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La Société Protectice des Kaijus, John Scalzi

Biggest & the Best – Clawfinger (extrait de l’album Clawfinger)

J’avais besoin de fun. Envie de confort littéraire. D’un bouquin dont je pouvais parier avec une relative sérénité que je saurais exactement à quoi il ressemblerait avant même de l’ouvrir. Et curieusement, je me suis tourné vers un auteur que je ne connais que très peu, finalement, puisque je n’ai lu que deux de ses romans jusque là : La Controverse de Zara XXIII et Le Vieil Homme et la Guerre, deux expériences assez différentes. Si la première avait été une excellente surprise, la deuxième avait été un peu plus mitigée. Mais à force de discussions et de constats que le John Scalzi d’aujourd’hui n’est pas le John Scalzi d’hier, je me suis dit que j’avais toutes les raisons du monde de lui faire confiance : j’ai donc acheté cette Société Protectrice des Kaijus en me disant que ce serait un roman tranquille, espiègle et malin, du genre à me recharger les batteries à coups de rires, de souffles nasaux amusés et de hochements de têtes satisfaits complémentés de moues approbatrices.
Dans le mille. Ce roman n’est certainement pas une révolution conceptuelle et narrative, mais ce n’était clairement pas son ambition : il s’agissait de s’amuser ensemble, avec complicité. Mission pleinement accomplie : j’ai trouvé cette lecture éminemment sympathique. Mais creusons un peu quand même.

Jamie Gray travaillait comme cadre supérieur dans une jeune start-up voulant faire concurrence à Uber Eats avant de se faire salement licencier par son patron, et ce juste au début de la pandémie de Covid-19. Obligé à devenir livreur pour subvenir à ses besoins, il a la chance de recroiser un ancien camarade d’études semblant avoir très bien réussi sa vie de son côté, qui lui propose de venir travailler avec lui au sein d’un mystérieux projet, pour porter des trucs. Alléché par l’énigme comme les nombreux avantages allant avec cette simple fiche de poste, Jamie accepte. Sans avoir la moindre idée de la profondeur du mystère et de tout ce qui va aller avec.

Bon alors évitons de faire miroiter ce qui n’a pas lieu d’être miré : le déroulé de ce roman n’est pas un mystère pour qui a un minimum de culture pop en bagage. Comme je l’ai dit, il n’est pas ici question d’éblouir le lectorat à coup de vertiges science-fictifs ou de créer une intrigue à tiroirs dont l’intérêt serait d’être décortiquée au fil de son avancée. Non, franchement, on voit la majorité des événements se profiler assez aisément, et John Scalzi n’essaie même pas de se cacher : son intérêt à lui est ailleurs. Il s’agit assez évidemment de passer de bons moments entre gens de bonnes compositions et de se faire plaisir avec le sense of wonder d’un environnement autre, littéralement étranger. Et comme les choses me semblaient assez honnêtement établies dès le tout départ du roman, je n’ai jamais ô grand jamais boudé mon plaisir. On a le droit à un bon paquet de répliques savoureuses, de personnalités gouailleuses et foutrement attachantes à qui il arrive tout plein de trucs inattendus à un rythme soutenu mais pas bêtement frénétique : c’est top. C’est pas plus compliqué que ça, finalement, parfois, il suffit de se tenir à un engagement simple, mais de faire les choses sérieusement. John Scalzi fait ça très bien.

Alors après, pour être tout à fait transparent, pendant la moitié du roman, j’ai quand même été un peu circonspect ; je prenais effectivement du plaisir, mais ça manquait un peu d’un macguffin à mes yeux, d’un objectif final, d’une motivation globale au roman pour – en quelque sorte – avoir une bonne raison d’exister. Pas que les Kaijus du titre et tout ce qui les entoure n’étaient pas de bonnes raisons en elles-mêmes, puisque les efforts créatifs et métacréatifs de l’auteur à leur égard sont un délice de tous les instants pour le joyeux semi-nerd que je suis ; mais en terme d’intrigue, il faut bien admettre qu’il ne se passait pas grand chose. Des personnages, plongés dans un univers nouveau à leurs yeux, plein de règles et de concepts autres à découvrir, mais pas vraiment d’objectif clair à poursuivre histoire de pousser tout ça vers l’avant ; une tranche de vie avec de la SF dans le fond, en quelque sorte. Pas dérangeant du tout, en soi, mais un poil déroutant, surtout que j’avais appréhendé chez Scalzi, jusque là, un ton un peu plus mordant, pas forcément propice aux aventures sobres d’une bande de geeks assermenté·e·s, aussi sympathiques fussent-iels. Mais fort heureusement, peu après le pivot central dépassé, une super scène m’a rassuré, me posant une main fraternelle sur l’épaule, l’air de dire : « Voilà, toute cette mise en place, c’était pour ça, merci de m’avoir fait confiance jusque là. Maintenant régale toi. ».

Et à partir de ce pivot, John Scalzi se lâche un bon coup, et déroule son intrigue jusqu’au bout : et c’est effectivement un régal. Alors oui, forcément, si vous n’êtes pas sur la même longueur d’ondes politiques que l’auteur, le festin risque d’être indigeste, à l’instar de ses délicieux efforts d’inclusivité ; je le suis, personnellement, et c’est un plaisir sans bornes. D’autant plus que l’ancrage global du récit dans notre réalité avec un tout petit décalage rend toute la satire de Scalzi encore plus mordante, à l’image de l’efficacité de ses analogies. Et c’est tout con, mais ce côté brut et sincère rend le bouquin assez enthousiasmant, voire jouissif, par moments : ça file tout droit, tout du long, aidé par la complicité joyeuse qu’instille l’auteur à toutes les pages.

Voilà quoi : c’était super cool. On m’a promis un bon moment, j’ai passé un excellent moment. Des personnages gouailleurs, des dialogues au poil, une intrigue sobre et efficace maîtrisant ses clichés pour les garder pertinents à l’aune de ses quelques messages, un rythme impeccable : John Scalzi sait très bien ce qu’il fait, et c’est un plaisir. Pas grand chose à dire de plus que l’évidence parfois, c’est aussi reposant que plaisant.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

3 comments on “La Société Protectice des Kaijus, John Scalzi

  1. Ce roman me fait bien envie, malgré la première moitié du roman 😉

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      À noter que la première moitié est quand même très bonne ; je pinaille parce que bon…
      En vrai un roman entier de tranche de vie comme ça je prends tous les jours hein, Scalzi fait ça bien.

      Aimé par 1 personne

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