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U-H-L #28 – La Fontaine des Âges, Nancy Kress

Nightmare – Set It Off (extrait de l’album Cinematics)

Ah, il fallait bien que ça arrive un jour ! Je ne saurais compter avec précision le nombre de novellas de la collection Une-Heure-Lumière que j’ai pu lire, depuis le temps, mais je savais qu’un jour je serais déçu par un de ses opus. Parce qu’au bout d’un moment quand même, on se fait toujours rattraper ; j’ai quand même facilement dépassé la quinzaine. L’ironie dramatique a voulu que la fois où j’étais passé le plus près, c’était déjà avec Nancy Kress et son Nexus du Docteur Erdmann, ce qui n’est peut-être pas à considérer comme le fait du hasard.
Je vais faire court, à cette occasion, parce que malheureusement, mon sentiment ne souffre pas de beaucoup de nuances ; je n’ai vraiment pas aimé ce texte. Et comble de ma tristesse, je ne lui ai pas trouvé beaucoup de qualités rédemptrices, aucune suffisante, a fortiori. Mais il ne s’agit pas de simplement le dire, il s’agit de l’expliquer, quand même. Au boulot.

Commençons par ce qui m’a sauté aux yeux, à savoir le personnage principal, qui éclabousse tout le texte de sa crasse. Si je doute fortement que Nancy Kress veuille en faire un vecteur symbolique positif, le fait est qu’il est quand même très compliqué de le suivre sans soupirer ou lever les yeux au ciel à intervalles réguliers. Misogyne, possessif, méprisant, égoïste, oublieux de sa famille, escroc, Max Feder n’a pas grand chose pour lui ; et c’est un euphémisme. Premier gros souci avec le texte donc, j’étais spectateur complet des péripéties de ce personnage que j’ai trouvé abject, sans ressentir la moindre seconde d’empathie pour lui, et donc, dans le même temps, une grosse difficulté à m’immerger ou à trouver un réel intérêt dans ce qui m’étais raconté.

Du point de vue l’intrigue elle-même, ou du moins des réflexions qu’elle tente d’amener, je ne serais pas si acerbe, bien que je m’interroge tout de même sur l’angle qu’a décidé d’adopter Nancy Kress, qui constitue mon deuxième gros souci, en corrélation avec le premier. Car si son point de départ science-fictif est très loin d’être dénué d’intérêt, elle ne fait que l’effleurer à de très rares occasions, préférant se concentrer sur ce damné Max Feder qui parasite tous les efforts qu’elle consent à tenter d’aller plus loin dans les retranchements des concepts qu’elle manipule. Les implications politiques d’une découverte telle que celle décrite dans cette novella auraient pu être passionnantes, mais elles sont traitées comme des évidences ne méritant pas qu’on s’y penche plus, puisque vues au travers de notre détestable protagoniste, reléguées à l’arrière-plan. C’est infiniment frustrant.

Mais je me disais qu’à l’instar de l’autre novella que j’avais pu lire d’elle, Nancy Kress allait une nouvelle fois me surprendre dans les dernières pages de son ouvrage ; après tout une bonne chute peut parfois habilement renverser nos perceptions. Et, si effectivement, je crois qu’il y a bien une tentative de créer une chute surprenante ou du moins brisant le rythme adopté jusque là, je ne peux malheureusement pas affirmer qu’elle m’ait autant satisfait que celle du Nexus. Au contraire, cette chute implique à mes yeux deux interprétations possibles du texte tout entier, et je ne goute aucune d’entre elles. Car soi Nancy Kress est dans une démarche de dénonciation politique en très grande partie juste mais par trop nihiliste pour être à mon goût, se servant de Max Feder comme d’un exemple malfaisant ; soit on est dans une chute censée opérer exactement l’inverse, auquel cas je n’y croirais pas vraiment, faute d’une forme de cohérence suffisante à l’aune de l’ouvrage entier.

Je finis donc déçu, face à un ouvrage qui aurait pu faire tellement mieux avec des bases comme celles qui étaient promises. Avec en plus de ce sentiment désagréable de douter de mon propre ressenti, comme si le fait d’avoir été si dégoûté par le personnage principal avait pu me faire passer à côté d’informations cruciales pour ma compréhension du texte. Et en même temps, je me dis que c’est tout de même un défaut suffisamment majeur pour justifier cette déception en plein, en tout cas à mes yeux ; peut-être qu’un public avec une culture et des aspirations différentes des miennes y verrait tout à fait autre chose.
Mais bon. Ce n’est qu’un (relatif) échec à mes yeux dans la longue lignée des novellas de la collection Une-Heure-Lumière ; je ne suis certainement pas dégouté de cette dernière, comme je ne suis pas non plus dégouté du travail de Nancy Kress à qui je donnerai sans doute sa chance sur des formats différents, un jour.
Mais non, je ne conseillerais pas cet ouvrage à grand monde, pour ne pas dire moins. Reste à voir l’avis que vous pourriez vous faire vous-mêmes dessus, je serais curieux de voir si je suis dans la majorité, sur ce coup, j’avoue.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

9 comments on “U-H-L #28 – La Fontaine des Âges, Nancy Kress

  1. Yuyine dit :

    Cela arrive malheureusement…
    Et je suis mal placée pour juger. Quand un personnage principal m’exaspère je n’arrive que rarement à apprécier l’ouvrage.

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Oui, rien de dramatique. C’est plutôt une assurance que mon esprit critique est encore sauf malgré la Maison d’Edition :p
      Et ce personnage principal est particulièrement peu appréciable.

      J’aime

  2. zoelucaccini dit :

    Je pense que ton jugement n’est pas biaisé, il se base sur des arguments tout à faits objectifs en dehors de ton appréciation du personnage.
    Et je te comprends, quand on ne supporte pas un protagoniste (surtout le principal) forcément on n’accroche moins (et peut-être justement a t-on ce recul nécessaire pour pointer les incohérences du texte…?)
    C’est ma lecture de la semaine prochaine, je verrai si je te rejoins.

    Aimé par 1 personne

  3. Erwannn dit :

    Allons, Max Feder n’est pas *si* détestable que ça. Certes, je ne suis pas objectif, ayant traduit la novella, mais je le trouve odieux à seulement 95%. À la louche. Il a quand même des principes (détourner de l’argent certes, mais ne pas faire couler le sang ; avoir un minimum d’honneur (si si) avec ses partenaires criminel), et la fin le voit reconsidérer les choses.Je n’irai pas jusqu’à parler de rédemption, mais il tâche de se racheter sur l’un de ses défauts. C’est pas grand-chose mais mieux que rien 😉 Pour le reste, bon… je suis désolé que “La Fontaine des âges” vous ait beaucoup déçu et j’espère que les autres vous plairont davantage !

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Je suis de l’école de pensée qui dit que les crimes d’argent font autant de mal si ce n’est plus que les crimes de sang, du moins de façon indirecte.
      Et j’ai le sentiment tenace qu’il ne se rachète que par accident, à la fin, donc je ne sais pas sic ‘est valable. Mais ça pose l’excellente question philosophique qui demande si une bonne action suffit à en réparer une grande quantité de mauvaises.
      Encore une fois, un texte dont je ne sors pas sans rien, et c’est bien l’essentiel. 😉
      Il y a quand même un passif extrêmement favorable sur le reste de la collection. 😉
      Merci beaucoup. 🙂

      Aimé par 1 personne

  4. Jourdan dit :

    Je suis curieuse de le lire malgré cet avis plutôt négatif et pour découvrir le protagoniste sujet à controverse. Mais je suis plutôt d’accord avec le dernier commentaire de Laird Fumble. A voir donc.

    Aimé par 1 personne

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