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U-H-L #45 – Rossignol, Audrey Pleynet

Soarele şi Luna – Pasha Parfeni

Rien de mieux, dans des moments de doutes sur ses lectures futures, que de recevoir les dernières sorties en date de la merveilleuse collection Une-Heure-Lumière de la part du Bélial’. Comme toujours, qu’il soit dûment remercié de sa générosité. C’est d’ailleurs d’autant plus plaisant que les sorties en question me faisaient envie, et pas seulement grâce aux légendaires efforts d’Aurélien Police à l’illustration, qu’il faut toujours rappeler. Mais surtout parce que j’étais curieux du travail d’Audrey Pleynet, dont l’évocation seule du nom a semblé provoquer de nombreuses réactions enthousiastes dans ma communauté de veille. Choix logique pour commencer ma découverte du cru nouveau.
Et bon. Disons que je comprends l’enthousiasme, mais j’ai du mal à le partager. Disons que cette novella est bonne, mais que si j’ai été somme toute été convaincu, je n’ai pas été séduit. Et je sais, je me répète, à force ; c’est probablement encore plus pénible pour moi que pour vous. Tachons d’expliquer tout ça.

Alors commençons par ce qui fonctionne, voulez-vous. Parce que oui, quand même, pour l’essentiel, cette novella fonctionne, et pas qu’un peu. Conceptuellement parlant, d’abord, c’est très costaud ; l’idée centrale sur laquelle repose tout le récit est foutrement classe et alimente constamment le plaisir de découverte par un indéniable sense of wonder et un certain goût de mystère. Par petites touches ou par évocations plus denses, Audrey Pleynet nous décrit en creux un univers assez passionnant, à la fois pour lui-même et pour les reflets qu’il nous renvoie, faisant vivre son concept comme une partie de ses ramifications possibles au travers de la trajectoire éclatée de son personnage principal. Et franchement, si ce n’était que ça, je pourrais dire qu’il y a là tout ce qu’il faut pour me plaire en tant que lecteur : c’est intelligent, évocateur, et d’une certaine façon assez original. Mais il n’y a évidemment pas que ça, sinon je n’aurais pas construit cette chronique comme ça. Le fait est que je formule ces compliments depuis l’autre côté de ma lecture : si le fonds a fini par me convaincre, il a fallu que je me batte un peu trop contre la forme de Rossignol pour pouvoir être réellement enthousiaste.

Parce que j’ai malgré tout le sentiment latent et un peu gênant que ce récit a été construit à l’envers. Et j’évoque par là ce problème que je rencontre de plus en plus souvent avec l’éclatement chronologique de certains des textes que je lis, auquel je n’arrive pas toujours à trouver une véritable justification ou un usage autre que purement stylistique, et donc superfétatoire, parce que créant plus de confusion qu’autre chose. Honnêtement, pendant la première moitié du récit au moins, j’étais plus occupé à remettre les événements narrés par la protagoniste dans l’ordre qu’à comprendre exactement quel était l’enjeu réel du texte, perdu entre les évocations de personnages pas encore présentés ou de problématiques floues ; sans parler de certaines contorsions textuelles ou narratives pour ne pas vendre trop tôt la clé de l’énigme. Énigme dont j’ai d’ailleurs compris trop tard qu’elle existait en tant que telle, au moment de la révélation de sa solution ; puisque j’étais jusque là trop concentré sur la compréhension des événements eux-mêmes, mêlés aux termes science-fictifs volontairement et logiquement nébuleux émaillant le récit.

On en revient finalement, comme souvent avec moi, à un certain attachement à une forme de classicisme littéraire. J’aime quand les choses sont faites simplement, ou alors avec suffisamment d’éléments justifiant d’une manière ou d’une autre la casse des conventions. Ici, je dois dire qu’en dépit d’une intention de base réellement séduisante, l’exécution formelle décidée par l’autrice n’est pas parvenu à trouver son rythme à mes yeux. Elle multiplie des allers et retours temporels qui n’ajoutent pas grand chose à la trame initiale pourtant excellente en elle-même, densifiant artificiellement un récit qui aurait sans doute gagné à être épaissi autrement ; rendant ainsi hommage à son évidente et magnifique profondeur. Et puis par ailleurs, mais c’est complètement personnel, je n’ai que peu goûté la plume d’Audrey Pleynet, un peu trop régulièrement ampoulée à mon goût, tentant d’instiller trop de figures de style à un texte qui je pense aurait été là aussi plus efficace en étant plus sobre.

En bref, on est dans le cas typique où tout le fonds est bon mais la forme crée de mauvaises circonstances pour une rencontre optimale, et on se retrouve de fait avec une certaine incompatibilités d’humeurs. Audrey Pleynet, je crois, à voulu écrire un récit humain et touchant autour d’un concept de SF, là où l’évocation seule de ce concept m’a fait miroiter des événements et des réflexions qui ne l’intéressaient sans doute pas autant que moi, ou alors d’une façon plus superficielle et évidente. Et à ce compte là, malgré mes reproches, je dois admettre que c’est sans doute réussi. En tout cas, je ne peux pas décemment dire que cette novella fut mauvaise ni même médiocre, ce serait complètement abuser : le standard est bon. On se retrouve encore dans une configuration où mon regard dépassionné et analytique me condamne à rater des émotions et qualités que d’autres accueillent plus aisément, là où je vois et m’arrête sur… d’autres choses. Encore.
Mais tout ceci étant dit, je suis curieux, maintenant. Je me dis que le travail de l’autrice peut avoir d’autre angles d’attaque, de quoi me convaincre autant que me séduire, avec un dosage un tant soit peu différent. C’est toujours ça.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

5 comments on “U-H-L #45 – Rossignol, Audrey Pleynet

  1. C’est assez tentant, ça me rend justement curieuse de découvrir la forme (j’aime bien voir par moi-même ce que les gens apprécient moins pour mieux comprendre pourquoi). Ce ne sera pas tout de suite mais, comme de nombreux titres de UHL, c’est dans ma liste 😉

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Après, il me semble que je suis en train de développer une forme d’hypersensibilité à l’éclatement temporel dans mes lectures, donc il est fort possible que l’audace dont je parle n’en soit pas une pour grand monde : il apparaitrait que je sois plutôt dans la minorité vis-à-vis de ce texte. Si je suis plutôt tiède quoique convaincu, la majorité semble crier au chef d’œuvre.
      J’espère que ça te plaira ou que tu y trouveras du grain à moudre, au minimum. =)

      Aimé par 1 personne

      1. J’ai effectivement vu quelques retours assez dithyrambiques mais j’ai justement tendance à me méfier un peu quand c’est trop, du coup, des retours comme le tien viennent contrebalancer tout ça et ça fait du bien. Maintenant, c’est sûr que si je peux aimer au point de crier, à mon tour, au chef-d’œuvre, ce serait chouette mais, si je passe un bon moment de lecture, ce sera déjà ça 😉

        Aimé par 1 personne

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