search instagram arrow-down

Si vous ne me suivez par sur les réseaux sociaux, où je suis le plus actif, vous pouvez être prévenu.e par mail à chaque article.

Rejoignez les 117 autres abonnés

Infos Utiles

Mes réseaux

Archives

Les Mystères de Paris T1 – L’île de la cité, Eugène Sue

Yours To Keep – The Dead South (extrait de l’album Chains & Stakes)

Imaginez si vous le voulez bien le bloggeur que je suis, penché sur son ordi portable, en train de taper ces lignes. J’ai l’air concentré, préoccupé. Je me gratte ma grosse barbe et mon crâne chauve toutes les deux minutes, du bout des ongles, et je soupire en séquence. Mais je n’ai pas l’air malheureux, non, j’ai juste le souci du travail bien fait.
Le travail, ici, en l’occurrence, c’est de rendre compte de mon singulier ravissement à la conclusion de cette non moins singulière lecture. Et j’ai beau être content d’en être là, je dois bien admettre que je ne fais pas spécialement le malin non plus.
Pour être tout à fait honnête, je me suis lancé dans la lecture de ce premier tome des Mystères de Paris d’Eugène Sue plus dans une démarche exploratoire que par pulsion ou profonde envie. Comprenez qu’au delà du très bel écrin créé par 10/18 pour rééditer ce que je savais être un classique qui fait du plus bel effet dans une bibliothèque, rien ne devrait typiquement m’attirer vers la littérature française populaire du XIXe siècle. Pas de dédain ou de mépris de ma part, c’est juste pas ma came du tout, a priori ; entre mon amour de l’Imaginaire et une certaine réactance dont le système scolaire et l’élitisme à la française m’ont rendu coupable au fil des ans.
Sauf que sauf que. Déjà, comme d’habitude : tenter des trucs, toujours. Trop de trucs à gagner, pas assez à perdre pour que ce ne soit pas rentable, à terme. Et puis surtout : Roland C. Wagner. J’ai déjà parlé de lui sur ce blog, et ce n’est pas fini, d’autant moins que je n’ai toujours pas abordé ici ses Futurs Mystères de Paris, œuvre incontournable à mes yeux s’il en est. Et rien qu’avec ce titre, vous voyez déjà mieux d’où je veux en venir. Ma curiosité était donc avant tout mue par une interrogation intertextuelle : au delà de la plus évidente proximité géographique, y avait-il là-dedans une ascendance thématique, narrative et/ou politique ? Mon cher Roland C. Wagner avait il emprunté quelques petites choses à Eugène Sue ? C’était ça que je voulais savoir avant tout.
Et pour conclure cette intro avec la même honnêteté que j’ai convoquée plus tôt, je dois admettre que malgré mon vœu pieux d’ouverture d’esprit et de curiosité, j’ai entamé cette lecture avec la conviction – et un peu l’espoir – que j’allais l’abandonner très vite, pouvant expurger ma PàL présente et à venir en m’économisant ce tome et les suivants ; tout en pouvant dire qu’au moins, maintenant, je savais.
Vous l’aurez compris, ce n’est pas ce qui est arrivé. Pour tout dire, en dépit des évidents reproches à faire à Eugène Sue, je suis avant tout et fermement sur le cul.

Cette histoire commence dans une ruelle sombre, alors qu’un certain Chourineur s’apprête à agresser une jeune fille surnommée la Goualeuse parce qu’elle refuse de lui payer un coup à boire. L’agression est empêchée par l’heureuse intervention d’un étrange inconnu qui met une bonne raclée rapide au Chourineur, tellement impressionné qu’il n’en tient aucune rancune. Tellement pas de rancœur, d’ailleurs, que le trio finit par sympathiser et décide de concert d’aller manger un morceau dans un troquet voisin, aux frais de l’inconnu qui s’avère être bien plus qu’un simple ouvrier. Et de cette rencontre fortuite va naître une improbable succession d’aventures rocambolesques au cœur du Paris de 1838.

Pendant les 50 premières pages de cette lecture, franchement, je ne savais pas quoi penser. D’abord à cause du bombardement incessant et pédant d’argot Parisien accompagné de ses notes de bas de page, qui semblaient plus être là pour prouver que l’auteur avait fait ses recherches que pour un besoin d’authenticité. Puis l’évidente surpuissance de Rodolphe, notre noble venu s’encanailler dans les bas-fonds en compagnie de son assistant personnel ; mais aussi la volonté avouée de l’auteur de montrer un visage plutôt bienveillant – ou tout du moins lucide et réellement renseigné – desdits bas-fonds et de ses habitant·e·s, ainsi que son goût et sa maîtrise évidente pour une narration intrigante et malicieuse, aussi gourmande que généreuse, bien que logiquement indigeste par moments. J’étais pour ainsi dire sacrément confus. Mettant légèrement de côté des considérations me paraissant anachroniques pour me concentrer sur l’héritage et l’influence potentiel·le·s d’une telle œuvre, je voyais quand même assez clairement l’attrait qu’elle pouvait exercer à l’époque, et aujourd’hui, de deux manières complètement différentes.
Je crois que le basculement dans mon esprit a commencé à se faire à la mention en note de bas de page d’un certain Dr Parent Duchâtelet et de ses travaux, par Eugène Sue lui-même, en appui à une de ses réflexions sur le parcours de la Goualeuse, pauvre jeune fille du ruisseau dont la vie est une succession de malheurs. Il le cite comme argument pour arguer que le servage existe encore et qu’il est matériellement impossible pour les personnes victimes de ces circonstances de s’en sortir, en dépit de leurs bonnes intentions ou efforts. Et après une rapide recherche de mon côté, j’ai pu constater que le docteur en question était considéré comme l’auteur d’un des premiers travaux de sociologie empirique avec son « De la prostitution dans la ville de Paris » (selon Wikipédia, du moins), énorme enquête de plus de 8 ans publiée à titre posthume, et dont fort logiquement, Eugène Sue se réclame indirectement avec son propre ouvrage, citant le docteur comme « un homme de bien ».

De là, et coupant exceptionnellement à ma règle de m’en tenir uniquement au texte et rien qu’au texte, j’ai lu l’avant propos concocté par 10/18 à propos de l’auteur, parce que je voulais être un peu plus sûr de comprendre le contexte d’écriture du roman, et les intentions les plus probables de l’auteur. Et tout s’est éclairé pour moi. On a affaire avec Eugène Sue au filleul de Joséphine de Beauharnais, impératrice de son état, excusez du peu, devenu rentier en héritant de son père, se consacrant dès lors à son métier d’écrivain populaire, plongeant dans ce que cette fiche d’informations appelle du roman-social. Ces quelques lignes expliquent tout à mes yeux, du pire au meilleur de ce que j’ai pu lire dans ce premier tome des Mystère de Paris.
Ce bouquin, pour moi, c’est le témoignage indirect, un peu maladroit, mais ô combien sincère, de quelqu’un qui n’avait que trop conscience de ses privilèges, et qui n’hésitait pas à le dire. Rodolphe, ce Prince en goguette – le spoil est mineur, on le devine assez vite – c’est avant tout le vecteur parfait pour pouvoir explorer librement Paris sous toutes ses facettes et en extraire la matière aux démonstrations dont Eugène Sue avait, je pense, l’ambition. Autant qu’une projection un peu fantasmée de l’auteur, aussi, mais on peut le pardonner.

Il y a un truc dont je ne me remets pas, depuis quelques années, et depuis ma découverte, notamment, de certaines des adaptations de Jane Austen, et qu’il m’a fallu, étonnamment, découvrir quand même plus par moi-même que de façon exogène ; à savoir que la satire et la parodie des sociétés les plus fortunées de notre monde n’ont pas attendu notre modernité. Dit comme ça, évidemment, ça pourrait sonner comme un enfonçage de portes ouvertes, et d’une certaine manière, oui, je pourrais l’admettre, bien sûr. N’empêche que dans mes souvenirs d’études littéraires, je n’ai pas beaucoup de souvenirs d’une telle approche dans les explications de textes fournies à propos de certains textes parmi les plus vieux qu’on m’a mis entre les mains ou dont on m’a parlé, que je n’ai côtoyés que par procuration.
Et de fait, je ne m’étais absolument pas préparé à la férocité dont fait ici preuve Eugène Sue envers les possédants et autres élites bourgeoises ou d’ascendance noble qui constituent, de fait, l’immense majorité de ses antagonistes. Si Rodolphe est -toutes proportions gardées – un parangon de vertu, de rigueur et de générosité, il constitue bien une criante exception au sein de son monde dévoyé et corrompu. Au contraire, une bonne partie des personnages secondaires les plus attachants sont issus du bas-peuple ou extérieurs à ces élites, ces mêmes personnages montrés dès le départ comme sous le prisme d’une loupe curieuse, appelés ironiquement « les sauvages », avec l’ambition affichée et claire de montrer que cette réputation est aussi malhonnête que surfaite. J’irais même plus loin, en affirmant qu’avec sa présentation quasi-naturaliste, extrêmement ancrée dans une diégèse réaliste, pragmatique et prosaïque, Eugène Sue crée un effet de contraste assez saisissant entre cielles qu’il érigent en modèles et les autres. Certain·e·s se créent des problèmes, d’autres les subissent ; l’auteur veut qu’on comprenne bien qui sont les victimes et qui sont les réel·le·s coupables.

Alors à cet égard, évidemment, il faut bien tempérer mon enthousiasme : on est quand même en 1842, faut pas déconner. Pas de problème à appeler un homme noir un nègre, pas de problème à produire quelques réflexions essentialistes réduisant parfois les femmes à des petites choses ornementales fragiles ou à d’horribles mégères manipulatrices de façon binaire, à présenter la colonisation comme une chose banale et acceptable – pour ne pas dire souhaitable – ou à se laisser aller à quelques automatismes dignes de la période que je vous laisse deviner. Je ne veux absolument pas taire ce qui n’a pas passé l’épreuve du temps, je ne veux pas être naïf ou trop généreux en compliments avec Eugène Sue et son œuvre.
Pour autant ; je dois aussi noter là-dedans une indéniable et puissante modernité, une impression dont je ne peux pas me défaire après la conclusion de ce premier tome. Parce que cet homme noir, mine de rien, c’est un ancien esclave devenu docteur. Certes sauvé par notre Rodolphe superstar, archétype indestructible du white savior par excellence, mais quand même présenté avant toute chose comme un praticien efficace et dévoué, sans aucune marque de mépris facile anticipable dans de telles circonstances, servant à lui tout seul d’argument anti-esclavage, pour de simples raisons de décence avant d’être pratiques pour notre héros.
Parce que les femmes de ce roman, eh bah je suis ravi de vous le dire, ne sont jamais hyper-sexualisées, d’une manière ou d’une autre, sur 450 pages. C’est peut-être normal pour une époque plus pudique, que je n’ai pas l’habitude de lire, mais n’empêche que bordel, ne pas subir de male gaze crade là où on s’y attendrait tellement, c’est infiniment reposant. D’autant plus quand on a le sentiment – peut-être un poil naïvement, allez – que quand même, ces femmes, elles sont nombreuses, et elles sont différentes, qu’elles ont du souffle, de la personnalité, qu’elles existent aux yeux de l’auteur, et pas uniquement pour faire joli. Je caricature, mais y en a une qui est jolie et méchante, une autre qui est méchante et moche, une autre qui est jolie et gentille, et d’autres encore qui ne sont pas aussi binaires et ça ne fait jamais cahier des charges ; ça va juste dans le sens de ce que voulait raconter Eugène Sue, de façon assez organique, je trouve.

Et à cet égard, la taxonomie, pour une fois, nous est utile, puisque ça tient en trois mots : roman-feuilleton-social.
Montrer une réalité pas forcément toujours représentée en littérature en faisant se croiser deux mondes qui normalement ne cohabitent pas, secouer un peu le tout et voir ce qui peut en ressortir d’intéressant. Ce qui nous donne donc des riches possédant·e·s avides, jamais satisfait·e·s de ce qu’iels ont, se servant sans trop de scrupules des gens qui les entourent, les considérant comme des outils transitoires, n’existant que parce qu’ils peuvent leur être utiles ; les gens en question pouvant autant être des possédant·e·s que des prolétaires, peu importe, et surtout, peu importent les conséquences. L’auteur exprime assez clairement l’idée que la richesse, à ses yeux, n’a de valeur que si elle est partagée. Vous pouvez dire ce que vous voulez, cette idée a merveilleusement vieillie aux miens.
Et là où je trouve que Eugène Sue, en dépit de son goût parfois trop prononcé pour les dialogues d’exposition lourdaux ou les scènes de pure description faisant office de meublage évident, fait preuve, quand même, d’un certain talent, pour ne pas dire un talent certain, c’est pour créer du pur divertissement au service de ses idées et son suspense. Alors oui, ça joue sur des coïncidences et des hasards absolument improbables, faisant s’emberlificoter les fils du destin d’une manière un peu scandaleuse, mais bon sang, qu’est ce que c’est fun. C’est cool, il faut bien le dire, de lire la narration nous annoncer tout de go des événements insoupçonnables avant de nous en livrer les détails croustillants pour mieux jouer sur l’ironie dramatique le chapitre d’après avec un clin d’œil complice. C’est cool, parce que c’est assumé à fond ; ça n’essaie même pas de faire semblant. Eugène Sue n’est pas là pour révolutionner la littérature française ou faire du style, il est là pour s’amuser en notre compagnie, mais aussi pour essayer de nous édifier un peu, à sa manière, ou du moins pour tenter de nous montrer et démontrer des choses qu’il trouve importantes.
Ce qui nous donne ponctuellement des scènes ou des citations vraiment chiadées. Je pourrais citer l’histoire de la Goualeuse, par exemple, destinée à nous faire comprendre que la vie n’est pas qu’affaire de choix, et qu’il faut parfois composer avec l’injustice perpétuelle et les traumas subséquents, qui me semble résonner très fort aujourd’hui, et donc particulièrement bien fonctionner. Comme je pourrais citer dans une optique plus détendue un certain duel psychologique entre Rodolphe et un de ses principaux antagonistes montrant leurs forces et faillibilités respectives, ou même plus simplement quelques dialogues purement comiques qui construisent autant notre connaissance que notre attachement à certains personnages.

En bref, si je devais résumer exactement mon sentiment à la lecture de cette île de la cité, je dirais que c’est une très bonne proto-aventure de Batman.
Je vous laisse deux secondes pour essuyer votre boisson de choix projetée sur votre écran, et je m’explique.
Réduisons vite-fait l’intrigue à ses plus simples composantes, caricaturons un poil, quitte à spoiler un tout petit peu : un homme privilégié et blessé par un bagage émotionnel important décide de mettre sa fortune au service de gens moins favorisés que lui, quitte à contourner un peu la loi et à rendre la justice d’une manière expéditive et personnelle.
Boom. Non, on a pas de gadgets, rien de folichon dans l’action ou dans l’interprétation émotionnelle de ces enjeux (ça c’est plutôt dans Le Baron Noir), mais fondamentalement, je ne peux pas m’empêcher de tracer des parallèles thématiques et narratifs entre Rodolphe et Le-Meilleur-Détective-Du-Monde. Il y a là pour moi une indiscutable proximité.
Que je trouve bien évidemment trop cool, elle aussi. Parce que comme pour le Chevalier Noir, on peut critiquer les méthodes comme une partie des implications des actes de Rodolphe, certes, mais on ne peut pas vraiment attaquer les intentions. D’accord, peut-être que d’un certain point de vue, l’usage fait de sa fortune et de ses privilèges peut sembler anecdotique, condescendant et paternaliste ; peut-être qu’on peut considérer que le bien fait par Rodolphe est soumis à des conditions ridicules et très discutables. Mais n’empêche que Rodolphe, baigné dans un milieu qui l’a encouragé à être le contraire de ce qu’il est, est resté quelqu’un de bien, qui a décidé d’agir, et de mettre ses moyens au service de cette action.
Et par cette action, Rodolphe révèle des dysfonctionnements qui ne sont pas de son ressort. Par son action, Rodolphe fait office de révélateur ultra-efficace et somme toute factuel, à mes yeux.

1842. C’est ça qui me frappe le plus. C’est ça qui fait que je suis sur le cul, vraiment. En dépit de tous les constats les plus objectifs et un peu compliqués à avaler sur les aspects les plus vieillots et moches du récit, il n’empêche qu’il suinte d’une modernité à la fois narrative et socio-politique, d’une volonté progressiste, que je trouve assez indiscutables, surtout venant d’un filleul d’impératrice, bon sang. Il faut savoir raison garder et considérer les choses dans leur contexte autant que les contenir dans les justes proportions, bien sûr, mais c’est quand même assez renversant de lire un bouquin de cette époque faire une lecture aussi… « lutte des classes » que ça. Tout comme je pense qu’il est essentiel de saluer quand quelqu’un descend volontairement de son piédestal pour l’examiner aussi honnêtement que possible de l’extérieur en compagnie de cielles qui normalement se voient surplombé·e·s par ce dernier. Il y a une vraie noblesse dans cette démarche, en dépit de tous les biais et erreurs de jugement que cela peut suggérer.
Ouais c’était vieux. Ouais c’était imparfait. Mais j’en redemande. Peut-être pas tout de suite, parce que je pense en avoir fait conceptuellement le tour, mais un jour, certainement. Ne serait-ce que parce qu’en plus de tout ça, j’avoue… Y a des personnages là-dedans à qui j’ai envie qu’il arrive des choses. Bonnes pour certain·e·s, moins bonnes pour d’autres. Ça aussi, c’est un indéniable signe de réussite.
Si on m’avait dit…
Tentez des choses, les gens, il en sortira toujours quelque chose.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

4 comments on “Les Mystères de Paris T1 – L’île de la cité, Eugène Sue

  1. Jean-Yves dit :

    Cette chronique 🤩

    J’ai eu la même démarche : acheté cette nouvelle édition en pensant à Wagner… Mais pas encore lu. Tu viens de me convaincre d’accélérer la cadence ! Merci.

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Merci à toi. =)
      J’espère que tu seras aussi content que moi arrivé au bout ! 😀

      Aimé par 1 personne

      1. Jean-Yves dit :

        Je te donnerai des nouvelles 😁

        Aimé par 1 personne

  2. tampopo24 dit :

    Tu le vends très très bien !
    Bon, j’avais déjà flashé sur les covuertures mais j’hésitais pour le côté poussiéreux. Tu as l’air d’avoir réussi à surmonter cela pour ne garder que ce qui me plait : des personnages auxquels on s’attache, une intrigue avec un fond sociétal critique.
    Ma wishlist n’en finit plus de s’allonger >.<

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire
Your email address will not be published. Required fields are marked *