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U-H-L #38 – Opexx, Laurent Genefort

Let Me Be Mine – Spoon (extrait de l’album They Want My Soul)

Pour bien vous mettre dans l’ambiance adéquate, imaginez que je pousse un court mais ferme soupir désabusé en guise d’introduction à cette chronique. Pas déçu ni agacé, encore moins triste, juste un peu blasé, lassé peut-être ; par le constat toujours aussi simple mais désagréable que certains bouquins tombent simplement au mauvais moment. La mauvaise configuration d’esprit, et un texte passe à l’as, ou au travers d’un prisme de perceptions défavorables. Et Opexx a sans doute aujourd’hui fait les frais de cette ponctuelle malchance. Même si je pense qu’au delà de circonstances un peu malheureuses qui me font surtout voir ses défauts plutôt que ses évidentes qualités, cet ouvrage souffre de déséquilibres qui n’avaient pas besoin de mes biais pour exister.
Voyons ça.

Commençons par une observation éminemment personnelle, qui participe tout à la fois de mon appréciation et de ma peine. Le héros d’Opexx et son syndrome de Restorff me parlent terriblement. Et comme à chaque lecture me présentant un personnage auquel je m’identifie un tant soit peu, j’ai un peu souffert ; parce que j’ai le cerveau un peu tordu comme ça. L’introspection doit s’effectuer selon mes conditions, pas par surprise : j’aime pas ça, encore moins quand le personnage semble partager certaines de mes angoisses. Sauf qu’il faut aussi reconnaître que Laurent Genefort a super bien écrit ces angoisses, et qu’elles ont créé quelques moments un peu suspendus dans la narration, des bulles d’une beauté littéraire singulière et indéniable. Je ne saurais dire si c’est un sentiment que beaucoup de gens connaissent, mais quand je me reconnais particulièrement dans certains instants de lecture, ça fait du mal et du bien tout en même temps, ça induit chez moi une sorte de mélancolie, douloureuse et anesthésiante à la fois, c’est assez inexplicable. Et frustrant, de fait.

D’autant plus frustrant qu’en dehors de ces moments absolument humains que je me dois de profondément respecter au delà des mes propres biais et inconstances sentimentales, le reste de la novella m’a laissé terriblement froid. Dès lors qu’on sortait des pures perspectives intérieures de notre protagoniste, j’avais l’impression de lire un guide touristique incomplet et de fait inutile, qui n’appuyait pas assez le concept principal ouvrant le récit pour lui donner assez de densité, me rappelant fort à propos ma première lecture de l’auteur, d’ailleurs. Et là aussi, force est de constater ma frustration, puisque j’ai d’abord trouvé le concept bancal en lui-même, espérant qu’à un moment il allait trouver sa complète justification au sein de la narration. Or, en dehors d’un dialogue abordant le problème comme pour dire « allez, on fait comme si », je n’ai pas trouvé de quoi être convaincu. Toute la novella me semble reposer sur un joker un peu trop généreux, qui ne serait alors qu’un prétexte à l’exposition de l’histoire de notre protagoniste.
Nous faisant encore une fois retomber sur un reproche que j’avoue être moi-même un peu fatigué de formuler ; mais j’ai eu le sentiment que dans cette novella, Laurent Genefort n’a pas su faire un véritable choix. Il aurait pu se servir de son personnage froid mais observateur pour explorer son monde de space opera assez prometteur, ou se servir de son monde de space opera pour explorer son personnage à la psyché complexe. Et il s’est contenté d’un trop timide entre-deux, me laissant avec un goût de trop peu pour les deux aspects ; la cruelle impression d’une excellente idée et de très bons concepts sous-exploités. D’une novella correcte qui a su ponctuellement me parler, on serait sans doute passé à un roman bien plus ambitieux et sans doute très original ; d’autant plus en considérant que le récit se termine avec la promesse d’une aventure fascinante.

Alors voilà. Quelques bons, voire excellents moments, et d’indubitables bonnes idées disséminées tout le long, mais une impression globale de flottement ; la triste impression qu’il manque quelque chose à l’ensemble pour exister à plein, exprimer quelque chose d’entier. Du liant, un fil directeur plus affirmé ou des choix narratifs plus concrets, je ne saurais dire précisément ; mais je pense que le texte a échappé de peu à la correctionnelle à mes yeux, s’il n’y avait eu dedans ce personnage et son syndrome et ces quelques idées salvatrices.
Pas mon UHL préféré, donc, et une preuve, peut-être, que Laurent Genefort et moi ne sommes pas faits pour nous entendre littérairement. C’est possible, et ce n’est pas grave. Dommage, plutôt. Mais on verra, si une autre occasion se présente. Chez Le Bélial’ ou ailleurs.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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