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7 Secondes pour devenir un aigle, Thomas Day

Harvest – Nightwish (Extrait de l’album Human :II: Nature)

Je crois que des fois, il faut savoir s’écouter, et être attentif aux petits signes du destin, qu’on y croit ou non. Dans le cas présent du recueil, l’histoire est trop amusante pour que je ne la partage pas. Lorsque le confinement a été déclaré, je me suis décidé à passer une pré-commande chez les amis du Bélial, histoire d’avoir un joli colis comme cadeau personnel une fois toute cette histoire derrière nous. Je commandai donc en plus 7 Secondes pour devenir un aigle, parce que depuis Dragon, je m’étais promis de me pencher plus avant sur le travail de Thomas Day. Seulement pas de chance, rupture de stock papier. Qu’à cela ne tienne, j’attendrai, me disais-je. Mais, dans un twist que j’aimerais tellement qu’il ne soit pas fortuit, car cela le rendrait si beau, l’opération Bol d’Air est passée par là quelques jours plus tard, et voilà que le recueil est distribué gratuitement en numérique. Le téléchargement fut rapide, le sourire large. Et moi qui avait besoin d’un petit surplus de motivation pour me remettre à la lecture après un gros passage à vide, l’occasion était définitivement trop belle. Reste à déterminer si l’ouvrage était à la hauteur de ce que j’en attendais. Voyons cela.

Mais en premier lieu, un salut, encore et toujours, au talent irréel d’Aurélien Police, qui ne se contente pas d’une magnifique illustration de couverture, mais d’une illustration pour chacune des nouvelles du recueil. Des merveilles, à chaque fois, dans ce style unique qui le caractérise et me rend muet d’admiration à chaque fois. Chapeau l’artiste.
Pour ce qui est du recueil en lui même, j’ai été séduit dès la première nouvelle, et dans laquelle on retrouve en germe les thèmes commun à toute les autres. Le rapport humain à la Terre, l’écologie, donc, mais aussi notre rapport à la technologie et à la spiritualité en général. Rien de mince donc. Mais rien qui ne sache passer sous la plume érudite et sévère de Thomas Day, avec une acuité assez phénoménale, et un esprit de synthèse diablement efficace. On retrouve les mêmes qualités que dans Dragon, mais à d’autres échelles, dans d’autres univers. La principale étant son jeu avec le langage de ses personnages, changeant de ton et de vocabulaire à l’envi, dans leurs dialogues comme dans leur pensées, leur conférant un souffle assez impressionnant, une « organicité » – si je puis dire – qui donne encore plus de poids aux réflexions qu’ielles portent.

Des réflexions d’une belle richesse, oscillant entre poésie et pragmatisme, au gré des univers de science-fiction visités, nous confrontant à chaque fois à nos ambitions et aux résultats de ces dernières. Le constat est amer, rarement optimiste, mais laissant tout de même des ouvertures à des hypothèses plus heureuses, faisant finalement plutôt office d’avertissement. Comme autant d’appels à ne pas céder à l’appel de la fatalité ou du fatalisme, en faisant presque les deux faces d’une même pièce, celle d’une prophétie auto-réalisatrice dont nous serions nous-mêmes les hérauts résignés. À cet égard, certains indices sont semés, ça et là, pour nous donner des solutions, ou tout du moins des débuts de solutions, à la fois pour ne pas céder, et pour peut-être, à terme, surmonter ces obstacles que nous nous sommes échinés à créer au fil des siècles. Il ne s’agit pas de condamner nos errements, mais de réfléchir à comment en revenir. Une sorte de regard intransigeant dans le miroir, pas agréable, loin de là, mais nécessaire.

Et puisqu’il faut bien parler de ce qui n’est pas agréable, il me faut quand même soulever un point important à mes yeux, qui, bien qu’il n’ait pas gâché ma lecture à proprement parler, m’a tout de même fait soulever plus d’une fois un sourcil extrêmement dubitatif. À savoir la fascination de Thomas Day pour les pulsions sexuelles de ses personnages. Pas une seule des nouvelles n’y fait exception. Toujours au moins un passage où l’un des personnages y fait référence, en acte, en pensée ou par la parole, toujours de façon directe, crue, voire vulgaire pour certains. Et bien que je ne me taxerais sans doute pas de pudibond, il me faut bien m’interroger sur la nécessité apparente de ces séquences, car je n’en suis absolument pas convaincu ; là est ma gêne. Si certaines de ces réflexions faisaient complètement sens au sein de certaines des nouvelles, ajoutant à l’atmosphère générale une couche de complexité et de psychologie bienvenue, pour certaines autres, je réserverais mon jugement à une explication de l’auteur. Je pourrais concevoir qu’on y trouve une strate supplémentaire de réflexion sur la nature humaine, mais certains thèmes me semblaient suffisamment graves et profonds en eux-mêmes pour ne pas nécessiter l’ajout du sexe et de nos pulsions les plus primaires pour les approfondir ; surtout de cette façon. Dans le contexte actuel, il faut bien dire que je m’interroge.

Mais que cela ne vous rebute pas, on peut éventuellement y voir une sensibilité personnelle exacerbée par les circonstances ou des questionnements qui me sont propres en ce moment précis. Le recueil demeure très bon ; à l’instar de Dragon, il pose de bonnes et dures questions. Certaines résonnent encore plus particulièrement et demeurent d’une actualité brûlante, comme d’autres continuent de nous projeter loin vers l’avenir et nous exhortent à ne pas perdre de temps sur ce que nous voulons faire de notre civilisation. Thomas Day demeure un auteur à lire, autant pour sa plume que pour sa capacité à nous taper derrière la tête avec en nous demandant à quoi on rêvasse. C’est rarement simple, ce serait même assez douloureux par moment, mais ce n’est jamais vain.
Ce serait même plutôt salvateur.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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