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U-H-L #6 – L’homme qui mit fin à l’Histoire, Ken Liu

Policy Of Truth – Depeche Mode (extrait de l’album Violator)

J’ai déjà exprimé sur ce blog l’immense respect que j’éprouve pour Ken Liu, notamment au travers de ma chronique sur ses Jardins de Poussière. Mais un auteur n’est pas qu’une seule de ses oeuvres, surtout quand on parle d’un génie tel que lui. Il était donc plus que temps que je parle de cette novella, qui partout où je l’ai vue passer, a laissé une trace indélébile. Je ne vais même pas essayer d’édulcorer mon avis pour ménager un quelconque suspens, qui serait aussi insultant pour vos intelligences qu’inutile. Ce bouquin est un absolu chef-d’oeuvre. Le travail auquel je compte m’astreindre ici, ce sera uniquement de vous en dire le moins possible, mais de vous convaincre de le lire à votre tour si ce n’est pas déjà fait ; ne serait-ce que pour cette couverture d’Aurelien Police. Franchement.

L’homme qui mit fin à l’Histoire se présente sous la forme d’une transcription à l’écrit d’un documentaire racontant a posteriori l’invention et l’exploitation d’une méthode de voyage dans le temps par un couple de scientifiques aux origines dispersées entre Etats-Unis, Chine et Japon. Seulement, cette méthode ne permet que d’observer, pas d’influer sur la période choisie, et surtout, ne permet d’y voyager qu’une seule fois. Le couple, dont les histoires communes les ramènent tous les deux à vouloir explorer leurs passés croisés, décide d’explorer plus avant les agissements de l’Unité 731 durant l’occupation de la Chine par le Japon, entre 1932 et 1945 ; en y envoyant les descendants des protagonistes de l’époque pour recueillir leurs témoignages.

Ken Liu frappe encore, par cette incroyable capacité à synthétiser une idée d’une complexité folle, aux ramifications infinies, pour malgré tout la concentrer sur une problématique précise, sans nous perdre ni se perdre en chemin. Toute cette histoire, ce concept, au service d’une seule idée, qu’une seule question :  »Si nous pouvions détenir la vérité historique, qu’en ferions nous ? ». Et comme toujours, il parvient le tour de force de seulement interroger son sujet, malgré la gravité et le poids de ce dernier, tout en gardant une saine distance, une sorte de sagesse cosmique. Par la construction du récit, par l’évocation de cette forme documentaire, en alternant les narrations d’événements, les témoignages, et ce qu’on pourrait appeler, faute de mieux, des micro-trottoirs ; il donne la parole à tous les points de vue, sans la moindre once de jugement ou de hiérarchisation.

Et pourtant, que le sujet est dur, difficile, tant à raconter qu’à lire. Les scènes racontées ne laissent aucune place à la complaisance, rendant compte avec crudité d’une réalité qui nous est familière, et que précisément, nous aimerions oublier. L’homme qui mit fin à l’Histoire a pour ambition de nous donner autant de bonnes raisons que possible de ne plus jamais oublier, et de toujours nous interroger sur l’idée que l’histoire, justement, appartient aux vainqueurs, et a la mémoire qui flanche un peu trop volontiers.

Et par cette ambition, ce texte touche à cette fameuse transcendance que j’évoque parfois. Parce qu’en effet, en parlant de voyage dans le temps, on tombe nécessairement dans le domaine de la science-fiction. Seulement voilà. Quand on évoque l’unité 731, il y a deux sortes de lecteurices. Ceux et celles qui savent, et ceux et celles qui, comme moi, ne savent pas. Si vous savez, je n’ai rien à rajouter. Si vous ne savez pas, je vous recommanderais de découvrir cet ouvrage comme je l’ai fait. Le coup de poing aux tripes qui en résulte n’en aura que plus de force, d’impact, et vous frappera tout autant l’esprit.
Je suis sorti de ce livre un être humain différent. À ce point là, oui. Parce que Ken Liu parvient dans cette novella, par le biais d’un argument de science-fiction, à manipuler la réalité, à l’interroger d’une façon inédite et magistrale. Il réussit le tour de force absolu de rentrer si loin dans son abstraction qu’il lui donne corps et une certaine forme de réalité. Et toujours avec une humilité confondante.

J’ai bien conscience que ce dernier paragraphe peut paraître quelque peu sibyllin pour certain.e.s, mais je m’en voudrais de trop en dire (si ce n’est pas déjà le cas, j’avoue que c’est compliqué). Dans le pire des cas, faites moi juste confiance, s’il vous plaît. Lisez cette merveille, sans oublier la post-face, qui l’éclaire encore d’un jour nouveau. De toute façon, vous ne perdrez jamais votre temps en lisant Ken Liu. Jamais.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

6 comments on “U-H-L #6 – L’homme qui mit fin à l’Histoire, Ken Liu

  1. OmbreBones dit :

    Je partage totalement ton avis et ton enthousiasme au sujet de ce livre ! Un vrai chef d’œuvre 🙂

    Aimé par 1 personne

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