
Who’s In Control ? & Projector – Set It Off (extrait de l’album Elsewhere)
Je préviens d’emblée, je vais sans doute faire court. J’ai mis trop de temps à m’attaquer à ce recueil de nouvelles, sans doute échaudé par des retours trop unanimes, effrayé par la perspective de ne pas pouvoir me joindre avec honnêteté aux chœurs de louanges émanant ça et là de la blogosphère. Appelez ça un défaut de caractère ou simplement une forme de fatigue mentale à devoir exprimer une déception au milieu des avis positifs ; je déteste l’exercice, j’en viens bêtement à le craindre.
Mais peu importe, j’ai finalement passé le cap, au gré d’un contexte réel trop lourd nécessitant la légèreté formelle de la nouvelle, une certaine confiance – tout de même – sur la qualité du contenu (c’est qu’on parle de la collection Quarante-Deux, hein), et de l’idée que quand même, j’avais bien trop traîné pour me joindre à la fête.
Verdict sans appel : j’ai effectivement bien trop trainé, et ce recueil n’est rien de moins qu’une merveille. Voilà pourquoi je vais devoir faire court ; parce qu’il n’y a pas grand chose à dire de plus que ça. Alors je vais essayer de développer un peu, forcément. Mais je me fais pas d’illusions. C’est excellent, et puis c’est tout.
Quoi dire, maintenant. Sacré défi, en vérité.
Je pourrais dire que pas une nouvelle là-dedans ne m’a paru vaine ou mauvaise, ni même médiocre ou moyenne, qu’il y a là un standard d’excellence assez bluffant.
Je pourrais dire qu’il y a là une incroyable variété de thèmes et d’idées, comme de personnages et de concepts, et que non seulement tout se tient mais qu’en plus c’est parfois réellement original.
Je pourrais dire que malgré toute cette variété et la multiplicité des points de vue et des genres convoqués, ce recueil parvient pourtant à déployer une cohérence d’ensemble assez foudroyante, aussi humaine que technique, sachant convoquer des ponts entre certaines de ses histoires, par des noms, des personnages, des liens parfois subtils mais toujours présents.
Je pourrais dire que j’ai été soufflé par la sensibilité et l’empathie de Rich Larson autant que par son sens de l’humour et sa vision. Que mon respect pour lui n’a cessé de grandir au fil de ma lecture, nourrissant ma faim d’en lire plus de lui, tant mon sentiment de lire quelque chose d’absolument unique, riche d’une altérité rare et singulière, n’a lui même cessé de se solidifier jusqu’à le croire indestructible.
Je pourrais dire que j’ai été réellement ému de lire un recueil capable de tant d’inclusivité et d’intelligence, faisant preuve d’autant de saine agressivité que de pudeur sur ces questions ; comme j’ai tout simplement été content de lire à quel point franchement c’est finalement si peu compliqué d’aborder tous ces sujets et à quel point ça enrichit n’importe quel récit.
Je pourrais dire que pour une fois, la lecture de l’avant propos et les idées qu’il met en avant à propos de Rich Larson, de son origine, de son parcours et de son travail ne m’a pas gâché la lecture à venir ; même si je suis bien obligé de reconnaître qu’en effet, les parallèles avec Ken Liu et Greg Egan sont aussi pertinents qu’inévitables, dans les dimensions aussi humanistes que conceptuelles, foudroyantes toutes les deux. (Et pour faire un lien avec des publications précédentes, aussi, mais c’est de bonne guerre.)
Tout ça, je pourrais le dire. Je le dis par prétérition, évidemment. Mais j’aimerais surtout dire plus ; le cœur de mon propos est là. Régulièrement, je me plains de ne pas me sentir capable de rendre justice à certaines de mes lectures les plus qualitatives. Vient un moment où je me rends compte que franchement, c’est pas si important que ça. Je resterai toujours frustré de cet état de fait, au moins un peu ; mais j’apprends à vivre avec. Un recueil d’une telle qualité, j’étais battu d’avance, et c’est très bien comme ça. Ne me reste qu’à dire clairement que malgré tous mes compliments, aussi bien tournés que j’essaie de les formuler, je suis juste pas au niveau. C’est comme ça.
Rich Larson est juste si bon que ça, et j’attends d’autres traductions avec grande impatience.
Et puisqu’on parle de traductions, un salut empreint d’un infini respect, comme toujours et à toute occasion, à Pierre-Paul Durastanti, dont la qualité du travail ne sera sans doute jamais assez louée au niveau qu’elle mérite, elle non plus. C’est cohérent. Et un salut fort cordial également à Ellen Herzfeld & Dominique Martel pour leur exceptionnel travail curatif et préparatoire de l’ouvrage, dont la progression logique et l’arrangement global participe sans aucun doute au plaisir de la lecture. Et coucou le Bélial’ aussi, vous roxxez toujours, ça ne surprend personne.
Voilà. La Fabrique des Lendemains est largement au niveau de sa réputation. C’est malin, c’est brillant, c’est autre chose, c’est un bonheur, et je ne saurais pas en dire grand chose d’autre ou de mieux. Mangez-en, moi j’espère du rab’, et voilà.
Je pouvais pas faire plus long que ça, et certainement pas plus court ; mais j’espère que vous aurez compris que ce n’était pas par flemme de ma part, simplement par pure incapacité à faire autrement. Y a des fois où on a pas grand chose d’autre à dire que les premiers mots qui nous viennent.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
Wow. Ca part en wishlist direct ça, et en PAL lorsque je commanderai chez Le Bélial’.
Merci de ton retour. Et tes sentiments sont justes et touchants.
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Merci à toi pour ton retour de retour. J’espère que ça te plaira autant qu’à moi (et à tout le monde.)
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Que dire ? Rien. Mais je bois mon petit lait. 😉
Rien, vraiment ? Non, plutôt merci.
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Merci à toi.
Ton travail est précieux, je suis fier de le connaître et de le partager.
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Wahoo, tu le vends bien ! Il va falloir que j’étudie ça de plus près alors ^^. Merci à toi !
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