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Le chant du cosmos, Roland C. Wagner

Let It Ride – The Blue Stones (extrait de l’album Hidden Gems)

Comme le dirait la sagesse populaire : y a pas de mal à se faire du bien.
Et lire du Roland C. Wagner est une manière comme une autre de se faire du bien. De fait, il n’y a effectivement pas de mal à lire du Roland C. Wagner. Pas plus qu’il n’y en a à le relire, dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui.
Le chant du cosmos fait partie de ces bouquins qui m’ont marqué à l’époque de leur découverte fiévreuse ; dans ce cas précis au milieu d’une série de trouvailles enthousiastes après avoir trop tard seulement appris l’existence du travail d’un auteur que je n’ai jamais lâché depuis. Mais, bien que je puisse jurer depuis ma première lecture que j’adorais ce roman, force était de constater que ma mémoire m’avait fait l’insigne honneur, pour une fois, de ne pas en retenir trop de détails pour que je puisse apprécier une deuxième séance de lecture. Je savais que j’aimais, mais en dehors de deux trois aspects clés du bouquin, j’aurais bien été en peine de pouvoir vous dire de quoi il retournait.
Et voilà que je l’ai relu, et que je m’en viens vous redonner mon avis, parce que l’originalité, contrairement à Roland C. Wagner, c’est pas mon fort. En bref, en dépit d’une (très) légère mais logique déception, il demeure que ce roman est toujours formidable, et à ranger, je pense, parmi les plus représentatifs du singulier talent que possédait cet auteur décidemment regretté.

C’est l’histoire d’une rencontre sur la planète Diasphine et de ses conséquences. Entre Yeff, jeune étudiant linguiste originaire d’Océan, initié au « Jeu » par une Muse du nom de Clyne, désespérément en recherche d’un nouveau talent à soutenir, et surtout le maedre, étrange créature pelucheuse aussi affectueuse et douce qu’imprévisible qui s’attache à leurs pas, parce qu’il l’a décidé. C’est leur histoire, et celle des gens qu’iels vont croiser pendant plusieurs années, au gré de leurs aventures à travers la galaxie, une histoire aux ramifications aussi singulières que leurs trajectoires.

Alors évacuons d’abord cette légère déception que j’évoquais, même s’il m’en coûte ; j’adore Roland C. Wagner de tout mon cœur, et je suis le premier contrit de constater une ombre au tableau, si légère soit-elle. Mais n’empêche qu’ne dépit de sa mesquinerie, la rendant presque caduque par essence, il demeure qu’elle a été présente au fil de ma lecture ; et la transparence étant ici un de mes principes cardinaux, je trouve qu’il est important d’en parler un peu quand même.
Le truc, c’est qu’à force, quand même, je le connais, cet auteur. Si je n’ai pas encore tout chroniqué dans le coin, relectures ou non, il n’empêche que j’ai quand même lu beaucoup de choses signées de son nom ; et à force, j’en suis venu à intégrer des choses, à prendre certaines habitudes. Et dans cette lecture en particulier, malgré mon manque de réelles réminiscences des événements du récit, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir tout à la fois une certaine impression de familiarité assez intense, et surtout, un sentiment de voir un peu les coutures, notamment au travers des thèmes abordés par Roland C. Wagner, sa manière bien à lui de le faire, et au travers de ses petites obsessions coutumières. Paradoxalement, en dépit de ce génial et éternel sentiment de retourner à la maison en me plongeant dans un de ses ouvrages, il y avait là une sorte de gène, une proximité malaisante que j’ai encore maintenant beaucoup de mal à vraiment m’expliquer. C’est sans doute à mettre sur le compte du sempiternel air du temps avec moi, mais il n’empêche que j’ai ressenti une étrange forme de lassitude à certains moments du récit, comme si c’était un livre de trop, construit de façon artificielle ; ou plus probablement et simplement un mauvais timing suscitant en moi des échos inconscients.

Un paragraphe entier pour exprimer un ressenti valant à peine le volume utilisé pour le faire : un jour j’apprendrais à être cohérent. Mais bref ; en dépit de ces réserves intimes et – je me répète – pas aussi pertinentes que les compliments et réelles observations que j’ai à formuler à propos de cet excellent roman. Parce que pour l’essentiel, évidemment que c’est excellent, et sans doute même bien meilleur que la première fois que je l’ai lu, et pour la simple et bonne raison que cette fois-ci, je pense l’avoir infiniment mieux compris.
Là aussi, commençons par l’évidence, à savoir la foire conceptuelle absolue que nous livre Roland C. Wagner, à sa manière bien personnelle. C’est bien simple, ça n’arrête jamais ; entre les différentes cultures habitant son univers, sa manière de nous présenter les innovations technologiques présidant à la destinée de ce dernier ou toutes les petites trouvailles linguistiques permettant de faire vivre au mieux les personnages qui l’habitent, il y a là je crois de quoi ravir n’importe quel appétit de sense of wonder, même le plus délicat, le spectre allant de l’extrapolation hard-science à une forme de magie savante. Le tout, évidemment, en toute décontraction, mais sans la moindre incohérence, parce que cet auteur avait le chic pour faire tout ce qu’il voulait sans jamais se départir de son sérieux créatif.

Et c’est là le secret de son génie, j’imagine, en tout cas à mes yeux : peu importe le contexte de ses créations, on y retrouve toujours la même sincérité bonhomme, la même malice, cachée derrière tous les détails. On peut toujours pinailler, par-ci par-là, sur quelques détails un peu fâcheux, comme par exemple ici une structure générale un peu précipitée qui amène à un dommageable info-dump relativement indigeste en son milieu, cassant un peu le rythme général ; mais on est un peu forcé, à terme, de simplement rendre les armes et d’apprécier le voyage à plein, simplement parce que c’est trop rempli à ras-bords de bonnes choses. Considérant évidemment que lesdites choses soient effectivement bonnes selon vos goûts ; on est pas là pour se prendre la tête là dessus. Je dis juste que si Roland C. Wagner et ses trucs à lui sont votre came, Le chant du cosmos sera bien évidemment votre came. On y retrouve comme toujours son inénarrable esprit de bienveillance et son pas toujours subtil mais toujours délicieux sens de la politique inscrit dans le sous-texte, en compagnie de sa manière si personnelle de manipuler les tropes les plus communs des littératures de l’Imaginaire pour les faire entièrement siens et leur conférer une fraîcheur intemporelle. Et en plus, là, y a le maedre, probablement une des créatures de science-fiction les plus surprenantes et adorables de toutes. En tout cas, moi j’en veux un comme copain, clairement.

Tout ça pour dire, encore une fois, que le bilan n’est guère surprenant. Si j’ai pu fugacement ressentir le moindre doute à la lecture de ce roman, je crois que c’est simplement parce que sa charge politique était trop actuelle pour que je ne la ressente pas, au moins inconsciemment. Je ne peux pas trop développer, spoils obligent, mais disons que l’idée d’une menace venue du passée, réactivée par la force d’une représentation aussi symbolique qu’isolée dans les faits mais soutenue en sous-main par des forces discrètes, en ce moment, ça me parle, et pas qu’un peu. Du coup, quand c’est écrit avec la qualité littéraire que je prête à Roland C. Wagner, forcément, ça crée une forme de réalisme un peu trop évocateur, et ça me fout un peu mal. En tout cas, c’est la meilleure explication que j’arrive à me fournir à moi-même pour justifier cet état de fait. Peut-être que j’y reviendrai un autre jour avec une toute autre approche.
Mais peu importe, l’essentiel est ailleurs. Heureusement, fort heureusement, cet auteur formidable était bien plus optimiste que moi, et de fait, ça se ressent dans son bouquin ; ça transpire les bonnes ondes et les bons sentiments, et ça fait beaucoup de bien. D’autant plus que ça sait aussi rester lucide sur pas mal de points, et ça évite donc judicieusement de tomber dans le mièvre, pouvant aussi provoquer un certain rejet chez moi. Le mec pas chiant.
Encore un excellent roman Wagnerien de (re)lu et d’immortalisé sur le blog, ça me tenait à cœur. Il doit plus m’en rester qu’une vingtaine, nickel.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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