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La Piste des Cendres, Emmanuel Chastellière

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Il est assez rare pour moi d’éprouver des sentiments mêlés ou confus lorsque je suis confronté à une oeuvre culturelle, de quelque nature qu’elle puisse être. Je sais ce que j’aime le plus et ce que j’aime moins. Un rapide compte se se met donc en place le long de mes diverses découvertes, à coup de qualités et de défauts, tempéré.e.s par les intentions qu’il me semble aisées de déceler, les différents sous-textes, la curiosité suscitée, sans compter mes propres sensibilités et subjectivités. Et ainsi, il est m’est très facile et rapide de savoir si un livre, dans le cas qui nous concerne ici, m’amènera jusqu’au bout de sa lecture ou si je le laisserais tomber de mes mains lasses – ce qui ne m’arrive que très peu. Depuis que j’ai commencé ce blog, je me suis astreins à ne plus jamais arrêter une lecture en cours, par conscience professionnelle ; même si j’estime que c’est un droit cardinal pour n’importe quel.le lecteur.ice de ne pas aller jusqu’au bout d’un livre qui lui déplairait. Et de la même façon, lorsqu’un auteur.ice me fait l’immense amabilité de m’envoyer un SP, je me fais un devoir de m’y attaquer le plus tôt possible, surtout lorsque la sortie est imminente.
Tout ça pour dire qu’avec le souvenir de la lecture de Célestopol et les excellents retours que j’avais pu apercevoir, ça et là, sur L’Empire du Léopard, j’étais impatient de pouvoir me faire un avis aussi vite que possible sur La Piste des Cendres, autant pour la magnifique couverture de Xavier Collette (personne n’est surpris) que pour les promesses d’un roman de « fantasy à poudre » dans le même univers qu’un succès qui me semblait aussi populaire que critique, auquel je n’avais pas encore pu me frotter. Une fois le SP reçu, je m’y suis donc mis avec empressement, et nous nous retrouvons maintenant pour en parler.
Cette longue introduction pour essayer d’exprimer au mieux mon ressenti, un peu nébuleux, il faut l’admettre. Le bilan est contrasté, mais pas malheureux, bien au contraire. Tâchons de démêler tout ça.

Au sein du Nouveau-Coronado, colonie du grand Empire du Coronado, Azel, fils bâtard d’un grand propriétaire terrien, est malgré lui tiraillé entre ses origines indigènes et coloniales, exclu de part et d’autre, n’étant jamais complètement le bienvenu à cause de sa mauvaise moitié. Devenu chasseur de primes à l’âme éteinte et à la morale confuse, alors qu’une guerre civile couve, il accepte, à contrecœur d’écouter des sentiments qu’il avait tenté d’enfouir et d’accompagner des indigènes dans leur entreprise d’exil. Une décision qui fera définitivement basculer son destin.

Avec la citation de Victor Hugo en exergue, le ton est vite donné, ce roman tourne autour de la vengeance, boiteuse et lente, certes, mais inexorable. Et, tournant donc autour de ce thème précis, mon appréciation, nécessairement. J’ai beaucoup de mal avec la vengeance comme motivation, ce qui, sans doute expliquera facilement pourquoi j’ai souvent eu un peu de mal à avancer dans La Piste des Cendres. Et encore. C’est très compliqué à expliquer, mais pour autant que le style soit fluide et assez élégant, facilitant donc la lecture même, et les éléments d’intrigue bien disposés, de façon à créer à de la curiosité à intervalles réguliers et donc une envie d’en savoir plus, mon avancée a été un peu mécanique par moment. Sans jamais ressentir la moindre lassitude ou le moindre agacement, je me sentais parfois un peu trop indifférent, un peu comme si j’écoutais poliment une histoire dont il faudrait m’expliquer tous les tenants et aboutissants, peu captivants en eux-même, pour que la chute fasse sens et éclaire le reste. Ce qui sonne très dur, pour une histoire remplie de détails et de créativité, et qui régulièrement, sait prendre des virages inattendus, qui relancent d’autant l’intrigue et l’intérêt. Je prendrais pour exemple la fin de la première partie qui m’a complètement laissé sonné, la mâchoire béante, incrédule. Le genre de surprise logique mais pour autant choquante que j’adore subir en tant que lecteur.

A l’inverse, j’ai deviné la chute de la deuxième partie extrêmement tôt, quasiment 200 pages avant qu’elle ne survienne, sans aucun élément d’indices pour m’y aider, ou alors inconsciemment. Ce qui m’a autant frustré qu’amusé, parce que cela a créé une sensation de lecture pour le moins étrange. Je lisais autant pour en apprendre plus que pour savoir comment l’histoire allait arriver là où je savais pertinemment qu’elle allait se diriger. Je ne crois pas d’ailleurs qu’Emmanuel Chastellière ait voulu écrire cette histoire selon une structure dédiée à la surprise et à l’intrigue pure, mais plutôt autour de ses personnages et leurs motivations respectives, ainsi que leurs capacités d’intrigues propres, au sein de cette histoire plus grande qu’eux. Donc aucune frustration chez moi d’avoir lu ces 200 pages en sachant où elles allaient, bien au contraire même, rétrospectivement, puisque cela faisait parfaitement sens. Mais, paradoxalement, alors que la troisième partie me laissait par moments un peu sur ma faim, j’avais, à la lumière des deux premières parties, une confiance totale en la capacité de sa conclusion à me satisfaire. Ce qu’elle fît, en sachant encore une fois me prendre par surprise, tout en conservant une logique et une cohérence totales, sans sacrifier vainement à des bons sentiments ou des deus ex machinas artificiels.

Mais, même maintenant, il m’est assez difficile de mettre le doigt sur ce qui m’a gêné ; puisque même en considérant qu’objectivement, je ne puisse pas dire de quoi que ce soit dans ce roman que je n’ai activement pas aimé. Je n’y vois que des choses positives à en dire, réellement, puisque tout ce roman essaie d’accomplir ce que j’aime lire, c’est à dire une véritable ambition, un angle d’attaque sur un thème connu mais pas exhaustivement exploité, et des personnages multidimensionnels, avec leurs failles comme leurs forces propres, y compris des personnages secondaires bien dépeints et convaincants.
Mais pour autant, il faut bien reconnaître, même si cela me coûte, que j’ai traversé ce roman comme on traverse une plaine aride émaillée d’oasis. Ce n’était pas un désert, je n’ai pas craint de mourir de soif et je n’ai pas éprouvé de difficultés particulières à avancer, et j’ai passé quelques très beaux moments, qui me donnaient à chaque fois le supplément de force nécessaire pour continuer à parcourir les pages avec curiosité et entrain.
Il ne faut pas exclure la possibilité d’influences néfastes totalement extérieures quant à mon ressenti à chaud, d’autant qu’à l’écriture de cette chronique je me rends bien compte que je n’ai que du bien à en dire malgré des réserves que je n’arrive pas à verbaliser aussi bien que je le voudrais.
La théorie que je retiendrais le plus volontiers est simplement une incompatibilité d’humeurs avec la thématique de la vengeance ou le contexte impériale et les logiques monarchiques, qui ont tendance à de plus en plus souvent me laisser assez froid. Que je n’ai cessé d’avancer et que je n’ai jamais douté de pouvoir finir ce roman sont donc clairement à mettre au crédit de son auteur, malgré cet avis qui pourrait sembler assez tiède ; d’autant plus quand on considère que j’ai vraiment beaucoup aimé toute sa conclusion et ce qu’elle représentait par rapport au reste du roman.

Car les autres thématiques, quant à elles, m’ont pour le coup convaincu, dans l’idée. Peut être un peu sous-traitées, logiquement, par rapport à celle de la vengeance, principale, mais tout de même abordées avec une certaine finesse, et surtout, sans manichéisme, le plus important. Car en filigrane sont abordés les questions de la religion, organisée ou non, du colonialisme, de l’appartenance nationale, de la politique. Des thèmes qui pour le coup me passionnent, et qui encore une fois, me font me dire que ce que j’aurais à reprocher à ce roman n’est pas tant ce qu’il est, que ce qu’il aurait pu être, le genre de reproche que je me refuse désormais à faire.
Je pourrais dire, cependant, que le motif de la vengeance prend peut être un peu trop de place dans le récit, et qu’il éclipse du coup par moments des réflexions ou des éléments d’intrigue qui ne sont présenté.e.s que plus discrètement, ce qui m’a effectivement frustré, mais pas écœuré. Je pourrais également dire que les rappels à des éléments de L’Empire du Léopard, sans être dommageables, font parfois se demander si un élément ne nous a pas échappé ; de même que certains aspects ésotériques posent question, mais que les réponses sont trop lacunaires pour être satisfaisantes. Peut être ce léger ton de fantastique me paraît être de trop dans un récit dans l’ensemble extrêmement pragmatique. Encore une simple question de goût, et pas tant de qualité intrinsèque.

La Piste des Cendres est un roman très dense, à la charpente solide. Si j’ai effectivement pu ne pas y trouver mon compte par instants, à aucun moment je n’ai eu envie de le poser pour en pas y revenir. Et bien qu’il m’ait été très difficile de verbaliser mon ressenti exact, il n’y a, pour le coup, aucun doute sur la qualité du roman en lui même, autant que sur le travail fourni par son auteur.
Même si cela ne rend pas justice à l’ambition et la complexité globales du roman, je pourrais dire que si vous aimez la fantasy à poudre, dans un contexte colonial, les histoires de vengeance et d’intrigues politico-militaires, foncez. Dans le cas contraire, soyez peut être un peu circonspect.e.s, mais vous saurez sans doute trouver votre compte au fil des lignes qu’Emmanuel Chastellière aura concoctées pour vous, comme j’ai su le faire, étant donnée la richesse totale des enjeux et thèmes développés..
En tout, moi je sais que j’avais envie de lire L’Empire du Léopard avant de lire La Piste des Cendres, et que cette envie, au delà d’être intacte, est décuplée. C’est plutôt bon signe.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

6 comments on “La Piste des Cendres, Emmanuel Chastellière

  1. Emmanuel dit :

    Hello !

    Ah, c’est marrant, parce que juste après la vengeance et avant les intrigues « politiques » en tout cas, moi je mettrai un ingrédient dont tu ne parles pas du tout. ^^
    Sauf que si j’en parle, je spoile. 😉

    Aimé par 1 personne

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