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U-H-L#21 – L’enfance attribuée, David Marusek

Blah Blah Blah – Be The Wolf (extrait de l’album Rouge)

La Collection Une-Heure-Lumière, pourvoyeuse de parjures en vœux d’austérité littéraire. Je m’étais promis de ne pas lire jusqu’au début de la semaine prochaine histoire de me reposer un peu les neurones ; il aura suffit que je range une partie de ma PàL et d’avoir une heure et demi devant moi pour me dédire. Alors j’ai pris le premier UHL de la pile, et voilà. C’est venu comme ça, c’est reparti de la même manière. Sans rancune, notez bien, évidemment ; c’est que je l’aime d’amour, cette collection, il fallait au moins ça pour créer chez moi cette pulsion aussi glorieuse qu’inattendue. Parce que malgré quelques écueils ça et là dans notre parcours commun, la confiance est désormais éternelle, et chaque nouveau numéro est un potentiel bonbon de lecture à dévorer ou déguster.
Celui du jour est doux-amer, avec des arômes subtils, idéal pour une fin d’après-midi ensoleillée.

En fait, pour le dire d’emblée, si j’ai aimé ce texte, c’est avant tout pour sa construction extrêmement maline et terriblement efficace. Sous couvert de nous raconter les affres d’une vie de couple agitée dans une optique d’anticipation, David Marusek, avant tout, nous fait le portrait du monde dans lequel nos protagonistes évoluent, au travers du leur. Une méthode qui a fait ses preuves et n’est pas en soi réinventée par l’auteur, mais qui marche ici particulièrement bien parce que l’équilibre me semble idéal. On s’attache autant aux atermoiements intimes du narrateur qu’au contexte singulier qui l’y mène, donnant autant envie de savoir où tout cela va le mener que de quelle manière, et en suivant quel chemin. J’ai à cet égard particulièrement apprécié que David Marusek nous prenne si peu par la main, nous laissant le soin d’interpréter bons nombre d’éléments comme on le souhaite avec la seule aide du contexte et la liberté accordée par notre imagination. Une manœuvre narrative délicate qui peut sans doute laisser quelques lecteurices sur le bord du chemin, mais qui me semble là aussi être gérée à la perfection, à l’équilibre.

Alors pour pinailler, comme à mon habitude, je pourrais dire que j’ai trouvé le style parfois un peu étrange, presque bancal, ne sachant trop si c’est dû à une difficulté lors de la traduction ou à des choix originaux discutables, ou que le titre en VF me semble se concentrer sur les aspects secondaires du récit, mais c’est sans doute très personnel, et peu important. Dans l’ensemble, il faut surtout saluer un texte qui respecte parfaitement ses ambitions, dépeignant un futur particulier avec beaucoup de crédibilité et une parfaite économie de moyens ; beaucoup de choses sont savamment dites entre les lignes sans avoir à verser dans le didactisme. Avec d’autant plus de verve et de malice que le cadrage ne prononce pas réellement de jugement sur la nature dystopique ou idéaliste du monde de 2092 – même si bon, j’ai mon idée là dessus – mais pose habilement bon nombre de questions, tout à la fois sur les racines de ce monde, ses problèmes ou les solutions qu’il faudrait ou non y apporter. Et j’aime bien, beaucoup, même, cette SF qui pose les questions sans y répondre directement, mais en fournissant des éléments de réflexion à son lectorat.

De la très bonne ouvrage, en somme. Technique sans être aride, émouvant sans verser dans le pathos, engagé sans être trop militant ; encore une novella de qualité venant grossir les rangs du tout venant de l’excellence de cette décidemment formidable collection Une-Heure-Lumière. Et voilà, que dire de plus, à force, hein, franchement ?
Les UHL, c’est bon, mangez-en.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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