer vaincu d’emblée ; je ne me suis un peu ennuyé pendant 150 premières pages, mais j’ai été vraiment curieux et agréablement surpris pendant les 100 suivantes. Particulièrement pendant les 20 dernières, d’ailleurs. Il y a peut-être effectivement quelque chose de plaisant et d’intéressant à creuser, ici.
Rendez-vous avec le deuxième tome pour en avoir le cœur net, un de ces jours.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Le cycle des épées T1 – Épées et démons, Fritz Leiber

  1. tampopo24 dit :

    Tu résumes parfaitement pourquoi je ne l’ai pas encore lu. J’ai envie de découvrir ce monument mais j’avais peur de quelque chose de vieilli. Je suis totalement passée à côté de Gilgamesh à cause de ça.
    En revanche je note celui qui t’a poussé à le lire.

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Oui, Des Sorciers et des Hommes, c’est à mes yeux un petit chef d’œuvre, je le recommande bien plus volontiers.

      Aimé par 1 personne

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