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La Descente ou la Chute, Basile Cendre

First Aid Kit – Silver Lining (extrait de l’album Stay Gold)

Avant tout chose, un grand merci aux Moutons Electriques, qui m’ont contacté afin de me proposer ce SP. Venant d’une maison dont j’aime beaucoup le travail, il faut bien admettre que je ressens un peu cela comme un succès personnel à l’échelle de ce somme toute très jeune blog. Et puis je savais aussi que dans le malheureux cas où je devais en pas être convaincu par le texte, je n’avais pas à craindre de devoir faire preuve de la moindre retenue dans mon jugement, ce qui est quand même peu négligeable, en terme de confort.
Je m’y suis donc plongé, et maintenant est venue l’heure du bilan. Ce sacré bilan, qui régulièrement, pour ces chroniques, nécessite que je fasse et défasse les nœuds que je me fais moi-même au cerveau afin d’essayer de rendre compte au mieux de mon sentiment au moment de refermer l’ouvrage dont il est alors question. Et cet ouvrage en fait clairement partie ; raison pour laquelle je salue encore une fois la liberté qui m’a été laissée, parce que je n’ose imaginer le niveau de torture que j’aurais dû m’infliger s’il m’avais fallu édulcorer mon propos.
Je vais cependant éviter dès maintenant toute confusion, je trouve que La Descente ou la Chute est un bon roman, et a fortiori un excellent premier roman. Mais si j’ai terminé mon voyage avec le sourire, je dois avouer avoir souffert de quelques doutes le long de mon trajet. Et bien entendu, je suis là pour en parler en détail.
Je profite de l’introduction, tout de même, pour glisser une mention spéciale au format éditorial de la bibliothèque voltaïque, une merveille à voir autant qu’à tenir entre ses mains ; ainsi qu’une mention encore plus spéciale pour le travail extraordinaire de Melchior Ascaride, une fois de plus, sur la couverture et les illustrations intérieures.
Ceci étant dit, en route.

Loup a choisi la Descente plutôt que la Chute. Il subira donc son bannissement en partant pour un long et énigmatique voyage dans les entrailles d’un monde malade dont il ignore tout ou presque si ce ne sont les dangers de cette brume malsaine qui s’insinue en vous et vous fait disparaître de vous-même. Il devra apprendre les secrets de cet univers inconnu au fur et à mesure de son exploration afin d’espérer y survivre. Mais que les Titans qui dorment dans les profondeurs ou les oubliés sur son chemin ne se leurrent pas, Loup n’est pas la brume, il saura percer leur secret, quoi qu’il en coûte.

Et commençons donc, comme il est coutume, par le commencement. J’ai été conquis par les premières pages de ce roman, séduit par une plume virevoltante, d’une très grande élégance, et par un univers qui promet autant qu’il dissimule. C’est sans conteste la plus grande réussite du roman ; on a toujours envie d’avancer, d’en savoir plus, notamment grâce à une construction narrative laissant la part belle à des analepses subjectives qui en disent toujours juste assez pour qu’on pense comprendre exactement de quoi il est question, mais pas trop pour ruiner le mystère permanent. Et si tout le monde n’est sans doute pas client de la même manière quand il s’agit d’accepter l’ignorance, je le suis ; ne pas tout savoir, avoir de quoi douter, devoir faire une confiance parfois aveugle à l’auteurice des lignes que je lis, c’est un plaisir. D’autant plus quand on ressent une telle adéquation entre les choix qui sont fait dans le texte et la réalité de ce qu’il raconte, précisément. Loup et les gens qui l’accompagnent n’ont souvent pas plus de certitudes que nous sur le monde dans lesquel·le·s iels sont plongé·e·s, ce qui donne justement au texte un supplément de véracité et d’âme bienvenu, autant qu’une précieuse humanité.

Alors certes, le mélange thématique et technique qu’opère Basile Cendre rend parfois la compréhension des enjeux et du fonctionnement général de son univers un peu nébuleux ; c’est là que le bât blesse, même si ce n’est une éraflure sur l’excellence générale. Car ce roman fait ponctuellement des choix que j’ai trouvés curieux, s’oubliant parfois un peu trop dans ses considérations de style, me faisant me dire que j’aurais préféré qu’il se focalise sur d’autres éléments essentiels à mes yeux. Si la lecture est toujours belle, parfois, elle n’est simplement pas claire, ce qui est quand même dommage ; elle perd de ce fait quelques éléments en chemin qui auraient sans doute pu être utiles à la compréhension de tous les enjeux. Parce que oui, j’aime bien un peu me faire balader, mais j’aime bien aussi être au fait de tous les tenants et aboutissants de ce que je lis. Ça me peine de l’admettre, mais même une fois ma lecture finie, je ne suis pas certain d’avoir complètement compris certains détails du récit, que ce soit au niveau du fonctionnement de l’univers dépeint ou de certains rouages de l’intrigue. Ce n’est pas tant dommageable que simplement frustrant, sans que je sache si c’est à mettre sur mon compte ou celui de l’auteur ; je ne peux pas exclure d’avoir raté quelques morceaux d’informations.

Simplement frustrant, parce que, clairement, par contre, l’emphase n’est pas mise sur ces détails, mais sur le parcours que suit Loup, notre héros. Ce récit est très clairement le sien au dessus de tout le reste, à la fois un récit de voyage et d’apprentissage, sur lui et sur le monde qui l’entoure. Aimant tout particulièrement quand un soin certain est apporté aux personnages et à leur capacité à grandir ou évoluer, je ne pouvais, à cet égard, qu’être convaincu. Qu’un univers puisse parfois sembler manquer de cohérence par un déficit d’explications claires ou par des facilités d’écritures ne me gêne pas plus que ça lorsque c’est au service d’une autre ambition beaucoup plus évidente. Je crois que c’est le cas ici. Certes, certains détails semblent lacunaires, certains événements s’enchaînent un peu trop vite, tout comme certains antagonismes m’ont semblé un peu clichés, mais il me semble que l’ambition de Basile Cendre n’était pas tant de créer un univers unique qu’un univers globalement cohérent au service de son récit premier. Et à cet égard, la réussite est, pour le coup, totale, puisque les enjeux présidant à la quête de Loup sont tout à fait clairs et s’emboitent à la perfection les uns dans les autres, et c’est là l’essentiel à mes yeux. J’avais envie de le suivre, de savoir de quoi il retournait, et surtout, j’avais réellement envie de le lire évoluer, autant pour lui que pour moi, une empathie assez rare, je dois bien le dire, ne conservant souvent qu’un intérêt assez clinique pour les auteurices que je ne connais pas bien, trop porté que je suis par mes obsessions analytiques.

C’est à mettre au crédit de Basile Cendre que d’avoir su insuffler à ce récit un véritable souffle et des ambitions audacieuses sans jamais sacrifier à sa sincérité ou sa singularité. Je ne suis pas très friand de l’idée de faire référence à une œuvre spécifique pour parler d’une autre, le risque être trop grand de créer des confusions néfastes aux deux œuvres convoquées ; mais La Descente ou la Chute, quelque part, m’a fait penser à La Horde du Contrevent. La volonté stylistique, d’osmose avec le fond du récit, ce constat habilement exprimé que le voyage vaut plus que la destination, la possibilité rare de magnifier les évidences, la force du collectif solidaire, la capacité à extirper la poésie du pire, beaucoup de petites choses qui m’ont fait penser juste ce qu’il fallait à cette œuvre ainée sans que jamais la cadette n’en subisse l’ombre, au contraire. Je ne saurais jurer de cette filiation, d’ailleurs, mais le parallèle me paraissait trop lumineux pour pouvoir l’esquiver, d’autant qu’il n’est rien d’autre qu’un compliment à mes yeux, encore magnifié par la myriade d’éléments qui lui appartiennent en propre et lui permettent bien de s’en détacher très largement. Ce n’est pas la même œuvre, heureusement, très loin de là, mais elle peut se targuer d’en partager beaucoup de qualités.

Un excellent premier roman donc. J’ai été séduit par l’ambition de Basile Cendre, qui a su mêler les inspirations comme les genres et les méthodes pour mener à bien son récit, bien qu’ayant relevé quelques incompatibilités d’humeur le long du parcours. Je comprends cependant tout à fait pourquoi Les Moutons Electriques l’ont labelé comme leur « Pépite de l’Imaginaire » ; mes goûts personnels me menant à être tatillon sont bien personnels, précisément. Par ailleurs, je ne doute pas un seul instant que beaucoup de lecteurices trouveront bien autrement leur compte dans un texte d’une indéniable qualité, au delà de ses « simples » singularités thématiques et stylistiques. Ce texte, par bien des aspects, est un peu étrange, mais cela participe indéniablement de son charme, créant une cohérence entre la narration et la diégèse. Alors oui, je dirais qu’il y a encore des améliorations à apporter, du moins à mes yeux, pour renforcer les meilleurs aspects de ces particularités sans perdre en puissance évocatrice ; mais avec un aussi bon point de départ, l’avenir est très, très prometteur, pour cet auteur que je suis ravi d’avoir découvert et que j’attendrais désormais de pied ferme pour la suite.
Un très grand merci, donc, aux Moutons Electriques ; tant pour leurs publications habituelles que pour ce SP. Je leur souhaite toute la réussite possible.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

4 comments on “La Descente ou la Chute, Basile Cendre

  1. Yuyine dit :

    Je l’ai aussi dans ma PAL donc je survole ta critique sans trop entrer dans les détails afin de me garder un esprit de découvertes. J’espère aimer au moins autant que toi!

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Normalement je ne spoile rien, en tout cas je me donne du mal pour.
      Je te souhaite d’aimer aussi. 😉

      J’aime

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