
Conditional – Flor (extrait de l’album Futur Shine)
Puisque je sais dans quelle regrettable direction cette chronique va aller, commençons par y exprimer une profonde et sincère reconnaissance aux éditions Mnémos, que j’aime très fort, pour l’envoi de ce roman en SP ; dénotant encore une fois qu’avec ce blog, j’ai avant tout beaucoup de chance.
Alors SP venant d’une maison que j’aime très fort oblige, je ne me suis pas renseigné du tout sur le contenu de l’ouvrage dont il est question aujourd’hui avant de l’ouvrir, écartant d’office le risque de m’auto-hyper pour me décevoir encore plus fort. On écartera pas la possibilité, tout de même, d’une période extrêmement compliquée en dehors de la lecture elle-même, pour expliquer de façon inconsciente et subtile le ressenti que je m’en vais exprimer devant vous dans les paragraphes qui vont suivre.
Parce que très franchement, malgré d’indéniables mais trop éparses qualités, je vais admettre à contrecœur que ce Superluminal, je n’y ai pas du tout trouvé mon compte. Peut-être parce que je ne l’ai simplement pas compris.
Dans un futur où l’humanité a conquis les étoiles grâce à la maîtrise du Flux, un étrange phénomène cosmique requérant que les pilotes des vaisseaux interstellaires troquent leur cœur contre une machinerie interne, Laena vient d’obtenir le sien. Tête brulée et impatiente, elle s’échappe de l’hôpital dans lequel elle est en convalescence. Pendant sa fuite vers elle ne sait trop où, elle rencontre Radu Dracul, un colon de la planète Crépuscule qui vient de débarquer sur Terre. Le courant passe bien entre iels, si bien qu’il ressemble furieusement à un coup de foudre, une singularité à l’échelle de leurs vies, qui va bouleverser leurs destins.
Ah que ça m’enrage, quand je dois expliquer pourquoi je n’ai vraiment pas aimé une de mes lectures, surtout quand je sens qu’il devrait normalement tout y avoir ou presque dedans pour me séduire ; que je dois alors me torturer les méninges pour trouver les mots justes à plaquer sur mes émotions. Même si ici comme souvent, c’est la frustration que j’invoquerais le plus aisément pour incarner ces dernières : ce roman m’a frustré, parce que j’y ai senti tout le potentiel d’une histoire ayant absolument tout pour me convaincre, conceptuellement parlant. Je ne vous ferai pas l’affront de répéter ma blague sur Louis XVI, mais clairement, si problème il y a vraiment en dehors de ma propre perception de ce roman, c’est un problème de cadrage et de réalisation avant tout. Si j’ai effectivement été très impressionné par les nombreuses fulgurances de modernités dont ce roman âgé de plus de 40 ans est emmaillé – bien que devant signaler que personnellement, me les voir signalées par l’éditeur en note de bas de page m’a agacé plus qu’autre chose – j’ai quand même eu beaucoup de mal à apprécier pas mal des choix opérés par Vonda N. McIntyre. Sans doute parce qu’à mes yeux, elle n’en a pas fait assez, multipliant les éléments sur lesquels devoir porter son attention, diluant tous leurs potentiels impacts au fur et à mesure ; et surtout ne rendant pas assez compte de l’importance de certains par rapport à d’autres. Si je devais résumer ma frustration à cet égard, je dirais qu’on doit trop souvent simplement faire confiance au texte pour continuer d’y avancer, sans assez d’appuis solides, voire aucun, parfois, justifiant correctement ce qu’on vient de lire.
C’est là que j’insiste sur cette idée un peu triste : je crois que je n’ai simplement pas compris. Parce que tout le long de ma lecture, malgré l’explicitation de pas mal des concepts pivots du roman, je n’ai pour autant pas réussi à complètement appréhender un trop grand nombre de choses, certaines particulièrement importantes. Alors forcément, je ne peux pas rentrer dans les détails, mais vous pouvez sans doute imaginer qu’avancer dans un roman en se demandant toutes les dix pages si on a effectivement bien compris ce qu’on lisait, c’est un peu lassant. Entre des transitions manquant de clarté, certains dialogues qui me paraissaient ponctuellement à la limite du compréhensible, entrainant des réactions presque absurdes de la part des personnages, ou les motivations de ces derniers qui ne me semblaient pas claires, j’ai été paumé à plus d’une reprise. Sans exclure la possibilité d’une chaleur débilitante dans le coin où j’habite, et donc de conditions de lecture défavorables, je me fais malgré tout assez confiance pour oser penser que les torts sont, au pire, tout de même, à moitié partagés.
Et c’est bien pour ça que je suis aussi frustré, parce qu’il y a tellement de belles choses, dans ce roman, notamment parmi ses idées et des ces fulgurances de modernité que j’évoquais plus tôt, mais aussi autour et au delà. Moi qui me targue toujours de chercher l’altérité dans mes lectures, je ne peux pas, de ce point de vue là, m’estimer floué, en tout cas pas sans faire preuve d’une terrible mauvaise foi. La Terre dépeinte ici, en contraste avec ses colonies, raconte beaucoup de choses super intéressantes, en filigrane, certes, mais elle les raconte néanmoins, et confère à tout le roman un arrière-goût de réflexion politico-social que j’aurais sans doute aimé voir beaucoup plus développé ; à l’image de pas mal de choses dispersées ça et là. Comme toujours c’est une question de choix opérés ou non par l’autrice que de réels griefs, à ce niveau là en tout cas, à mes yeux. Si je peux chouiner sur la question de la forme, la question du fond me parait de son côté assez difficile à disputer, en tout cas sur ce que j’attends d’un récit de space-opéra comme celui là, surtout avec la distance temporelle. Je ne suis clairement pas fan de ce texte, certes, mais il demeure que dans le paysage actuel de la science-fiction, il est loin de faire tâche par ses ambitions ou son ambiance : il tient globalement très bien la route.
Le souci, à mes yeux, ne demeure que dans le fait, je crois, que Vonda N. McIntyre, à l’époque, a trop voulu en faire dans un espace trop restreint, en ne cadrant pas assez bien son récit, pour moi. J’ai eu le sentiment d’une histoire qui ne décollait réellement qu’à partir de sa moitié, prenant parfois bien trop son temps ou se précipitant, sans jamais vraiment parvenir à trouver son rythme. De la même manière, on oscille de façon irrégulière entre des décisions prises par pur instinct sans réelle explication ou des concepts scientifiques poussés dirigeant une partie de l’intrigue et ses implications. D’où ce sentiment d’incompréhension de ma part ; que j’assume parce qu’il me paraît être la seule explication valable de mon sentiment de perdition perpétuel pendant ma lecture. Je n’ai jamais vraiment su sur quoi me concentrer, tout simplement : je n’ai jamais su ce que Vonda N. McIntyre essayait concrètement de me raconter, quel était son ou ses objectifs avec cette histoire.
Ce roman avait de bonnes choses à proposer, que je vais choisir de retenir en priorité sur tout le reste, mais demeure que ce reste m’empêchera de dire que j’ai aimé cette expérience de lecture. Je serais curieux, cependant, de découvrir plus avant le travail de l’autrice, qui m’a tout l’air d’avoir eu le nez creux sur quelques aspects de la SF de son époque et celle qui lui a succédé. Un bilan mitigé, certes, mais rien de perdu sur le long terme ; c’est toujours important de découvrir de nouvelles choses, encore et encore.
Encore merci à Mnémos, avant tout, pour cette découverte, navré que cela n’ai pas été un plus flamboyant succès.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
5 comments on “Superluminal, Vonda N. McIntyre”