
Gotta Do Something – Flor (extrait de l’album Future Shine)
Douce reprise en douceur sur le blog, pas tant dans la contenu que par le contenant. 1115, évidemment, le luxe de la confiance et d’un volume limité mais toujours qualitatif ; avec souvent quelque audace éditoriale qui ajoute une certaine plus-value. Sans compter un autre avantage non négligeable pour moi ; les occasions systématiques d’introductions qui ne prennent pas trop de votre temps ou du mien, à saisir sans hésiter. Lire du 1115 est toujours une bonne idée, donc pas la peine de chercher une quelconque justification au-delà de mes envies ou de mes besoins du moment.
Allons-y donc.
Cent Gouttes d’Acide, cent micro-nouvelles.
De toute évidence, il me faut signaler que ma façon d’aborder l’ouvrage n’a pas été la bonne, bien que je le sache avant même de l’entamer ; mais mes habitudes de lecture sont tenaces, et je n’aime ni n’arrive à jongler entre plusieurs lectures sans le sentiment d’y perdre quelque chose. Ce qui ne sied guère, évidemment, à un ouvrage qui je pense se destine plutôt à être dégusté sur le temps long, un ou deux textes à la fois, de temps en temps, comme un paquet de bonbons. Sachant cela, mon léger sentiment d’indigestion s’explique autant qu’il s’ignore une fois l’ouvrage refermé, tout comme mon impression d’une certaine foisonnance nocive à l’aune dudit ouvrage. Quand bien même j’ai ressenti un certain souci de cohérence globale, cela n’est dû qu’à un enchaînement trop rapide de ma part interdisant à chacun de ces textes de se reposer correctement, de vivre justement son temps ; en tout cas c’est ce que je crois.
Mais voilà, ayant écarté les problèmes qui n’en sont pas vraiment, ces Cent Gouttes d’Acide sont un délice d’humour noir à parcourir, variant les plaisirs entre textes à chutes, blagues construites sur des structures diverses et expériences de pensées lorgnant volontiers du côté de l’Imaginaire, tout ce que j’aime. Alors forcément, avec 100 textes au compteur, tout n’est pas au même niveau de réussite ou – oserais-je – d’ambition. L’ensemble fonctionne quand même très bien, sous-tendu par un même ton acide (de fait) et une assez belle gestion du timing dans l’écriture ; seulement tempérée à mes yeux par un dommageable manque de sobriété stylistique, une certaine tendance à parfois en faire un tout petit peu trop, gâchant certains effets ou créant la frustration par le manque obligatoire. Par ailleurs, cependant, si je continuais à oser, mais dans un registre plus positif, j’irais jusqu’à avancer que ces micro-nouvelles vont piocher une partie de leur inspiration dans les Idées Noires de Franquin. En tout cas j’ai ressenti à plusieurs moments une certaine proximité de ton et de concepts, ce que je ne peux formuler que comme un compliment, évidemment.
Globalement, le bilan est bon. Très bon, même ; si je pinaille, c’est parce que j’ai ressenti une certaine marge de progression, aussi condescendant que ça puisse paraître. C’était bon, mais ç’aurait sans doute pu être encore meilleur avec juste quelques ajustements ou une écriture plus maîtrisée, mature. Demeure que pour quelqu’un·e de moins difficile ou pinailleur que moi, une petite micro-nouvelle par-ci par-là, ça devrait être un plaisir régulier, donc je recommande avec beaucoup moins de réserves que ce que cette chronique pourrait laisser penser.
D’autant plus avec la plus-value habituelle de l’édition à la sauce 1115, qui ajoute le plaisir des yeux à celui de la seule lecture, et ce petit je-ne-sais-quoi qui leur est propre et que j’aime tant, un supplément d’âme rare. Une preuve de plus s’il en fallait une, démontrant que le texte soit long ou bien qu’il soit court, l’important est de toujours lire entre les lignes. (*WINK WINK*)
Je me tiens donc prêt à ce qu’une autre éventuelle giclée d’acide nous parvienne, pour voir si mon jugement est juste ou non.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉