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Jardins de Poussière, Ken Liu

Looking For Tracy Tzu – Carpenter Brut (Extrait de l’album Trilogy)
White Noise – Flor (Extrait de l’album ley lines)
Fine – Mike Shinoda

« Il y a bien des façons de dire je t’aime dans cet univers froid, et sombre, et muet. Autant de façons que d’étoiles au firmament. »

Ce n’est pas comme cela que s’ouvre le dernier recueil de nouvelles de Ken Liu, publié chez Le Bélial. Mais en citer un extrait, issu de la plume de l’un des auteurs que je considère désormais comme majeur dans mon panthéon personnel me paraissait approprié. Ma première rencontre avec Ken Liu date de ce jour béni où j’ai décidé de faire confiance à un bandeau « Grand Prix de L’Imaginaire » autour d’un FolioSF à la couverture intriguante.
Dans cette chronique, je veux juste essayer de trouver autant de façons que possible de dire à Ken Liu et tous ceux et celles qui m’ont permis de le lire et me permettront de le lire que je les aime, et pourquoi.

Commençons par le plus évident. Encore une fois, le travail éditorial est d’une propreté remarquable, et la couverture d’Aurélien Police une merveille (je n’essaie même plus de faire semblant d’être surpris à ce stade). Un tout petit peu moins évident mais plus important à mes yeux, Pierre Paul Durastanti, qui avec son travail seul sur La Ménagerie de Papier, m’avait fait me rendre compte de l’importance vitale du travail des traducteurs.
Un grand coup de chapeau à toute l’équipe donc, car il n’est jamais aisé de créer un objet livre à la hauteur de son contenu, surtout en traduction, mais le défi est relevé avec classe, grande classe. En témoigne l’émouvant et chaleureux hommage de l’auteur lui même dans l’avant-propos à tous ceux et celles avec qui il a travaillé, faisant preuve d’une humanité touchante et d’un respect pour le moins inspirant.

Mais attaquons le vif du sujet, voulez vous. Encore une fois, s’agissant d’un recueil de nouvelles, au nombre de 25, il ne me sera pas utile ni souhaitable de toutes les résumer et les juger une par une. Tout d’abord pour préserver le plaisir de la découverte totale pour celles et ceux qui voudraient s’y plonger, mais aussi parce que pour moi l’essentiel n’est pas dans une quelconque analyse. Mon envie se résume à celle de partager les émotions qui ont pu être les miennes au fil de cette lecture.
D’abord, l’anticipation. La Ménagerie de Papier était sans doute une des plus grosses baffes littéraires que j’ai reçu ces dernières années, principalement pour l’incroyable et unique capacité de Ken Liu à écrire entre les lignes. Une aptitude que je n’ai croisé nulle part ailleurs ; à savoir écrire dans un volume limité une infinité de détails et de données permettant au lecteur de recevoir une quantité folle d’informations. Autant dire que de voir émerger un nouveau recueil était une des grandes nouvelles de cette année pour moi. Je n’ai certainement pas été déçu.
Car si ce premier recueil était exceptionnel, exempté peut être d’une ou deux nouvelles un peu plus faibles mais ne gâchant certainement pas l’ensemble, Jardins de Poussière confine au chef d’oeuvre.

Le recueil voyage entre les différents genre de l’Imaginaire, alternant des nouvelles graves et moins graves, parfois légères, jamais vaines. Si la première nouvelle m’a mis les larmes aux yeux, touché que je fus par une poésie rare, certaines m’ont fait mettre le livre de côté quelques minutes, le temps de me remettre d’un concept, d’une chute, d’une réflexion puissante ; avec toujours à l’esprit l’impression tenace d’être en présence d’un véritable génie littéraire. Un terme que je manie toujours avec d’infinies précautions, car le terme me paraît un peu galvaudé. Mais je pèse mes mots ici.
Réussir, comme le fait Ken Liu, à présenter dans des formats courts, des situations et des personnages souvent complexes, avec une clarté totale, tout en se permettant le luxe d’y insinuer une émotion puissante, sans jamais se compromettre dans les clichés ou un pathos affligeant, cela ne confine qu’au génie littéraire, pur et simple.
Si je reconnaissais la moindre légitimité au Nobel de Littérature, et si je ne devais faire campagne que pour un auteur, ce serait Ken Liu.
Peut être faut il voir ici une connexion toute personnelle avec l’univers littéraire de cet auteur somme toute atypique, mais il ne me semble jamais en avoir croisé un comme lui, capable de poser en aussi peu de pages autant de questions légitimes, campées par des personnages aussi conscients que les siens, sans porter le moindre jugement de valeur à travers ses mots ; nous amenant à une identification rapide, et par la même occasion à une introspection systématique. Combien de problématiques modernes interroge-t-il ainsi au fil de ce recueil, sans jamais être docte, donner de réponse facile, juste des éléments de réflexion incroyablement pertinents ? Je n’ai même pas essayé de compter, La Ménagerie de Papier m’avait vacciné.
On retrouve entre les deux recueils des traits communs, l’héritage sino-américain, les racines, ce qu’elles sont et ce qu’elles disent de nous, comme la question de l’Histoire ou de la famille. On retrouve cette plume unique, qui sait tout à la fois suspendre le temps quand il faut saisir un instant, une émotion, pour nous laisser l’opportunité de l’absorber au mieux, se faire dure lorsqu’il le faut, ou bien se faire un peu plus pédagogue lorsqu’il faut préciser quelques points plus scientifiques. Sans jamais nous perdre en chemin.
Tout transpire d’une humanité rare, d’une sagesse, d’une humilité qui forcent le respect. On aurait presque l’impression que la maïeutique a trouvé un nouveau maître, et une nouvelle méthode. Une sorte de mix improbable entre Socrate et Maître Yoda.

Je pourrais sans doute aller plus loin dans l’éloge mais lorsqu’on cite Star Wars, c’est qu’il est sans doute temps de raccrocher. Je n’aime jamais autant la littérature que lorsqu’elle me pousse à m’interroger sur moi même, sur ce que je suis et ce que je veux, ce que j’attends du Monde. Ken Liu a une capacité absolument unique à interroger le monde qui nous entoure et que nous construisons pour nous même en nous amenant ailleurs, dans l’espace ou dans le temps, sans jamais s’installer autrement qu’à notre niveau, faisant le voyage à nos côtés.
Je conclue en citant tout de même mes quatre nouvelles préférées du recueil :
– Jardins de Poussière
– Souvenirs de ma Mère
– Empathie Byzantine
– Noeuds
Vous m’en direz des nouvelles.

Au plaisir de vous recroiser,
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

4 comments on “Jardins de Poussière, Ken Liu

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