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U-H-L #5 – Un Pont sur la Brume, Kij Johnson

Talk It Out – Island Club

Ça m’a pris comme ça. Parce que j’y ai pensé, encore, si longtemps après. L’année dernière, je m’étais fait une joie sans fin de succomber à une fièvre acheteuse. Je crois près d’une quinzaine de novellas de la collection Une-Heure-Lumière, à la suite, sans trop y réfléchir, parce que j’en avais envie, en l’espace d’un mois ou deux. Je regardais la liste de ceux que je n’avais pas, et j’en prenais deux ou trois d’un coup, presque au hasard. Puis je les lisais, j’en disais tout le bien que j’en pensais, et je recommençais. Un plaisir totalement déraisonnable, dont je suis malheureusement un peu revenu, m’en gardant une certaine quantité de côté, pour plus tard. Mais le souvenir de la lecture d’Un Pont Sur La Brume me reste particulièrement à l’esprit. Parce que je n’ai que peu de souvenirs de textes qui m’ont surpris à ce point. Surtout aussi agréablement.

Tout part d’un concept très simple, presque convenu. Un architecte, issu de la société civile urbaine de ce que nous devinons être un large pays, est mandaté dans une petite ville de province afin d’ériger un pont au dessus d’un fleuve saturé d’une brume étrange, peuplée de créatures dangereuses et tout aussi mystérieuses, afin de rejoindre la ville située de l’autre côté. Il n’est pas le premier architecte à se frotter à cette tâche très difficile, et chez les habitants, dont une partie des traditions et des revenus sont basé.e.s sur cette brume, sa venue comme sa mission ne sont pas sans déclencher quelques discussions.

Cette novella n’est pas tant un ouvrage de science-fiction ou de fantasy, ou un étrange hybride des deux, qu’un conte philosophique, original, unique et délicieusement étrange. Je ne saurais vraiment dire avec précision ce qui m’a le plus séduit, entre les personnages, leurs rapports et discussions, les réflexions qui s’en dégagent, ou tout simplement la profonde et implacable bienveillance qui se dégage du tout. Il aurait été aisé de construire tout le récit autour d’un évident et inévitable conflit, mais Kij Johnson bâtit son ouvrage en ménageant les sensibilités, sans pour autant sacrifier à un pathos superflu qui aurait facilement tourné à l’affligeant. Au contraire, elle l’enrobe dans un doux tissu de réflexions et d’interrogations, sublimes d’intelligence et de délicatesse. Et sans oublier les réalités parfois cruelles de la vie et les contingences qui vont avec, elle se contente de nous donner certaines des réponses possibles, exigeant en effet des efforts de notre part, mais en mettant en lumière la beauté de ce qui peut en résulter.

Rarement une lecture m’aura laissé avec un tel sourire, rêveur et profondément optimiste. Je crois dur comme fer que la littérature a un pouvoir incroyable sur nos esprits, et que certains ouvrages, tout comme leurs auteur et autrices, sont capables de laisser une trace durable sur notre façon de voir les choses, avec une citation, un personnage ou une atmosphère générale. Quelle absolue merveille que ce texte, d’une douceur et d’une sagesse infinie. Cette novella m’a donné un phare pour me rappeler, que dans certains moments d’obscurité, il est toujours possible, aussi difficile que les circonstances puissent être, de trouver une solution, par le dialogue et le simple effort de la gentillesse. Ou que du moins, nous nous devons d’essayer.
Comme le dirait quelqu’un que je respecte pas mal : Soyons punks, soyons bienveillants.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “U-H-L #5 – Un Pont sur la Brume, Kij Johnson

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