
Fly – KONGOS (extrait de l’EP Far Away)
Toujours la reprise en douceur, encore une Chronique-Lumière, mais pas un UHL, cette fois, parce que je me suis rappelé, fort à propos, que les éditions 1115 existent, et qu’elles font un boulot que j’apprécie particulièrement. Découverte complètement inédite du travail de Nicolas Le Breton avec ces Jardins du feu et du vide, un titre prometteur s’il en fut, donc ; novella acquise lors de ma dernière razzia aux Imaginales.
Je serai bref : c’était cool, et le travail éditorial des éditions 1115 est toujours une délicieuse et singulière plus-value.
Avec les éditions 1115, on en a pour son argent.
Commençons par l’évidence, celle que je ne me lasserais jamais de constater à chaque fois que je devrais parler du travail de 1115 : leur format est aussi original que qualitatif, et constitue toujours un superbe écrin aux textes qu’ils nous proposent, et de fait, les mettent en valeur. Entre les superbes calligrammes qui ponctuent les récits ou leurs jeux sur la mise en page classique, je dois insister, j’aime profondément cette façon de rendre leurs textes un peu plus vivants en nous poussant à manipuler le papier autant que les idées imprimées dessus.
Alors j’admets que pour une fois, j’ai été frustré de ne pas pouvoir complètement saisir les calligrammes qui parcourent la novella de Nicolas le Breton, entre ceux simplement illisibles ou ceux dont le sens était un peu trop nébuleux en lien avec le texte pour que j’en saisisse l’intention. Mais demeure qu’ils participaient aux plus grandes réussites du récit à mes yeux, à savoir sa profonde mélancolie et sa confusion contrôlée ; je ne peux donc pas considérer que leur usage soit un échec, au contraire. Non, simplement, ces Jardins du feu et du vide font partie de ces textes qui s’apprivoisent, avec lesquels il faut être un peu patient·e pour comprendre exactement de quoi il est question.
La progression semble un peu éclatée, insaisissable, par moments, même. Les événements s’enchaînent abruptement, sans trop que l’on sache à quoi prêter attention, quitte à parfois se demander si on a pas raté quelque chose, mais paradoxalement, toujours avec un accent de vérité incrémentielle. Et de fait, plus j’avançais, plus je pensais saisir le fond de ce qui m’était raconté, entre les concepts un peu hard sf et des enjeux plus sobres, à l’échelle des personnages comme du monde qui les entourait. Ce que Nicolas Le Breton semblait promettre d’une main, il le reprenait de l’autre tout en me donnant autre chose, me frustrant autant qu’il me satisfaisait.
Demeure donc un texte parfois un peu (trop) exigeant, certes, demandant peut-être un peu de raffinage, entre potentielles soustractions et additions à lui administrer pour taper un peu plus juste, mais qui reste singulier dans sa démarche, et cohérent de bout en bout malgré les fugaces impressions du contraire. On tâtonne en compagnie de ses personnages, on apprend doucement à comprendre de quoi il est exactement question, on explore un univers particulier, et toutes ses implications en découvrant de jolis concepts et de belles idées en passant. Je ne pourrais pas jurer avoir absolument tout compris, mais pour autant, je pense avoir saisi l’essentiel, entre conte philosophique et ambitieux mais resserré space opera. Si j’ai du un peu lutter, j’ai fini ma lecture content, parce qu’en accord avec l’idée qui ressortait du fonds du texte, et surtout avec une envie de plus ; ce qui est toujours un bon signe.
Une bonne novella donc, qui propose comme à chaque fois avec 1115, d’un côté une forme originale à mettre en résonnance avec leur ambition d’agence de voyages littéraires, et de l’autre un texte au fonds non moins ambitieux, quoique imparfait dans sa réalisation, mais ne manquant ni de sincérité ni de panache. L’essentiel est donc largement préservé. J’ai passé un bon moment de lecture, et je ne peux guère demander plus, finalement. J’ai cru comprendre que ces Jardins du feu et du vide avaient donné lieu à des suites : je suis indubitablement curieux.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
J’ai un peu peur de la progression éclatée mais je suis curieuse.
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