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Les Chroniques de la Lune Noire T1 – De Gueules, Froideval & Debats

You Can’t Run Away – Emigrate (extrait de l’album The Persistence Of Memory)

Vous noterez que je ne parle jamais de BD, sous quelque forme que ce soit, par ici ; tout simplement parce que je n’en lis pas, ou plus. Pas de mépris de ma part, simplement une profonde incompatibilité d’intérêts depuis plusieurs années, que je regrette plus qu’autre chose. Mais le fait est que mon manque de goût pour les aspects les plus esthétisants de la BD me font très souvent manquer l’essentiel du plaisir de sa lecture ; je ne m’intéresse pas assez à la beauté pour avoir le sentiment que ça vaille le coup. Et si je sais pertinemment que c’est fondamentalement une erreur, puisque beaucoup (beaucoup) de BD offrent des intrigues et des réflexions qui sauraient parfaitement me parler, peu importe le format ou l’origine. Il demeure que j’ai toujours trop peur d’en sortir avec une insatiable faim de texte. Il existe des exceptions, j’en ai conscience, et j’espère pouvoir me donner tort à moi-même dans les temps à venir, mais pour le moment, je me contente de cette distance avec une forme artistique que je respecte sans réellement pouvoir le prouver. À part Universal War One, parce que ça m’a vraiment marqué.
Demeure qu’il y a quelque chose comme 6 ou 7 ans, j’ai lu quelques volumes des Chroniques de la Lune Noire, et qu’à l’époque, j’avais plutôt bien aimé. Je crois. Parce qu’en dehors de quelques petits détails, très franchement, je ne me souviens de rien ou presque. C’était beau, il me semble ; et mes goûts restreints en fantasy, à l’instar de mes connaissances, avaient été séduit·e·s, j’en suis presque certain. Du coup, fort logiquement, quand au hasard d’une rencontre avec la relation libraires des Éditions Leha (que je salue amicalement), on m’a proposé un SP pour une novellisation de cette fameuse saga co-écrite par Jeanne-A Debats – une autrice que je sais déjà apprécier depuis ma découverte des premiers volumes de sa trilogie Testament – j’ai été curieux, et j’ai bien entendu accepté avec plaisir.
La question pour moi était donc de voir ce que les bases de cette saga allaient provoquer chez moi cette fois, mais aussi de voir comment cette novellisation allait fonctionner ; c’est en effet la première fois que je me confronte à une telle translation littéraire.
Je ne vais pas tourner autour du pot : je ne peux décemment pas considérer que ce soit une réussite. Mais pour autant, j’ai trouvé dans cette lecture quelques éléments de réflexion que je ne trouve pas dénués d’intérêt : je vais tâcher de vous les livrer au mieux.

Un jeune guerrier sans nom, perdu dans les plaines à la recherche d’une vie à vivre et de réponses à ses trop nombreuses questions, rencontre par hasard un jeune voleur elfe du nom de Pile-ou-Face. De leur rencontre vont naître des possibles nouveaux et inattendus, amenant à d’autres rencontres, maintes aventures et péripéties dont naîtrons encore de nouveaux bouleversements, allant jusqu’à perturber des royaumes et des empires, provoquant même des altérations dans les plans des dieux eux-mêmes.

Alors attaquons d’emblée avec mon principal souci à la lecture de De Gueules : c’est de la vieille fantasy, à mes yeux, trop vieille en tout cas à mon goût. Il n’est pas question de dire que c’est intrinsèquement mauvais ou mal fait, non, c’est même plutôt solide ; honnête, oserais-je. Seulement, avec le regard de lecteur que j’ai aujourd’hui, avec mes envies et mes exigences, cette fantasy ne pouvait pas faire l’affaire, malgré tous les évidents efforts de Jeanne-A Debats pour combler au mieux les trous. Puisque mes souvenirs de l’œuvre originale sont bien trop flous, je ne saurais dire ce qui tient dans ce premier tome des primes intentions ou de la volonté d’adaptation, donc je ne jetterais la pierre à personne en particulier entre elle et Froideval ; je me contenterais de regretter ce que je pense finalement ne pas être une très bonne idée au départ. En lisant ce roman, je me suis rendu compte, ou du moins je me suis forgé un avis suggérant que le format BD, dans ses dessins et sa construction, suggère nécessairement des ellipses et des exigences profondément différentes de celles qu’on pratique dans un texte sans la moindre illustration autre que verbale. Dès lors, forcément, il a fallu en partie compenser certains de ses choix à la transition vers le texte pur, par ce que je devine être autant d’ajouts que de retraits, tout en gardant une structure globale similaire.
Dès lors, on se retrouve avec un récit bien trop éclaté, succession d’aventures manquant cruellement de liant et de véritable continuité en dehors de quelques éléments gravitant autour de notre héros, mais qui là aussi souffrent d’une réelle profondeur, un souci formel que je n’ai jamais pu m’empêcher de remarquer, entre ellipses sévères et séquences explicatives intrusives, bien que dispersées aussi légèrement que possibles sans gros pavés lourdingues. Quant au fond, j’en reviens à ce que je disais plus haut, je ne saurais pas le dire autrement, vraiment : c’est vieux. Alors ç’a un certain charme, je l’admets, une bande d’anti-héros se battant contre une tripotée de méchants aléatoires au hasard de rencontres fortuites. Mais très vite, ça tourne en rond et ça manque à mes yeux de diversité et de nuances. Quand tout le monde est affreux, quelques saillies humoristiques ne suffisent pas pour s’attacher à des gens à la morale très douteuse et aux prises de décisions expéditives.
Qui plus est, l’univers qui nous est dépeint manque cruellement de souffle à mes yeux, entre des races dont on ignore tout, des enjeux nébuleux qui ne cessent de gonfler en magnitude, avec une emphase telle que plus rien ne semble très vite avoir de réelle importance puisqu’on n’a aucune échelle pour juger ; sans parler d’un système magique sans queue ni tête qui nous fait douter de tout en permanence et nous laisse penser que littéralement tout est possible dès lors qu’on aurait la puissance nécessaire et un peu d’entraînement.

C’est pour ça que je parle de vieille fantasy. Ce genre d’échelle de valeur, seulement tournée autour de la force brute et la volonté de s’en servir sur autrui, me semble obsolète dans la fantasy d’aujourd’hui, celle que j’ai appris à aimer, en tout cas celle que désormais je recherche. La fantasy grimdark où s’alignent les noms bardés de consonnes, les castings de personnages à rallonge, les démons très vilains, les pactes de sang, les conquêtes et reconquêtes, les trahisons et les plans de domination du monde, où pas un personnage n’est globalement positif, où tout le monde peut être un agent de l’ennemi en attente de possession ou de révélation, où tout le monde se balade avec une épée magique voire plusieurs, où absolument tout doit fatalement se régler dans le sang, où rien de ce qui se passe n’a réellement d’importance parce que des forces obscures et omnipotentes trichent avec le destin des pions que sont les personnages ; cette fantasy là, j’avoue que je m’en suis salement lassé. Ça ne m’empêche pas de pouvoir en apprécier certains aspects, ponctuellement, mais j’aime trop trouver un minimum de cohérence et de respect pour la notion de causalité dans mes lectures pour accorder un sauf-conduit à un récit qui ne s’arrête jamais s’assombrir le tableau. Je n’arrive plus à me laisser séduire et surprendre quand je devine certains aspects ou événements des chapitres entiers à l’avance et que je vois un script trop connu se dérouler sous mes yeux.
Alors bon, on est sans doute dans un contexte spécifique, Les Chroniques de la Lune Noire, en tant que BD, commencent tout de même à dater et font office de classique dans leur domaine ; la fantasy a bien dû passer par là avant d’évoluer dans la forme que je lui préfère aujourd’hui, comme dans le cas du Elric de Moorcock qui déjà m’a bien déçu il y a des années. J’ai d’ailleurs dans ce texte retrouvé une partie de ce que j’appellerais une fantasy naïve, oserais-je dire adolescente, qui aligne les scènes cools sans d’intention sous-jacente détectable. Sans nul doute sommes nous au moins partiellement dans un cas de figure similaire à celui que j’évoquais dans ma chronique de La Main Gauche de la Nuit, un ancien récit que je ne peux plus aimer parce que j’ai lu certains de ses successeurs, ceux-là mêmes qui bénéficient de son travail de défrichage et font mieux que lui ce qu’il ambitionnait alors.

Peut-être suis-je devenu difficile, avec le temps, les lectures et les chroniques, c’est possible. Demeure que malgré toutes les meilleures intentions et le travail difficile abattu par Jeanne-A Debats et Froideval pour livrer cette ambitieuse adaptation, le compte, pour moi, n’y est pas. Trop de clichés datés, trop d’ellipses, pas assez de réelle caractérisation des personnages au delà de leurs archétypes, et surtout pas assez de réels enjeux auxquels me raccrocher pour comprendre pourquoi je devrais voir les yeux au travers de ce personnage qui n’a pas grand chose d’héroïque en dehors d’un destin qu’il ne maîtrise de toute évidence pas.
Peut-être que ce roman, finalement, n’était pas fait pour moi, qui découvre Les Chroniques de la Lune Noire à travers lui, mais pour des gens qui les connaissent déjà et auraient voulu les redécouvrir au travers d’un texte pur. Auquel cas j’espère ne pas avoir été trop dur, simplement sévère mais juste. Dans tous les cas, je pense en avoir assez dit.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

5 comments on “Les Chroniques de la Lune Noire T1 – De Gueules, Froideval & Debats

  1. Célinedanaë dit :

    Je n’ai pas eu envie de lire ce roman parce que je trouve que ce qu’a fait Leha à Fabien Cerutti est franchement pas terrible en restant polie. Ton article me confirme que j’ai bien fait.

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    1. Laird Fumble dit :

      Qu’est ce que Leha a fait à Fabien Cerutti, j’ai pas l’info ?

      Aimé par 1 personne

      1. Célinedanaë dit :

        Ils lui ont demandé d’écrire le roman. Puis une fois le travail fait, on ne sait pas trop pour quelles raisons mais cela n’a pas convenu et le roman est revenu à Jeanne A Debats. J’ai rien contre elle mais je trouve le procédé vraiment pas terrible.

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      2. Laird Fumble dit :

        Ah d’accord. Effectivement, sans toutes les données, ça paraît assez moyen, oui.

        Aimé par 1 personne

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