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Le vieil homme et la guerre T1, John Scalzi

From Ashes To New – Death Of Me (extrait de l’album Panic)

J’ai coutume de dire – depuis que quelqu’un·e que je n’arrive malheureusement plus à identifier me l’a dit – que la relation entre un livre et sae lecteurice est sacrée. Au delà de la possibilité d’éviter les débats stériles et mortifères à bases d’incompréhensions mutuelles en acceptant d’office que les goûts sont quand même difficilement discutables, j’apprécie cette vision des choses pour ce qu’elle implique d’universalité. Car entre ce qu’un bouquin veut dire, ce qu’il dit, ce que sae lecteurice en attend, ce qu’iel en lit, et ce qu’iel en comprend, les possibilités, autant que les combinaisons, sont pratiquement infinies.
C’est sans doute pour ça que je m’échine autant à capter un maximum de ce qui me plaît ou de ce que je peux considérer comme objectivement bon dans les ouvrages que je lis, à la fois pour moi et pour ce blog ; je ne crois plus vraiment que le moindre ouvrage, en dehors de rares et terribles exceptions, puisse être absolument dénué d’intérêt. Tout ce que je lis (ou presque, donc), me semble pouvoir revêtir un intérêt, même fugace ou minimal, à l’échelle de l’ouvrage dont il est question à ce moment-là. À cet égard, j’accorde donc de plus en plus d’importance aux contextes, qu’ils soient de lecture ou de conception, à la fois dans mes jugements, mes sentiments et mes analyses.
Tout ça pour dire que j’ai été assez déçu par Le vieil homme et la guerre. Mais que cette déception n’est pas aussi frustrante qu’elle aurait pu l’être pour d’autres ouvrages ou d’autres auteurices, parce qu’elle est plus complexe qu’un simple déplaisir de lecture. Ce roman rentre d’office dans la catégorie des bouquins que je n’ai effectivement pas beaucoup aimé, mais qui sont objectivement bons, ne rentrant juste pas dans les bonnes cases au bon moment. Et en essayant de mieux comprendre pourquoi je ne me satisfaisais pas de ma lecture au fil de cette dernière, j’ai pu me satisfaire de mieux comprendre pourquoi j’étais déçu, précisément.
Mais fi d’introduction trop longue, au travail, que je vous explique tout ça au mieux.

Le jour de ses 75 ans, John Perry s’engage dans les Forces de Défense Coloniale, une armée qui opère loin dans les étoiles, pleine de mystères et de secrets, à commencer par le processus qui rajeunit considérablement ses volontaires, la promesse motivant la plupart de ses engagé·e·s. John aurait dû s’engager avec sa femme, mais malheureusement, celle-ci est morte quelques années auparavant ; il abandonne ainsi derrière lui une vie qui n’a plus beaucoup de sens pour lui, et découvre au sein des FDC un monde bien au-delà de ce qu’il aurait jamais pu imaginer.

Au delà des retours globalement (très) positifs que j’avais pu en entendre ou en lire, c’est ce résumé succinct qui m’avait surtout motivé à m’attaquer à ce roman de John Scalzi, en plus de ma découverte enthousiaste de La Controverse de Zara XXIII. J’avais envie de lire cette idée développée au maximum, créer des situations et des réflexions inédites et originales ; je voulais me laisser surprendre. Et c’est sans doute là que le bât a blessé, malgré toutes les qualités que je reconnaitrai bien volontiers au roman, sur lesquelles je reviendrai.
Car je trouve le concept sous-exploité. Si nous avons droit à une longue et efficace séquence d’introduction expliquant parfaitement la logique du choix de John Perry de laisser son ancienne vie derrière lui, j’ai très vite eu le sentiment, une fois l’intrigue pleinement lancée, que son âge ne comptait plus, et qu’un homme de 35 ou 50 ans son ainé, à quelques détails près, n’aurait pas fait la moindre différence dans la narration. Au delà des évocations émues de sa femme décédée, malheureusement, je n’ai pas trouvé mon compte, et j’ai très vite eu le sentiment que cet aspect de l’histoire n’était finalement qu’accessoire en comparaison du reste du récit. Et si ce dernier, en lui-même, était tout à fait honnête et efficace, cette ombre permanente m’a un peu gâché le plaisir, tout simplement parce que j’ai eu le sentiment de ne pas y trouver mon compte.
N’étant pas rentré dans ce roman pour y lire une sorte de Starship Troopers family-friendly (version Verhoeven, pas Heinlein), mais plutôt un roman plutôt psychologique sur les affres de la vieillesse mentale dans un corps plus jeune, eût-il été mécanique ou génétiquement modifié, je ne pouvais que rester sur ma faim.

On revient ainsi sur la question des attentes et des intentions, et de comment elles s’articulent par la force des choses les unes aux autres. Car si j’avais dû lire ce roman directement pour ce qu’il était, à mes yeux en tout cas, à savoir une certaine bourrinade légère et décomplexée, alors j’aurais sans doute bien plus pris mon pied. Les one-liners, dialogues et autres scènes humoristiques m’auraient bien plus convaincu, et j’aurais vite cessé de rechercher une quelconque profondeur là où il n’y avait finalement qu’une volonté de décalage. Je me suis fait avec l’introduction une image précise de ce qui m’attendait, comme de John Perry et de certains des personnages secondaires, pour finalement ne pas les voir évoluer comme je le croyais, à un tel point que j’en ai été déçu.
Mais ce n’est finalement qu’une histoire d’articulation. John Scalzi ne m’a pas menti, ni ne m’a fait de mauvaise promesse, il a déroulé le fil de son histoire de la façon qui lui semblait la plus satisfaisante en fonction de ses envies et ambitions. Si certaines, comme sa volonté d’inclusivité douce, d’action ou d’exotisme xéno, m’ont convaincu, d’autres m’ont laissé de marbre, juste parce que ce n’était pas ce que j’attendais, pas ce que je voulais lire en entamant son roman ; même si je dois reconnaître, sans acrimonie aucune, que dans un autre état d’esprit, j’aurais été pleinement convaincu.

À cet égard, voir bon nombre de ses excellents concepts ne servir que de punchlines, d’occasions de rire ou comme outils narratifs m’a beaucoup frustré, voyant un potentiel autre dans ce qu’il a sans doute inventé dans une optique de pur divertissement. Recherchant bien souvent des occasions d’apprendre et de me nourrir d’une pensée transversale, lire de tels efforts de créativité déployés sans plus d’ambitions satirique ou réflexive m’a à quelques moments fait grincer des dents, notamment et surtout lorsqu’il s’est agit de considérer l’existence des FDC et d’une guerre intergalactique permanente comme inéluctable. Si, dans le cadre du récit et du monde qui nous est dépeint, cela fait sens et est même abordé dans les dialogues avec une relative finesse ; ressentir les échos du traditionnel impérialisme américain au travers des raisonnements, ça pique un peu, d’autant plus en sachant – ou du moins croyant savoir – de quel côté de cette question se pose normalement l’auteur, sans parler de quel côté je me pose en tant que lecteur.
Je pense pouvoir dire que beaucoup de choses ont changé en 15 ans, depuis la première publication de ce roman, et cela se ressent, tant dans les thématiques que dans les combats que mène Scalzi au travers de son récit, ou au travers de la traduction, qui, fait rare pour moi, m’a fait tiquer à quelques reprises, par des choix d’expressions un peu étranges. On sent que la science-fiction a fait du chemin sur l’exploitation des thèmes qu’a choisi d’exposer Scalzi. D’une certaine façon, j’ai peut-être découvert ce roman trop tard. Ce même point de départ, aujourd’hui, et/ou par un·e autre auteurice aurait sans doute donné lieu à un roman complètement différent, un que j’aurais pris beaucoup plus de plaisir à lire, car il m’aurait donné bien d’autres éléments de réflexion, ou des moments d’émotions bien plus puissants et subtils ; le fait que John Perry ait 75 ans dans sa tête est passé complètement au second plan à mes yeux au fil du récit.

Vous comprenez donc sans doute pourquoi il a été un peu compliqué pour moi de juger exactement de mon ressenti sur ce roman. Entre une exposition me suggérant une idée précise de ce qui allait suivre, un déroulé allant dans une direction complètement différente, et une conclusion un peu précipitée changeant encore une fois d’ambiance et d’ambition, j’ai eu du mal à faire le tri. Car pour toutes les bonnes choses qui sont dans ce roman, souffrant honnêtement de très peu de réels défauts, de fond comme de forme, je n’y ai pas trouvé mon compte ; tout simplement parce je n’étais pas dans la bonne configuration d’esprit une fois que le roman avait trouvé son rythme.
J’ai pouffé à l’occasion, j’ai souri à l’évocation de certains concepts, je n’ai jamais rechigné à tourner la page ou à avancer par curiosité, et je me suis attaché à John Perry, mais simplement dans la mesure où il ne m’était pas antipathique ; j’ai apprécié le roman, mais il contenait en lui tellement de germes de mieux que je n’ai pas pu m’empêcher d’être frustré. Ce n’était pas mauvais, loin, très loin de là ; ce n’était simplement pas assez bon, d’où ma déception.

Alors voilà. Ça fait très appréciation de carnet de notes, mais je suis déçu parce que je pense que John Scalzi aurait pu faire mieux avec ce qu’il avait. Un peu plus de volumes, quelques phrases, par ci par là, une meilleure exposition et préparation de ses enjeux, et il tenait, je pense un roman assez exceptionnel. Seulement, en voulant rester dans le divertissement, en faisant – je trouve – preuve d’un certain manque d’ambition, voire parfois d’une certaine fainéantise pour certain·e·s de ses effets et idées, il gâche, ou du moins ne va pas assez loin dans l’exploitation du potentiel de l’univers qu’il esquisse et des personnages qu’il crée.
Et si j’ai découvert un peu tard (c’est à dire la veille de commencer ma lecture) que ce roman n’est que le début d’une saga, je me doute donc que ce dernier reproche n’est qu’à moitié valable, puisque John Scalzi se ménage, de fait, de la place pour en dire plus. Je dois avouer que je suis curieux, mais pas emballé. Je donnerai sans doute sa chance au second tome dans les temps à venir, mais je ne m’empresserai sans doute pas pour le rajouter à ma PàL pour autant ; au contraire du reste du travail de l’auteur, histoire de voir d’abord si son travail plus récent me séduira plus.
C’était une lecture intéressante, autant en elle-même que pour ce qu’elle apportait avec elle. Déçu, mais pas mécontent, donc.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “Le vieil homme et la guerre T1, John Scalzi

  1. Yuyine dit :

    Très bonne chronique qui explique bien ton cheminement de pensée et qui le rend très clair. Pour ma part je n’ai pas lu ce titre mais je reste extrêmement tentée par La Controverse de Zara XXIII qui semble réunir beaucoup de choses que j’aime dans un livre. Il serait d’ailleurs temps que je m’y mette…

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Merci beaucoup ! 🙂
      Et clairement, oui, je pense que ce serait un roman pour toi, qui marque bien, aussi, l’évolution de l’auteur.

      J’aime

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