
Non, vraiment, je n’ai plus rien de neuf à dire en introduction. Aucune excuse, aucune justification, rien de neuf. Rien de rien. Je suis tombé dans un cercle vicieux, une spirale infernale ; et je crois que le seul moyen d’en finir proprement, c’est d’aller au bout. Alors on avance. Et on continuera d’avancer, tome par tome, aussi péniblement et narquoisement qu’il le faudra, pour en terminer correctement avec mon exploration malsaine de l’oeuvre non moins malsaine d’un esprit si singulier qu’il me provoque d’étranges élans de tendresse au milieu d’un dégoût généralisé. Heureusement que j’ai l’excuse de la distance temporelle.
Mais bref. Après un T4 absolument affreux à tous les niveaux, j’étais quand même réellement curieux de la direction prise par Jimmy YOLO Guieu pour ce T5 ; allait-ce être stop ou encore, quitte ou double ?
La réponse pourrait vous surprendre.
Comme toujours, même si plus pour très longtemps, le lien qui va bien vers le YOLO-LT qui va bien.
Alors pas trop non plus, hein, on reste sur du YOLO Guieu pure sauce réactionnaire, comme depuis toujours, et particulièrement depuis le début de cette légendaire saga des Chevaliers de Lumière. Mais vous me connaissez, je tends au maximum à l’honnêteté, quitte à ce qu’elle me fasse potentiellement passer pour un con. Et alors s’il ne faut pas écarter l’hypothèse que l’effet de simple exposition finisse par me rendre perméable au style Guieu ; le premier constat que je suis obligé de porter sur ce cinquième tome est le suivant : Jimmy Guieu y fait preuve d’indéniables et fulgurants progrès.
Déjà, on y perd de façon phénoménale en dilution. Là où toutes les œuvres de l’auteur jusque là avaient une fâcheuse et terrible tendance à remplir le vide entre les événements importants d’une intrigue rachitique, ici… Eh bah franchement, il n’y a pas grand chose à jeter, objectivement. On arrive même à un tel point d’efficacité que j’ai très vite soupçonné l’embauche d’un ghost-writer ayant fait du zèle. Mais ici, contrairement à La Force Noire, nulle mention d’une plume annexe sur NooSFere, donc le mystère reste entier. Demeure qu’en terme de rythme et d’utilité immédiate ou au long cours des informations fournies, autant que dans la sobriété de livraison desdites informations, force est de reconnaître que l’auteur y est assez méconnaissable, dans le meilleur sens du terme. Et c’est à saluer, je crois.
D’autant plus que c’est littéralement la seule chose à saluer, évidemment, étant donné que le sieur Guieu est toujours aussi puant. Avec d’un côté ses Rambo du Cosmos en pleine euphorie vengeresse, appliquant leur justice expéditive avec une joie effrayante, face à des antagonistes essentialisés et réduits à l’état de cibles mouvantes uniquement autorisées à mourir de façon exemplaire, et de l’autre, son obsession des seins poussée à un paroxysme à peine imaginable ; y compris pour moi qui pensais naïvement être prêt à tout. Que nenni. Sérieusement, je n’ai jamais lu un roman autant rempli de poitrines, et surtout pas avec un tel degré d’importance narrative, allant jusqu’à inventer un macguffin mammaire. Et je n’exagère pas.
J’ai beau doucement m’y habituer et ainsi diminuer la force du choc à chaque fois, il demeure extrêmement compliqué pour moi de jauger le réel degré de sincérité de Jimmy Guieu à l’aune de son hypocrisie et des contorsions logiques qu’il utilise pour justifier les comportements abjects de ses protagonistes et critiquer les mêmes chez ses antagonistes, confinant à la dissonance cognitive.
Mais le plus étrange, et c’est le dernier point de cette chronique, c’est qu’avec ces réels progrès – aussi potentiellement temporaires qu’ils soient – et en dépit de la tendance Guieusienne toujours aussi appuyée à proposer des concepts intéressants pour minutieusement les saborder dans les pages qui suivent ; je deviens curieux au premier degré de ce qui va se passer dans la suite. Évidemment que dominera toujours cette curiosité malsaine et narquoise dont je fais preuve depuis le début de cette expérience, bien sûr ; Jimmy sera toujours Jimmy, et ses obsessions me seront toujours aussi étrangères que délicieusement absurdes. Mais à force d’empiler toutes ces idées bancales et d’essayer tant bien que mal de les lier par une force directrice globale, il finit fatalement par s’en dégager une certaine cohérence. Peut-être est-ce lié à une force de conseil ou d’écriture extérieure ou complémentaire à celle de Jimmy Guieu lui-même, je pense même que c’est très probable, mais le fait est que beaucoup de fils narratifs laissés auparavant en suspens – par flemme ou inadvertance – ont enfin été bouclés ici. On s’est enfin éloigné de la sempiternelle Terre pour s’intéresser à d’autres choses un peu plus intéressantes, on a enfin décidé de s’intéresser à d’autres personnes où choses que Gilles Novak et sa perfection ; les Chevaliers de Lumière ont même pour la première fois été mis un tant soit peu en défaut !
Sincèrement, on pourrait presque croire qu’un réel et sérieux bilan a été fait des premières publications signées de cette saga pour en corriger certains défauts et donner à la suite une direction sérieuse et pas dénuée d’intérêt science-fictif, au delà d’un simple règlement de comptes aveugle. Ça n’empêchera certainement pas Jimmy Guieu de rester un vieux droitard puant, de faire des placements de produit aussi subtils et agréables qu’un coup de pied dans les gonades et de raconter globalement n’importe quoi, évidemment. Mais je préfère largement cette version de l’auteur, proposant de façon aléatoire des choses intéressantes, pour les meilleures ou les pires raisons, plutôt qu’une simple diatribe stérile et ennuyeuse. Du genre à pouvoir me faire dire qu’il a posé les bases d’un Jurassic Park dès 1988, soit deux ans avant le roman de Michael Crichton ; même si c’est au détour de deux pages d’exposition inutile. N’empêche que ça fait une super anecdote en soirée, c’est pas rien.
En bref, je n’ai toujours pas fini de lire ce vieux grigou. Peut-être bien que la fin imminente et définitive de Twitter me privera du bonheur du partage immédiat au travers des LT, mais il me restera le plaisir un peu mesquin d’explorer encore plus en profondeur la psyché singulière ce vieux dégoûtant avec le luxe du recul. Qui sait, peut-être même qu’à force, j’y trouverai de réels motifs de plaisir sincère et sans ombre. J’en doute, mais l’espoir fait vivre.
Rendez-vous pour le tome 6, donc.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
