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Scholomance T2 – Promotion Funeste, Naomi Novik

Stand Up (feat. Shawna) – Ludacris (extrait de l’album Chicken-N-Beer)

J’en ai beaucoup voulu à la Poste pendant quelques temps ; parce que mon premier SP du roman du jour a semble-t-il été perdu en route, me forçant à en quémander un second. Déjà que je suis généralement réticent à faire ce genre de demande, ça vous situe l’importance de ce bouquin à mes yeux. Puisqu’en effet, après ma découverte ultra-enthousiaste d’Éducation Meurtrière, j’étais comme qui dirait turbo-méga-chaud-of-doom pour lire la suite. D’autant plus enthousiaste, d’ailleurs, que mon envie découlait pour une fois plutôt d’un réel et viscéral kiff plutôt que d’une sorte d’intellectualisation progressive de ma lecture ; s’il est besoin de le repréciser, il est rare pour moi de pouvoir constater que mes réflexes analytiques sautent au profit d’un plaisir brut. Une fois mon nouvel exemplaire reçu, je n’ai dons pas perdu mon temps à le dévorer.
Et le résultat est assez amusant à décortiquer. D’un côté, l’absence de l’effet de surprise initial m’a fait me dire qu’on était dans une continuité tout à fait acceptable quoique un poil tiède, et de l’autre, pas du tout. Et de fait, Promotion Funeste constitue une suite absolument parfaite à mes yeux. Et je suis très content, parce que j’ai des choses nouvelles à dire.
Lezzgo.

L’évidente continuité, d’abord. Je ne vais pas dire que j’ai été déçu, non non. Certainement pas. Mais dans l’optique fort logique d’un deuxième tome commençant dans la droite lignée chronologique et thématique de son prédécesseur, j’étais directement en terrain familier, et des attentes avaient été créées, forcément. C’est pour ça que je parle d’absence d’effet de surprise ; c’est toujours l’équation insoluble qui se pose pour un·e auteurice au moment de faire avancer un récit au delà de sa mise en place initiale. Reprenant là où elle s’était arrêtée, Naomi Novik ne peut pas subitement rebattre les cartes sous peine de voir son récit trembler sur ses fondations. Donc pendant un gros tiers de ce deuxième tome, tout en me régalant toujours des frasques de Galadriel Higgins et de ses petit·e·s camarades, je devais composer – sans trop de souci – avec un certain sentiment de déjà-vu. Je le savais avant même d’ouvrir ce bouquin, ceci étant dit : il allait bien falloir, à un moment, changer un minimum la donne pour entretenir la flamme et ne pas tomber dans un récit ronronnant et prévisible. Mais l’autrice n’étant clairement pas médiocre ou ignorante de cette nécessité, la question pour moi n’était pas tant de savoir si cette donne allait effectivement être changée, mais plutôt comment.

Et c’est là que je suis absolument ravi. Parce que je valide absolument tous les choix de Naomi Novik. Toute sa malice et son intelligence, à mes yeux, est d’avoir réussi à effectuer avec un timing absolument impeccable un pivot thématique et narratif d’ampleur au sein de sa trilogie afin d’en montrer toute l’ambition. Une ambition que je trouve absolument brillante ; pas tant pour son audace ou sa subtilité, que pour sa simple force. Car si j’ai parlé du premier tome de Scholomance comme d’un divertissement éclairé, à savoir un travail littéraire avant tout orienté vers du fun décomplexé mais conscient de ses limites, et que je maintiens cette position, je pense que c’est un peu moins vrai à propos de ce deuxième tome. Et que ce ne sera probablement pas vrai à l’échelle de la trilogie toute entière ; disons que c’est très agréablement plus compliqué que ça. Effectivement, je me suis tout autant que la première fois laissé porter par les événements, tournant fiévreusement les pages avant tout pour savoir ce qui allait se passer, mais mon esprit s’est quand même échauffé en arrière-plan, au bout d’un moment. Ce que j’avais pris pour des petits bouts d’intentions cachées dans le premier tome n’étaient en fait que les prémisses d’une intention plus grande, il me semble, et je trouve ça proprement réjouissant.

Puisqu’à l’instar de notre héroïne et de sa maturation personnelle, le récit évolue également dans ses ambitions et ses propositions. Naomi Novik réussit un truc très très cool et pas facile dans ce tome – je m’en rends compte alors que je rédige ces lignes – à savoir aligner sa narration, son intrigue et ses thèmes pour les faire grandir et muter en même temps. Alors que Galadriel grandit et cesse de s’enfermer dans ses schémas auto-destructeurs, acceptant l’idée d’avoir des ami·e·s et des rêves, le droit à une vie, ses objectifs et ses méthodes changent ; ce qu’on ressent du coup par ricochet dans sa façon de raconter les choses, et dans les thématiques qu’aborde le récit tout entier. Naomi Novik savait probablement qu’avec un personnage comme Galadriel, il serait aisé de tomber dans le piège d’une prophétie avec un élu, et tout ce que ça suggère de facilités scénaristiques et de lassitude à la lecture : elle a donc décidé de prendre le contre-pied de cette idée en mutualisant les efforts, en désindividualisant les exploits. Tout le message et la force du récit ne découle pas de la force singulière de notre héroïne, mais de sa capacité à accepter qu’elle ne peut pas faire les choses toute seule, ne serait-ce que parce qu’elle ne peut pas être douée en tout ; en dehors de ses capacités uniques, le reste est à la charge de son entourage, dans la diégèse comme dans la narration.

Et du coup, on se retrouve avec un récit qui parvient assez merveilleusement à allier un récit de divertissement réjouissant avec une allégorie socio-politique impeccable. Renversante ou révolutionnaire, probablement pas, pour qui a un minimum de bagage politique ou militant. Mais absolument inspirant, oui, sans aucun doute, que ce soit humainement ou littérairement. Parce qu’alors, toutes les interrogations un peu mesquines que je pouvais avoir à propos du système de l’univers construit par Naomi Novik prennent un sens différent. C’est vrai ça, pourquoi est-ce qu’on laisserait perdurer un système aussi clairement inéquitable, violent et producteur de drames alors qu’on a tant de merveilles à portée de main ? Pourquoi les enclavés profiteraient plus des bienfaits de la magie que les autres ? Tout ces petits pourquoi qui pourraient vous faire dire que Scholomance n’a aucun sens, vous pouvez les transposer à la vie réelle, à mon sens. Absolument tous. Et dès lors, la démonstration devient aussi féroce que merveilleusement mordante. D’autant plus en considérant les décisions prises par Galadriel et son entourage et la direction prise par l’ensemble du récit, résonnant autant comme un joyeux cri de révolte que comme une sorte d’ode forcenée à l’espoir. J’aime bien cette énergie : ouais, c’est grave la merde, mais c’est pas une raison pour pas faire les bonnes choses qu’on pourrait faire. Il n’y a pas de raison de laisser perdurer un système qu’on trouve injuste si on a les moyens de le changer, au moins un peu, ou au pire de le bousculer.

Encore une fois, c’était beaucoup trop bien. Naomi Novik a non seulement réussi à éviter tous les pièges, mais en plus elle a réussi à agréablement me surprendre, à plus d’un titre. Comme toute trilogie bien écrite, on est dans une œuvre globale qui sait clairement où elle va dès le départ et nous offre donc le luxe d’une évolution thématique et narrative progressive, permettant la continuité sans la prévisibilité somnifère. Pour tout dire, si j’ai terminé le premier tome en étant convaincu de savoir comment cette suite allait se passer, j’ai refermé ce deuxième volume en étant ravi de constater que je n’avais aucune foutue idée d’où tout cela pourrait bien aller. C’est parfait, absolument parfait. Le genre de petit bijou en adéquation absolue avec mes envies et mes besoins. Malin, fun, rythmé, équilibré. J’en reprends quand vous voulez, du comme ça.

C’est loin, la sortie en poche du T3.
Cruelle vie.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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