
Plastic Hearts – Miley Cyrus (extrait de l’album éponyme)
L’avantage, avec la déception que fût La Fontaine des Âges, c’est que j’ai intégré la possibilité que les ouvrages issus de collection Une-Heure-Lumière puissent ne pas toujours me plaire, désormais. Cela ne change rien à l’amour profond que je lui porte, mais c’est un léger poids en moins sur mon esprit dès l’entame de la moindre novella que je n’y aurais pas encore lue. Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, à vrai dire, j’y allais même avec une crainte plus lourde qu’à l’accoutumée, car je m’y suis penché dans l’optique de donner mon avis à quelqu’une qui s’interrogeait à son propos et était curieuse de ce que je pouvais en penser. Cette question a peut-être influencé mon opinion finale, je ne saurais vraiment dire.
Ce que je sais pouvoir dire, par contre, c’est que j’ai trouvé avec Poumon Vert une deuxième novella de la collection qui n’aura pas su me convaincre, mais pour des raisons complètement différentes de la dernière fois ; c’est toujours ça de pris, au moins je ne risque pas la répétition. Allons-y.
Je voudrais d’abord commencer par saluer le travail de traduction de Michelle Charrier, encore une fois, qui a su prendre un parti logique bien qu’assez audacieux à mes yeux. Cette novella prenant place sur une planète où les hommes n’existent presque pas, la grammaire entière s’en trouve affectée, avec pronoms genrés et accords à l’avenant. Pour ce que ça peut avoir de déroutant, ç’a le mérite d’être logique et immersif, en plus d’être, je trouve, assez malin. Je me dis qu’en version originale, la neutralité avait sans doute bien plus sa place, mais je ne peux être sur de rien, alors je me contenterais de saluer le concept et la cohérence globale qu’elle imprime à l’ouvrage.
Et, pour ce qui est des compliments, malheureusement, on va devoir s’arrêter là, je le crains, bien que cela me chagrine, comme à chaque fois que je suis resté sur le bord du chemin. Parce que soyons clairs et manquons un peu d’élégance au passage ; mais qu’est ce que je me suis fait chier. Bien au delà de mes frustrations habituelles, sur lesquelles je reviendrai par la suite, c’est là dessus que je veux insister pour donner mon ressenti le plus fidèlement possible. Poumon Vert rentre à mes yeux dans la catégorie des récits « tranche de vie », un style qui peut tout autant me ravir que me crisper les mâchoires au fil de ma lecture, tombant d’un côté ou de l’autre de la ligne de crête très tôt dans ma lecture en fonction des choix opérés. En l’occurrence, ne m’étant attaché à absolument aucun des personnages, ne comprenant jamais vraiment l’objectif de Ian R MacLeod au fil de la lecture, questionnant certains choix, je me suis très vite contenté de simplement suivre le fil de la lecture pour voir si j’avais eu raison de mal le sentir dès une dizaine de pages. De fait, mon instinct ne m’a pas trompé.
Mon analyse finale me porte à croire que toute l’ambition de l’auteur était de créer un contexte environnemental et culturel aussi exotique que possible pour y exposer la complexe universalité du passage à l’âge adulte et des affres de l’adolescence. Les évidences ainsi exposées auraient ainsi sans doute gagné en force avec la distance de la fiction. Mais de fait, je trouve que les moyens ne sont pas mis à la hauteur de ladite ambition, car le récit se retrouve dans le pire entre-deux possible à mon goût ; piégé entre des arguments science-fictifs trop légers car pas assez précis et des enjeux somme toute clichés, pas assez originaux dans leurs quelques spécificités interchangeables. J’en veux pour exemple le poumon vert du titre, dont on ne sait pas grand chose, et qui à chacune de ses apparitions, m’a laissé dubitatif, ne sachant pas trop quelle valeur lui prêter à l’aune du récit. Comme je n’ai pas su faire sens des références à notre monde qui parsèment l’ouvrage, dont je n’ai pas trop compris l’intérêt en opposition à la claire volonté d’exotisme et d’altérité du récit, surtout avec une telle distance temporelle. L’ouvrage oscille en permanence entre un positionnement trop timide ou pas assez, se voulant poétique et symbolique autant que direct selon les moments, sans jamais réellement opérer de choix global. Je n’ai jamais vraiment su dans quel sens prendre le texte car je crois que lui-même ne le savait pas trop ; ou du moins, à vouloir cultiver une certaine opacité mystérieuse, il m’a complètement perdu. Ne sachant pas où la novella voulait aller, même un tout petit peu, je n’ai jamais su à quoi faire attention pour satisfaire ma curiosité.
Quelle frustration, encore une fois, de constater que c’est le vide qui m’a perdu plutôt que le volume existant. J’aurais sans doute pu m’accrocher nettement plus à cet ouvrage s’il avait bien plus pris son temps, s’il avait su être pédagogue et patient plutôt que de constamment espérer que je comprenne ses allusions, perdues au milieu d’évidences qui n’en étaient pas vraiment. J’apprécie le parti pris de compter sur les capacités de compréhension du lectorat pour éviter de longs passages arides d’explications, mais quelques-unes auraient sans doute été bienvenues pour clarifier l’ensemble, et surtout ponctuellement briser le rythme lancinant d’un récit qui ne va nulle part. Et si je peux aisément confesser que ce rythme, précisément, ait pu me fait baisser ma garde et m’ait fait rater les clés de compréhension qui auraient été nécessaire à mon appréciation du récit, je ne démordrais pas de l’idée que ce sont ses partis pris qui en sont responsables.
Mais pour me consoler, je peux me dire que je ne risque pas de lire un autre UHL aussi décevant à l’avenir ; et rien ne m’empêchera de tous les lire.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
Je comprends parfaitement ton ressenti bien que j’ai beaucoup aimé cette novella qui fut ma découverte de la collection. C’est un texte assez opaque, si atypique qu’il ne peut décidément pas convaincre tout le monde.
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