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Ce qui vient la nuit, Julien Bétan – Mathieu Rivero – Melchior Ascaride

Flies – Mono Inc. (extrait de l’album Welcome To Hell)

Après Les Petits Dieux et son article du Tour du Disque, j’avoue que j’avais besoin de quelque chose d’un peu plus léger avant de passer à autre chose, surtout en terme de volume ; que ce soit à la lecture comme à la chronique. Ce qui vient la nuit s’est presque imposé tout seul à mon esprit. La Bibliothèque Dessinée s’étant déjà inscrit dans mon imaginaire comme une référence de qualité dans laquelle je pourrais toujours trouver quelque chose d’intéressant, je m’y suis plongé avec plaisir. Et je n’en suis quasiment pas ressorti avant de l’avoir fini. C’est toujours un très bon signe.
Un augure qui s’est bien entendu réalisé : j’ai adoré. Et je m’en vais vous dire pourquoi.

Le Seigneur Jildas revient des croisades dans son fief breton, retrouvant avec bonheur sa femme, Clervie, et la vie du village qui dépend de son autorité. Mais s’il souhaite bien que ce retour se passe sous les meilleurs auspices, il sent que quelque chose ne va pas. Serait-ce la présence de Marie de Bretagne, poétesse guerrière aux motivations nébuleuses, ou les rumeurs d’une malédiction pesant sur la région ?

Commençons, si vous le voulez bien, par le morceau de choix de cette novella, à savoir, une fois de plus, le formidable travail d’illustration de Melchior Ascaride ; car si ce dernier était déjà remarquable dans les autres ouvrages où j’ai pu en être témoin, il gagne un supplément de compliment pour ce volume précis. Dès la première page, je me suis surpris à tendre la main pour tenter de toucher une illustration afin de vérifier qu’elle n’était bien qu’en deux dimensions. Au-delà de la qualité constante de ses dessins, Melchior Ascaride leur ajoute ici la qualité de l’épaisseur, qui n’a cessé de m’émerveiller tout le long du récit. Beaucoup des dessins se découpent du texte encore plus profondément qu’à l’accoutumée et lui confèrent donc un supplément d’âme absolument magnifique, surtout quand il s’agit de s’exprimer à la place du texte lui-même. À cet égard, en soi, rien de neuf, le travail éditorial effectué par les Moutons Électriques est toujours superbe et joue merveilleusement bien sur les contrastes, la forme du texte et la manipulation du livre lui-même, où la forme est interdépendante du fond. Cependant, je voulais adresser cette révérence spécifique à Melchior Ascaride, dont le talent je crois était encore plus criant ici qu’à l’habitude.

Ce qui n’est pas pour minorer le travail de Julien Bétan et Mathieu Rivero, loin de là. Si j’avais été un peu mitigé sur Tout au milieu du monde, mon avis est ici bien plus tranché, dans le meilleur sens qui soit. Grâce peut-être, dans un premier temps, à une narration plus classique et à des thèmes avec lesquels j’étais plus à l’aise. Mais certainement grâce au déroulé de l’intrigue, à son habileté et à se malice. Je l’ai déjà dit, je n’aime jamais autant le fantastique que quand il joue sur le doute, l’équilibre entre un récit factuel et un récit plus allégorique. Et de la même manière j’adore quand les récits savent s’hybrider, jouer entre les genres sans vraiment en choisir définitivement. Et ce texte en est un parfait exemple, alternant les scènes directes ne laissant aucune place au questionnement et des scènes bien plus nébuleuses, laissant place à une certaine interprétation, se détournant des certitudes qu’offrent un peu trop souvent des récits de ce genre ; tout en jouant à être autre chose que ce qu’il semble être. En ce sens, j’ai particulièrement apprécié la chute, qui, plutôt que s’enfermer dans un des deux choix évidents proposés habituellement dans une situation comme celle qui nous est narrée, choisit une troisième voie. Cette dernière, en plus d’être très maline, se paie le luxe d’être complètement cohérente avec le reste du récit et d’y ajouter une certaine poésie très agréable, laissant une part d’interprétation là où tout n’est pas clairement dit.

Un beau concentré de talent, voilà Ce qui vient la nuit, encore une très belle création rendant honneur à la collection qui l’accueille en son sein. Un récit original, parsemé de malices, magnifiquement mis en valeur par un travail éditorial et illustratif titanesque, dont le résultat me sembler largement égaler l’ambition. Il ne s’agit pas que de déconstruire des tropes, il s’agit de le faire bien, en y ajoutant un réel supplément d’âme. Aucune raison donc de bouder son plaisir, certainement pas. Une grande réussite. Il ne me reste plus qu’à sonder le reste de cette collection et d’en attendre (impatiemment) les prochaines parutions.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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