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Alternative Rock

Tornado of Souls – Megadeth (extrait de l’album Rust In Peace)

Si vous me connaissez, vous savez qu’un de mes romans favoris de tous les temps, et ce sans aucune discussion ni doute possible, est Rêves de Gloire, de Roland C. Wagner. Polyphonie, Musique, Uchronie ; liées ensemble par une talent unique.
Alors forcément, quand, au gré d’une flânerie en libraire d’occasion, je suis tombé sur un petit bouquin me promettant exactement la même chose mais sous une forme différente, je n’ai pas réfléchi ; je crois même que je m’en suis emparé de façon instinctive pour ensuite me rendre compte de ce dont je m’étais saisi.
Et maintenant, qu’est ce que j’en ai pensé ?

En préambule, je souhaiterais quand même préciser deux trois petites choses. Parce que sincèrement, pour un objet livre tel que celui-là, je l’avoue, je m’attendais à un peu plus. Certes, on a droit à quelques notes des auteurs en post-face de chacun de leurs textes, racontant leurs genèses ou leurs motivations, mais guère plus. Aucune explication de la démarche des éditeurs, du traducteur, rien. Pas une préface, pas une note d’intention. Alors venant de quelqu’un comme moi, qui prend toujours le temps de préciser que je ne lis quasiment jamais le paratexte, j’admets que c’est ironique ; mais quand même, quand la démarche est singulière, je fais des efforts, surtout quand je m’intéresse à un travail anthologique, qui plus est quand les différents textes réunis brillent par leur disparité temporelle. En effet, on a là des textes qui s’étalent à minima entre 1981 et 1998, pour autant que je puisse en juger, puisque toutes les années de parution initiales ne sont pas précisées au fil de l’ouvrage. Je ne dis pas qu’un long travail de contextualisation aurait été indispensable, mais j’avoue que j’aurais trouvé ça sympa, quand même. Histoire d’être mis dans l’ambiance, de voir ma curiosité titillée.
Mais c’est pas grave. Après tout, ma ligne, c’est les textes, et rien que les textes, normalement. Alors cessons de chouiner et mettons nous au boulot.

Le Douzième Album, Stephen Baxter
Eh bah croyez le ou non, mais c’est ma toute première lecture de Stephen Baxter ! C’est Herbefol qui va être content.
Et pour un premier contact, c’est pour le moins déconcertant. Étrange ambiance, et regard iconoclaste sur le concept d’uchronie ; nos personnages ne vivent pas une uchronie, ils n’ont qu’un objet issu de ce qu’ils devinent être une uchronie – un mythique douzième album des Beatles qui n’en ont normalement composé que onze – et tentent tant bien que mal d’imaginer les circonstances qui ont pu amener à sa création, contraire à la réalité qu’ils connaissent. Je trouve que le texte manque peut-être un poil de densité et d’ampleur, eu égard à la magnitude de ce qu’il tente de décrire au travers de l’écoute active de ses personnages, mais le concept demeure assez fabuleux, quand même, j’avoue. Le processus d’imaginer ce qu’aurait pu donner cet hypothétique douzième album en partant de ce qu’on sait des carrières solos et des dissensions entre les membres du groupe mythique, ça demande une précision d’exécution et une connaissance historique assez poussée, mine de rien ; et ça sans compter l’intégration de l’analyse que des personnages pourraient faire de tout ça.
Alors moi, j’avoue, je suis pas fan des Beatles du tout ; sans vouloir minimiser leurs contributions techniques et culturelles à l’Histoire de la musique, artistiquement, je les ai toujours trouvés un poil surcotés. Donc logiquement, un récit comme celui là, ça ne me parle qu’à moitié, vis-à-vis d’eux en particulier. Mais c’est quand même sympa comme tout, comme nouvelle ; y a une ambiance, quelque chose qui se raconte en creux en plus de la simple exploration de l’idée de base. J’aurais bien pris un peu plus de chair, effectivement, un approfondissement encore plus technique, limite, un regard moins superficiel sur tout ce que les personnages évoquent. Mais y a une certaine poésie dans l’approche douce et mélancolique de Baxter, donc je vais pas bouder trop fort. C’était chouette.

En tournée, Gardner Dozois, Jack Dann, Michael Swanwick
Alors d’un côté, j’ai appris des trucs. Je suis même assez choqué, je l’avoue, de n’avoir jamais entendu parler – ou du moins de n’avoir jamais retenu l’info – du Day the music died dont parle indirectement ce texte.
De l’autre, je trouve que l’excellent concept de cette nouvelle a été complètement gâché par ses auteurs ; il y a un côté bien trop frontal dans l’exploitation fantastique qu’ils en font. À vrai dire, on sent un peu trop que ce texte à été écrit à six mains : c’est démantibulé, ça manque de substance, de densité, et surtout de subtilité. Il aurait fallu un liant plus consistant, une ambiance plus épaisse, je crois, pour me séduire ; le même squelette d’histoire, mais pas alourdi par ses explications directes et enrichi par un jeu d’atmosphère aurait su me séduire sans le moindre doute. Les mêmes idées, même presque les mêmes scènes, mais écrites avec plus de soin, je pense que ça aurait pu donner une nouvelle plus longue – voire une novella – d’anthologie. Vraiment dommage.

Elvis le Rouge, Walter Jon Williams
Comme son nom l’indique : une uchronie gauchisante. Et c’était très cool. Si j’en aurais peut-être pris un peu plus en terme de chair et d’ampleur, je trouve qu’ici le contrat est quand même bien rempli. J’ai retrouvé ici l’approche englobante qui m’avait séduit dans La Peste du Léopard Vert du même auteur, ce côté démonstratif mais pas trop, sachant ménager juste assez de place aux enjeux plus humains pour que le concept seul ne soit pas étouffant. J’ai laissé échapper un rire satisfait à la conclusion : c’était chouette. L’exercice d’imagination à lui tout seul valait le coup.

Un chanteur mort, Michael Moorcock
Le chanteur en question, c’est Jimi Hendrix, et il est revenu à la vie. On suit son roadie personnel, Mo, qui le véhicule un peu partout en attendant qu’il se décide à se remettre à jouer. Et bien entendu, tout l’enjeu de ce texte est de jouer sur la perspective un peu hallucinée de Mo, drogué jusqu’aux yeux, fidèle à la mouvance du Rock’N’Roll de cette époque ; Moorcock nous livre donc un texte fantastique autour de la question des relations des artistes à leurs fans, dans les deux sens. Symboliquement, c’est assez cool, ça pose des questions intéressantes sur le sujet. Matériellement, encore une fois, je trouve que ça manque peut-être un peu de chair ; mais la chute est vraiment habile et le fonds de l’affaire est trop pertinent pour que je boude complètement. J’aurais sans doute plus prendre mon pied au fil de la lecture, mais j’étais curieux tout du long de voir où l’auteur voulait m’emmener, et je n’ai pas été déçu au moment d’atteindre le terminus. On peut donc avancer sans trop de souci que c’est une réussite.

Snodgrass, Ian R. MacLeod
Je suis curieusement partagé sur celle-là. La faute, sans aucun doute, au fait que je considère depuis quelques temps John Lennon comme un connard hypocrite à qui a on passé beaucoup trop de ses errements, et notamment le fait qu’il battait sévèrement sa femme avant de la quitter comme une malpropre. Du coup, forcément, même dans le cadre d’une uchronie faisant de lui le Beatle qui est parti au mauvais moment du groupe et qui se tape une vie nulle, j’ai du mal à le voir sous une lumière positive ou seulement compatissante. Et c’est encore pire quand la nouvelle qui tente cette démarche ne nous le dépeint pas de la manière la plus laudative non plus, forcément. La distance de la fiction ne permet pas toujours tout.
Après, en essayant de faire preuve d’un minimum d’objectivité, je crois quand même que cette nouvelle est la plus réussie de ce recueil ? Il y a une réelle sensibilité dans l’écriture de Ian R. MacLeod qui confère mêmes aux pires réflexions sorties de la bouche ou de la plume de son Lennon alternatif une sorte d’aigreur organique, quelque chose de lancinant, dans le genre pathétique et sincère. Et en partant du principe que les réels – et abjects – défauts de Lennon n’ont pas été transcrits dans ce Lennon là grâce à la magie de la fiction, je pourrais prendre cette version alternative en pitié et en compassion ; il y a dans ses comportements autodestructeurs une profondeur, une tristesse et des regrets palpables. Il n’y a pas plus détestable que celui qui se hait lui-même, et qui fait tout pour recevoir encore plus ce qu’il croit mériter.
C’est assez complexe à lire avec plaisir ou détente, mais techniquement, je dois bien dire que le boulot fourni par l’auteur est trop solide pour que je ne ressente pas au moins une forme de satisfaction littéraire ; d’autant plus quand je peux capter quelques références très malines au fil du récit qui lui confèrent un peu plus d’épaisseur par le biais de l’ironie dramatique.
Allez. Disons que je n’ai pas à punir l’auteur pour son choix de personnage : c’est une très bonne nouvelle.

Alors c’est sans doute mon biais très marqué envers les textes qui parlent de musique, ainsi que mon petit soft spot pour le motif de l’uchronie, mais je l’ai trouvé assez sympa, ce petit agglomérat ! Alors oui, ça manque peut-être de corps, dans l’ensemble, d’une ligne directrice ; peut-être qu’une anthologie issue d’un appel à textes aurait été dès le départ plus dense et encore plus plaisante, mais il n’empêche que les idées de base de ces textes sont quand même cools.
En tous les cas, je sais que je tiens un petit objet de collection entre mes mains avides de singularités ; même si les textes avaient été mauvais, j’aurais été content d’avoir pu mettre la main dessus. Et je ne peux pas m’empêcher de me demander si d’autres ouvrages du même genre ont pu voir le jour.
On n’en finit vraiment jamais, c’est épuisant. Mais surtout merveilleux.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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