
Feel Alright – Heat (extrait de l’album Poolside)
En terminant de lire Les Psychopompes de Klash il y a peu, j’ai le le sentiment étrange de ne me rappeler que de ce récit précis au sein du livre que j’avais entre les mains. Malgré mon excellente mémoire, je dois bien dire que la deuxième novella qui y était contenue m’échappait complètement. J’ai commence à m’interroger à ce sujet, me demandant bien pourquoi et comment ; et puis je me suis dit que ce n’était vraiment pas important. L’important, c’était que j’avais un texte potentiellement inédit pour moi à me mettre sous la dent, ou au pire des souvenirs vraiment très très enfouis à déterrer. La réponse à ma question serait évidente une fois arrivé au bout.
Et effectivement, elle l’était : si j’avais oublié cette novella, c’était parce qu’elle avait été complètement éclipsée par la précédente. Pas tant pour une vilaine question de qualité, mais sans doute plutôt pour une question d’impact.
Et finalement, même si, en effet, j’ai préféré Les Psychopompes de Klash, demeure que Par la noirceur des étoiles brisées était une bonne surprise et un témoignage de plus du talent de son auteur.
Procédons.
Alors forcément, puisqu’on est dans la suite immédiate, avec en fil conducteur ce bon vieux Capitaine Lit de Roses et son hyperstochastie (comprenez cul bordé de nouilles cuites al dente), on y retrouve une majorité de mécanismes et de compliments similaires au tome précédent. Ça diminue un peu ma capacité à faire des compliments non-redondants.
Mais cependant, il faut bien noter un certain renouvellement des enjeux et un incontestable changement de casting, dans une formule épisodique que je trouve follement alléchante pour d’éventuelles suites que j’aimerais bien me dégotter à l’occasion. Parce que ce qui est pratique avec la folle créativité Wagnerienne, c’est bien sa complète et totale décomplexion. Pour le dire vite, il fait bien ce qu’il veut comme il veut, et si z’êtes pas content·e·s, c’est la même. Le changement de cadre depuis le dernier tome se fait en quelques lignes et explications lapidaires, tout en étant cohérentes avec le lore établi, mais surtout, se fait avec plaisir et amusement. Le maître mot de cette série semble être là. Oui, on raconte un peu n’importe quoi et on prend beaucoup de raccourcis narratifs, mais c’est bien là que se niche tout le fun, alors pourquoi faire la fine bouche, après tout. On peut faire les choses légèrement, cela ne veut pas dire que ce n’est pas bien fait.
Parce que Roland Wagner, c’est un petit malin qui malgré toutes les apparences pouvant laisser croire le contraire, ne laisse rien au hasard. S’il joue avec ses récits et leurs codes, c’est dans l’espoir de nous emporter dans la balade avec lui, pour que tout le fun soit partagé. D’où ici un usage intensif des clins d’œil, et des clins d’yeux dans les clins d’yeux. Au rang desquels on pourra noter un usage intensif d’un vocable évoquant le fameux Tschaï de Jack Vance – heureusement que je l’ai lu récemment, sinon je n’aurais rien capté- ou l’encore plus fameux magicien d’Oz – heureusement que j’ai eu 9 ans à un moment dans ma vie… Il va jusqu’à appeler la planète dans laquelle on retrouve une partie de ces clin d’yeux… Wink. Franchement.
Alors oui, moi, un·e auteurice qui s’amuse, je le sens dans les lignes. Roland Wagner s’est éclaté à écrire tout ça, je m’éclate à le lire, d’autant plus qu’il met beaucoup de lui dans ce tome comme dans le précédent, malgré une sensation de précipitation prégnante en dépit de sa complète justification. Et si donc effectivement, cet enchaînement incessant est parfois un peu confusant et manque peut-être de substance par rapport aux Psychopompes de Klash, j’ai quand même retrouvé dans ce volume cette même bienveillance, cette douceur universelle, ce respect par principe qui parfois me manque un peu dans des récits plus modernes et plus grim. Qu’un capitaine Lit de Roses déterminé à toujours faire le bien et à écouter ce qui se passe autour de lui, à ne jamais attenter à la vie de façon violente tant qu’il le peut, existe, ça me touche. Qu’encore une fois, une bestiole aussi absurde que le Djugnalâmm soit par son amour universel et ses capacités psychiques central à l’intrigue, tant sur le plan narratif que le plan symbolique, je trouve ça trop cool.
Et voilà. Tout bêtement. Roland C. Wagner, c’était quelqu’un. Un sacré auteur, unique. Je me répète encore, et je-m’en-fous. Maintenant je vais voir s’il est possible pour moi de retrouver tous les volumes des Aventuriers des Étoiles, parce que j’ai le sentiment que si je n’avais à l’époque de ma première lecture pas tout capté du potentiel lien de ce singulier écrivain avec moi ; je crois surtout maintenant que je ne suis pas au bout de mes surprises avec lui. J’ai la profonde conviction que cet homme aurait su prendre beaucoup des virages serrés de la modernité avec une classe folle. Et je veux m’en convaincre plus avant.
À la prochaine, dans les Étoiles ou ailleurs.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’Étoiles. 😉