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Amatka, Karin Tidbeck

Castles – Freya Ridings (extrait de l’album éponyme)

Je ne sais pas trop comment introduire cette introduction de chronique, alors je vais sacrifier à une certaine redondance en vous confessant ma propre lassitude quant à ma partielle incapacité à me laisser porter par ce que je lis. Pas que la chose soit impossible, mais clairement, je pense que je me gâche régulièrement le plaisir en voulant – consciemment ou non – décortiquer les intentions derrière tout ce qui me passe devant les yeux. Régulièrement, mon envie d’analyse, de compréhension des intentions et ambitions, d’appréhension des mécaniques employées prennent le dessus de façon inexorable. À moins d’un rare et précieux déclic suffisamment tôt dans ma lecture, ou d’une compatibilité d’humeurs parfaite, d’un timing exceptionnel, quelque chose qui m’emporte tranquillement loin de mes prises de tête.
Vous l’aurez compris, ici, ça n’a pas été le cas. Et comme toujours dans ces cas-là, mon intention sera d’expliquer pourquoi l’ouvrage qui nous concerne aujourd’hui n’est fautif que selon mon prisme de perceptions, et de façon toute relative. Pas mauvais, en soi, mais simplement pas pour moi.

En fait, mon problème, je crois, au fond, c’est surtout que j’ai un amour trop profond pour les concepts, en science-fiction ; ce qui me rend particulièrement exigeant quant à leurs utilisations. Et dans Amatka, je trouve que le concept central, celui qui donne – ou est censé donner – toute sa force évocatrice au roman, est sous-utilisé, voire simplement mal utilisé : parce qu’il n’est rien d’autre qu’un symbole. Alors comprenons nous bien, je n’ai rien contre l’idée d’avoir un ou même plusieurs jokers science-fictifs, dans un récit d’Imaginaire ; il n’est pas nécessaire ou indispensable de tout expliquer, tout le temps, y compris et surtout un élément central au récit.
Paradoxalement, pour certains types de récits, je pense même qu’il peut être contre-productif d’aller trop loin, en noyant l’essence du récit et de ses réelles implications dans des détails techniques superflus, ou pire, créant des incohérences malvenues là où le flou était tout à fait acceptable et accepté. Le problème d’Amatka avec son joker est ailleurs, à mes yeux, ceci étant dit. Si j’ai assez vite accepté l’absence d’une réelle explication à son endroit, me disant que cela aurait risqué de faire se perdre l’intrigue dans des directions sans véritable intérêt, par contre, j’ai assez vite compris que son existence n’avait pas de but autre que celui d’être purement symbolique : et ça, pour le coup, ça m’embête un peu plus.

Parce qu’avoir un concept inventif, fût-il un joker, c’est cool, j’aime bien. Mais dès lors que ce joker n’a aucun autre intérêt que d’appuyer une analogie géante à l’échelle du récit tout entier, je ne peux pas m’empêcher de trouver que c’est du gâchis. Parce qu’en fait, quand on crée tout un système science-fictif autour d’un concept donné, il faut songer à tout ce qu’il implique, une cohérence d’ensemble, au moins à l’échelle du récit qui l’utilise. Or, je trouve qu’Amatka, à cet égard, ne fait pas le boulot, ellipsant trop d’implications, laissant des ombres planer sur trop de ramifications et de questions venues très vite bousculer mon imagination. Alors certes, puisque ce concept ne sert que de béquille à une analogie qui le dépasse clairement dans l’esprit de son autrice, mon reproche doit forcément être minoré, mais il demeure que ce récit manque de chair et d’ambitions littéraires au delà de sa seule idée de départ ; pour la réaliser à plein, il aurait fallu aller beaucoup plus loin, en faire beaucoup plus.
Alors peut-être que c’est mon côté un peu trop analytique qui veut ça ; comme avec Vita Nostra à l’époque, j’ai capté l’astuce un peu trop vite et ça a ruiné mon expérience, c’est possible. Peut-être aussi que j’ai capté l’astuce si vite parce que le récit manquait – en tout cas à mes yeux – cruellement de subtilité, enfonçant des portes ouvertes les unes après les autres, me donnant ce sentiment de gâchis, encore une fois, comme celui de lire des choses que j’avais déjà lues ailleurs, simplement sous une nouvelle forme ne parvenant globalement ni à me convaincre ni à me séduire. Comme à d’autres regrettables occasions, le souci du texte n’est probablement pas son ambition première ou sa façon de procéder, je ne pense pas qu’il soit raté ou mal intentionné, simplement qu’il est arrivé bien trop tard dans mon parcours de lecteur.

Je ne vois pas grand chose à raconter de plus. Amatka tombe juste dans cet entre-deux assez malheureux où je n’ai pas de réels reproches à formuler avec suffisamment de créativité pour les rendre intéressants, mais pas non plus de compliments sincères et enthousiastes à lui faire. Ce roman pourra sans doute constituer un premier contact intéressant à la contr’Utopie pour quelqu’un·e faisant ses armes dans le domaine, mais une expérience plus solide restera sans doute sur sa faim. En tout cas, en essayant de ne pas confondre ma lucidité avec de la condescendance, c’est le sentiment qui m’anime en songeant à mes lecture.
Je vous laisse juge, si jamais vous demeurez curieux·ses.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Amatka, Karin Tidbeck

  1. Yuyine dit :

    Je reste curieuse malgré tout. Et comme Vita Nostra relevait du chef-d’oeuvre pour moi qui lit à l’émotion pure et totale et qui oublie un peu trop d’analyser, il y a des chances que ça se passe bien ^^

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      C’est tout à fait possible, d’autant que le roman fournit un honorable effort d’inclusion sans ignorer l’émotion. =)
      Je te souhaite que ça fonctionne.

      J’aime

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