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Le Tombeau Scellé T1 – Gidéon La Neuvième, Tamsyn Muir

Hot Thoughts & Shotgun – Spoon (extrait de l’album Hot Thoughts)

Je parle souvent de prise de risques, en évoquant certaines de mes lectures. Évidemment, c’est un spectre varié et compliqué à résumer. Cette lecture était une « petite » prise de risques, mais une prise de risques quand même. Des thèmes clairement annoncés qui lorsqu’ils sont maniés d’une manière qui ne me plait pas, ont tendance à me hérisser le poil – même si de moins en moins – et surtout un chœur de louanges unanimes émanant d’un peu partout ; il y avait là les ingrédients pour une autre de mes amères déceptions dont je ne finis par m’excuser.
Mais coup de chance cosmique : c’était beaucoup trop bien pour que je boude une seule seconde.
Voilà. Alors aujourd’hui, on va dire beaucoup de bien de Gidéon La Neuvième et gentiment – mais impatiemment – attendre la sortie de la suite, vous faites ça vite et bien Actes Sud ouijesaisquec’esten2023maisc’estloinalorsvoilàmercibiendesbisoux.
Nous disions donc.

Gidéon la Neuvième est une servante de la prestigieuse Neuvième Maison de l’Empereur, pour ne pas dire sa souffre-douleur attitrée. Bien que formée aux armes et à certaines des traditions de cette glorieuse institution chargée de protéger le Tombeau Scellé, sa vie est un enfer, patronné par Harrowhark, héritière de l’établissement et de tout ce qu’il représente. Se vouant une haine mutuelle inextinguible, c’est fort logiquement que Gidéon est piégée par Harrow lors d’une énième tentative d’évasion, et contrainte à accepter un marché de dupes en échange de sa potentielle liberté. Et autant dire que pour elle comme pour Harrow, absolument rien ne va se dérouler comme prévu.

Voilà. Maintenant, le souci c’est : par où je commence ?
Peut-être par le léger négatif, pour une fois, histoire d’évacuer les détails relativement insignifiants pour nous concentrer sur l’essentiel par la suite. On peut concéder quelques longueurs dans les descriptions parfois un peu lourdes ou une séquence finale qui se traîne un petit poil, éventuellement ; malgré mon incessant plaisir, je dois confesser quelques instances de lectures en diagonale quand je sentais venir ces passages un peu superflus. Tout comme quelques moments de flottement un peu nébuleux dans certaines transitions, me faisant parfois légèrement douter de ce que j’avais lu le paragraphe précédent. Oui. Je peux aussi regretter un positionnement publicitaire que je trouve un poil exagéré à l’aune de ce seul roman, s’appuyant sur un aspect du roman qu’on peut certes deviner et qu’il ne renie clairement pas, mais qui pour autant ne me semble absolument pas être au cœur de ce dernier. Implicitement, il me parait assez évident que ça va le devenir par la suite, mais à quel niveau, à quel intensité, je ne saurais m’avancer. Disons qu’à ce sujet, sans être déçu, agacé ou me sentir trahi, je demeure dubitatif.

Mais qu’importe, c’est vraiment pour pinailler. Parce que l’essentiel demeure : Gidéon la Neuvième, c’est vraiment excellent. Dans un premier temps, évidemment, il faut citer le personnage titre, à la gouaille et à la personnalité diablement attachantes. Il ne m’a fallu que quelques pages pour ressentir à son égard une profonde et sincère empathie, lui souhaitant le meilleur tout en lâchant périodiquement des mimiques mi-blasées-mi-amusées dans ma tête en assistant à certaines de ses frasques les plus discutables. Comme toujours, le gros point fort, ici, ce sont les personnages et leurs dynamiques ; on ne se refait (toujours) pas. Il faut d’ailleurs à cet égard saluer une grosse réussite à mes yeux de la part de Tamsyn Muir, à savoir le soin apporté à l’ensemble de la distribution, ne laissant personne en chemin et soignant toutes les personnalités au fil d’un roman qui pourtant ne prend que rarement son temps, avec un rythme joyeusement effréné. Il y a là une intensité dans l’exécution, allié à une impressionnante maîtrise, qui, en dépit de la mécanique du doute qui imbibe littéralement tout le roman, fait que je me suis en permanence pris au jeu. Parce que l’ensemble est délicieusement organique, ce qui, bien que ne manquant pas d’ironie, fait surtout en sorte que les changements incessants d’allégeance ou de positionnement des différents personnages, fassent toujours sens. En clair, oui, c’est un peu le bordel, mais c’est un joyeux bordel, et surtout un bordel qui finalement, fait toujours sens.

Ce qui nous amène à l’univers de la saga du Tombeau Scellé, qui a, pour le dire vite et bien : grave de la gueule. En soi, rien de bien neuf dans la division en maisons et les spécialités ou personnalités pour aller avec, oui, certes, mais vient un moment où quand les choses sont bien faites, c’est cool, et puis c’est tout. Comme toujours, l’originalité ne tient pas tant dans le concept que dans son exécution. Et bon, sans doute parce qu’il s’agit ici de nécromancien·ne·s, l’exécution est parfaite. *Rires*
Parce que blague à part, le truc avec un roman de space [nécropunk] fantasy tel que celui-ci, c’est que ce serait tellement facile de se planter ; comme avec tout univers dépendant d’un système de magie qui a de la gueule mais qui pourrait facilement paraître bancal au moindre examen un peu poussé. Mais Tamsyn Muir, elle se plante pas, non non non. Elle sait très bien ce qu’elle fait, bien au contraire : et de fait, son système de magie, il a lui aussi de la gueule. Entre juste ce qu’il faut de techno babble et des éléments de fonctionnements tangibles disséminés çà et là, on voit très vite que l’ensemble est bien solide, et vient donc appuyer d’autant plus fièrement l’intrigue. Encore une fois, ça aide à se prendre au jeu ; d’autant plus aisément qu’on vit énormément de choses au travers des yeux un peu naïfs de Gidéon, apprenant les choses qu’on ignore logiquement au fur et à mesure ou discutant de ce qui n’est pas très clair, rendant l’ensemble d’autant plus fluide et organique.

Et enfin, puisqu’on parle de Gidéon, je dois pour finir évoquer sa trajectoire, qui, pour le coup est la raison principale de mon attachement à ce roman et, je l’espère, à ses suites. Parce que pour tout ce que je peux déclamer mon amour des bons personnages et des bonnes dynamiques interpersonnelles, mon vrai pêché mignon, qui en découle directement, ce sont bien les personnages qui apprennent. Et ça, Gidéon, elle apprend, pas qu’un peu. Au contact forcé d’Harrow, alors qu’elles sont bien obligées de bosser ensemble, de s’adapter, de s’ouvrir, elles apprennent l’une de l’autre. Et c’est ça, je trouve, que Tamsyn Muir a mieux rendu que tout le reste, dans ce roman : la progression de deux personnes qui osent admettre certaines de leurs failles et angles morts, mettent les bons mots sur les bons maux, comprennent leurs forces et leurs faiblesses, et avancent, évoluent. Et dans ce roman, cet arc est absolument glorieux, magnifiquement implacable, menant à une fin magnifique, aussi surprenante que logiquement inévitable. Dont je ne dirai évidemment rien, mais que je salue comme ce qu’elle est à mes yeux, à savoir un putain de coup de génie. Oui, ça méritait cet accès de vulgarité.

Bref bref bref, c’était vraiment excellent. Bordeline exceptionnel. Organique, joyeux, très malin à plus d’un niveau, foutrement prenant, encore plus foutrement attachant. Et j’ai très très hâte de lire la suite.
Voilà. Ça suffira comme conclusion. Vivement 2023, au moins pour ça.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

8 comments on “Le Tombeau Scellé T1 – Gidéon La Neuvième, Tamsyn Muir

  1. tampopo24 dit :

    Le côté nécro me faisait hésiter mais ton enthousiasme et les qualités d’écriture que tu lui trouves me donnent envie de lui laisser sa chance. Merci ^^

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Merci à toi, j’espère que ça te plaira ! =)

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  2. Noob dit :

    J’ai lu ce roman en anglais pendant le confinement. Et je suis immédiatement tombé amoureux.
    Univers, personnages, style, système de magie, humour, suspense… Tout est bien dosé, et amené intelligemment. Le fait de nous placer du point de vue de Gideon permet d’introduire les concepts de façon efficace (on comprend juste assez pour suivre ce qui se passe, mais sans avoir une clarté absolue et non-nécessaire), et même les moments de confusion sont soigneusement gérés. Par exemple, l’arrivée dans la Première Maison fait soudain intervenir une quinzaine de nouveaux personnages, et on est un peu dépassé, mais Gideon aussi, et je trouve que le développement est ensuite suffisant pour chacun, qui a droit à son petit focus.
    Je ne sais pas comment ça a été traduit, mais il y a de bons gros jeux de mots, de l’humour absurde ou référentiel (mais pas de façon insistante… si on ne comprend pas la référence, on ne se sent pas mis à l’écart), et de façon générale un ton irrévérencieux qui est hilarant. Ce qui est bienvenu, parce que le roman est aussi assez sombre, avec une thématique nécromantique qui est clairement utilisée de façon directe et poussée à sa logique extrême, de l’horreur, un cadre qu’on devine bien totalitaire, et… certains événements qu’on ne citera bien évidemment pas pour des raisons de spoiler.
    En terme de personnages, tout le monde n’est bien sûr pas développé au même niveau, mais il y a une vraie efficacité, et encore aujourd’hui il me serait impossible de confondre des personnages. D’ailleurs, tu parles assez peu de Harrow, qui est presque une deutéragoniste. En tout cas, je trouve que le roman parle beaucoup de la relation entre Gideon et Harrow, du bagage qu’il y a derrière, et de son évolution. Les deux personnages sont fascinantes, dans leur styles différents. ^^
    Quand tu parles du positionnement publicitaire, est-ce que c’est à propos du fameux « Lesbian necromancers explore a gothic palace in space » ? Parce que je trouve que l’aspect très « brut » de ce pitch permet de bien cibler : les gens qui sont automatiquement rebutés auraient probablement du mal avec le style, et ça va attirer des gens qui n’auraient pas été spécialement emballés par un synopsis plus basique. Mais bon, les goûts et les couleurs. :p Personnellement, j’avoue que j’avais hésité à le prendre aussi en français (à noter que j’ai le hardcover ET le paperback en anglais, vu que les éditions paperback qui sortent après ont des bonus… c’est dire à quel point j’ai aimé !), mais la qualité du papier médiocre m’a refroidi. Il est super fin ! On voit la page précédente/suivante en transparence ! Pas cool. è_é

    Enfin bref. J’adore Gideon la Neuvième. La suite était une tuerie aussi, dans un style radicalement différent, et triture le cerveau. J’espère que tu l’aimeras, même si je sais qu’il a divisé y compris parmi les fans du premier. Et le troisième tome sort le 13 septembre en anglais, ce sera une lecture instantanée pour ma part. =)
    Par ailleurs, un des aspects que j’apprécie avec Gideon (et sa suite), c’est que ce sont des livres qui dévoilent d’autres niveaux de lecture quand on les relit. Ce n’est pas nécessaire, bien sûr, mais avec le contexte total, de très nombreuses scènes se lisent complètement différemment. C’est vraiment très intelligemment construit. Les deux romans ont d’ailleurs quelques scènes extrêmement marquantes, bien écrites, fortes, et avec un impact puissant. (La scène de la piscine…………… elle vit dans mon cœur…………………)

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    1. Laird Fumble dit :

      J’écris mes chroniques à chaud et sans trop de préparation, donc forcément, je fais des choix inconscients ; il y a des choses dont je parle et d’autres que j’oublie. Mais oui, Harrow est fascinante et sa relation avec Gidéon est une petite merveille de slow-burning jusqu’à la merveilleuse scène de la piscine.
      Et oui, c’était de ce positionnement publicitaire là dont je parle. Je le comprends sans forcément le cautionner. Je vais pas aller jusqu’à dire que je me suis senti trahi, mais presque ; pour le principe d’avoir été teasé sur quelque chose de factuellement inexistant.
      Mais qu’importe, c’est effectivement formidable, et j’ai très hâte de lire la suite pour pouvoir partager mon enthousiasme à venir avec plein de gens. ❤

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  3. Lullaby dit :

    Il faut absolument que je le lise !
    Merci pour ce retour, je le mets en tête de liste de lecture (mais pas de PAL, priorité à la PAL d’abord)
    (voeu pieu, tout ça tout ça…)

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    1. Laird Fumble dit :

      On se sait. Merci pour ta confiance. =)

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