
Lightbringer – Pentakill (extrait de l’album Smite & Ignite)
Jean-Philippe Jaworski est un nom que j’ai très souvent croisé, sans jamais avoir pris le temps de m’y intéresser en détails. J’en ai entendu plus de bien que de mal, mais toujours des avis très polarisés, sans savoir si ce clivage est à mettre sur le compte de l’époque qui perd en nuances dans le discours, où sur celui de son style dont j’ai entendu dire tout et son contraire. Quant à Melchior Ascaride, sans m’être réellement plongé dans son travail, j’en ai aperçu suffisamment pour savoir que j’allais sans aucun doute être très vite convaincu de son talent. J’éprouvais donc une certaine curiosité à l’encontre de Désolation lorsque je l’ai reçu en même tant que Frantz, dans le cadre du crowdfunding des Moutons Électriques auquel j’ai participé. Après une lecture rapide, verdict :
Une nouvelle graphique donc, où le texte de Jaworski est épaulé des illustrations de Melchior Ascaride, dans ce style éditorial si particulier où les graphismes et le récit s’entremêlent et s’influencent mutuellement, rendant le contenant aussi vivant que le contenu et apportant une nouvelle dynamique. Définitivement, j’adore, d’autant que je suis très friand du style de Melchior Ascaride. Et le texte est loin d’être en reste, même si parfois un poil pompeux à mon goût, Jean-Philippe Jaworski prête ici une plume érudite et évocatrice à sa bande de Nains, missionnée pour rejoindre le siège dont sont victimes certains de leurs compatriotes ; et qui pressée par le temps, se voit obligée de traverser une zone interdite à cause de la menace d’un dragon.
L’exergue ne laisse aucun doute, et l’hommage à Tolkien est aussi criant que brillant, réutilisant une partie des ingrédients qui ont fait le succès du grand maître, en ajoutant certains autres pour une recette nouvelle qui détonne. Autant les dialogues très agréablement oraux et justes, que les personnages rapidement dépeint avec habileté, que les scènes d’action haletantes, que le sous-texte politique assez délicieux m’ont fait très vite oublier les très légers défauts qui ne tiennent qu’à ma sensibilité, pour simplement apprécier le voyage, aussi mouvementé qu’il fût. Tout ça fonctionne très bien et raconte une histoire assez captivante en très peu de temps, posant très rapidement des enjeux aussi simple à exposer que complexes à bien développer. Je suis assez impressionné, d’autant que l’ensemble raconte beaucoup de choses en peu de mots, une qualité de de synthèse très rare à mes yeux et dont il faut bien admettre que je suis très client. Aussi client, par ailleurs, que de cette fantasy, un peu sale, très pragmatique, mais maline avant tout, qui modernise le genre en le ramenant plus près d’enjeux contemporains et très réalistes, qui nous parlent mieux en faisant simplement un pas de côté, aux échos pourtant parfois retentissants.
Tout ça sans compter le formidable travail de Melchior Ascaride et des éditeurs qui jouent avec le texte et les illustrations, mêlant parfois le premier avec les secondes avec brio, ou en substituant les mots par de superbes dessins qui valent autant de descriptions qui auraient sans doute été superflues dans le texte original. Une synergie délicieuse à mettre au crédit de toutes les parties impliquées, qui, par cette valeur ajoutée, magnifie ce texte, le faisant ainsi passer de très bon à excellent.
Je suis absolument ravi qu’une collection comme la Bibliothèque Dessinée ait pu voir le jour au sein d’une maison d’édition qui prend de toute évidence à cœur la qualité de ses sorties et les soigne donc autant ; donnant naissance à des créations aussi uniques. Maintenant je sais que Jean-Philippe Jaworski m’intrigue plus que jamais et que j’ai un autre illustrateur à surveiller pour éviter de trop souvent craquer, en la personne de Melchior Ascaride. Pour ce qui est est Moutons, je savais déjà que mon portefeuille devait s’en méfier. Soit, ce sont des dragons que j’accepte de devoir combattre de temps en temps, je n’en suis jamais mort, après tout.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉