Je crois qu’on appelle ça de l’ironie dramatique.
Pile après m’être félicité d’espacer les abandons et les ajouts à cette malheureuse série noire, BIM, j’enchaîne à nouveau. Bon, après, rien de vraiment dramatique, à vrai dire, puisque lesdits abandons ne le sont pour des raisons qui me chagrinent dans un seul des trois cas qui nous concernent aujourd’hui. Quelque part, je peux aussi me féliciter de ma capacité neuve à savoir identifier quand ce n’est pas la peine d’insister plus que de raison. L’auto préservation, c’est important.
Mais bref.
La Lyre et le Glaive T2 – Danseuse de corde, Christian Léourier
95/517
Un peu inattendu, mais pas si surprenant que ça, cet abandon, à la réflexion. Un peu amer, ça, j’avoue sans peine, parce mon souvenir du premier tome était plutôt univoque, et que laisser tomber cette suite aussi vite et sans le moindre scrupule me fait me dire que j’ai bêtement trop trainé à m’y mettre. Le truc, c’est que mes goûts en matière de fantasy se sont un peu sclérosés avec le temps et l’évolution de mon expérience littéraire ; rendant ce second tome terriblement indigeste, en dépit de ses indéniables qualités. Après tout, on parle toujours de Christian Léourier, ici, à savoir une plume de qualité, extrêmement sensible et portée sur les sentiments humains et leur complexité, sachant rendre compte des subtilités de nos humeurs avec une concision et une élégance rare.
Le problème, ici, c’est qu’en dépit de ces quelques fulgurances, j’ai été frappé par un emballage formel extrêmement old school, avec lequel j’ai beaucoup de mal, pour ne pas dire de plus en plus, le même dont je parlais dans ma chronique de De Gueules. Je crains qu’à ce stade, on aura beau me proposer un récit riche d’enjeux et de personnages complexes, si ces derniers ont tous au moins 60% de consonnes dans leurs noms sans compter les apostrophes, si leurs échanges sont tous empoissés d’emphase, et si fondamentalement il est avant tout question de destinées, de dieux et de conquêtes, je serai irrémédiablement perdu. Il me semble que le premier tome avait fini par me séduire avec une intrigue à hauteur humaine, resserrée sur quelques personnages et des enjeux sobres ; où ici, j’ai été perdu par une multiplication des trajectoires, des enjeux et des allégeances à suivre, ou chaque ajout et précision ne fait qu’ajouter à ce qui finit à s’apparenter à de la confusion. Et une petite vibe d’ambiguïté misogyne avec les personnages féminins, aussi, ça n’aide pas. Je me dis qu’à peut-être trop vouloir renouveler son œuvre d’un tome à l’autre, Christian Léourier a livré un roman trop différent du précédent pour que j’arrive à y adhérer cette fois.
Peut-être qu’avec un peu plus de temps, j’aurais fini par rentrer dedans, comme la première fois, mais comme toujours quand j’abandonne, c’est plus une question de préservation de mon temps et de mon énergie qu’autre chose.
*smiley triste*
Le temps désarticulé, Philip K. Dick
Là c’est plus couillon qu’autre chose, et pas tellement triste. J’ai choisi de lire ce bouquin là parce que ma connaissance de Dick n’est pas assez étendue à mon goût, et parce que la couverture de ma vieille édition Presses Pocket était vraiment très stylée.
Sauf qu’en fait, je me suis assez vite rendu compte que j’avais déjà lu ce roman il y a quelques années de cela, et que mes souvenirs remontaient très vite à la surface, particulièrement la chute : il ne fait simplement pas partie des romans que je souhaite relire avec plus d’attention. S’il m’avait été inédit, je pense que j’aurais fini ma lecture sans peine pour arriver à une conclusion similaire à celle de l’époque : un roman conceptuellement très costaud, mais un peu trop dilué sur la forme pour exprimer pleinement son potentiel, devenant de fait plus simplement sympathique. Je sais que son axe central m’avait marqué, puisque j’y pense encore passivement de temps en temps et l’associe fortement à l’ethos littéraire de Philip K. Dick ; mais je croyais que c’était d’une nouvelle tirée du recueil Ne pas se fier à la couverture qu’il était extrait. Au moins, j’ai pu me rafraichir la mémoire, c’est toujours ça. J’aurais été nettement plus enthousiaste en bénéficiant de l’effet de surprise cette fois, sans doute.
La destruction du temple, Barry N. Malzberg
62/159
Alors honnêtement, un peu comme pour la Série Noire #2, je me suis décidé à tenter la présente petite aventure en sachant que le risque d’abandon était très élevé ; comme pour un bon nombre des vieux ouvrages qui peuplent une étagère un peu triste de ma bibliothèque à lire. Pour être tout à fait honnête, c’est surtout le fait que j’avais déjà nourri cette série noire de deux bouquins en très peu de temps qui m’a motivé plus qu’autre chose : in for a penny…
Mais bref, pourquoi j’ai laissé tomber ? En vrai, il y avait un concept intriguant au cœur de ce roman, c’était même assez prometteur, en dehors d’un style laissant une bien trop grande part au mystère et à la promesse sans cesse repoussée d’une réponse crédible et cohérente à tous ces dialogues et situations cryptiques. J’aurais pu faire l’effort, et je l’ai fait pendant un bon tiers, parce que j’avais un peu envie de savoir ce qu’étaient exactement ces foutus Lumpen, et pourquoi exactement cet abject personnage principal voulait monter une reconstitution filmée et réaliste de l’assassinat de JFK avec leur concours. J’aurais pu tenir si j’avais compris le rapport exacte avec la sociologie urbaine avancée par analepses interposées. J’aurais pu tenir si ce n’était cette abjection insupportable bien, que clairement voulue et mise en lumière par l’auteur, pour mettre en évidence… quelque chose. J’admets sans peine n’avoir pas compris grand chose et ne pas avoir vraiment voulu comprendre, arrivé à un certain moment : simplement parce l’obsession sexuelle du protagoniste – et donc de l’auteur, probablement – était invasive et malaisante.
Ce récit de Malzberg aurait pu n’être daté que d’un point de vue purement conceptuel et formel, il l’était pour les pires raisons, je n’ai donc vu aucune justification valable à continuer à me faire du mal avec à ces saillies libidineuses venant pourrir un récit par ailleurs confus et foutraque. Parce que même si elles étaient utilisées pour montrer que le protagoniste était abject, il y avait suffisamment d’éléments potentiels utiles et probablement plus marquants pour le faire sans sombrer dans un tel stupre. Et si ce n’était pas fait pour mettre ses défauts en évidence, alors c’est encore pire.
Et on repart. =)
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

J’avais déjà eu beaucoup de mal à finir le premier tome de la Lyre… et ce que tu dis de ce tome 2 me fait dire que j’ai eu raison de ne pas pousser plus loin. Je crois que j’aurais été encore plus si ce n’est totalement perdue. Je zappe sans regret !
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