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U-H-L #23 – Le temps fut, Ian McDonald

House of Memories – Panic! At The Disco (extrait de l’album Death Of A Bachelor)

La persévérance, tant qu’on ne la confond pas avec l’obstination, est indubitablement une qualité. J’ai donc continué à insister dans ma recherche d’une chronique positive – voire enthousiaste – à écrire à propos d’une production du Bélial’ ; parce que notre année commune a été compliquée, mais que je les aime trop pour rester sur un sentiment amer ou déçu. (J’en ai déjà parlé dans mes Chroniques-Lumière à propos d’Ormeshadow et La Chose.)
Voilà donc mon troisième essai, en cette fin d’année aussi étrange que compliquée à traverser, avec un texte que j’ai – j’avoue – longtemps repoussé, par crainte des arguments positifs qui avaient souvent été déployés à son égard, du genre à me rendre craintif. Entre les larmes et la beauté, je suis trop souvent perdu ou insensible, pour ne pas dire repoussé, ayant trop souvent tendance à trouver ces sentiments artificialisés, passés à la moulinette de clichés trop familiers. Parce que non seulement je suis très difficile à émouvoir de base, mais je le suis encore plus lorsqu’il s’agit de fiction. J’avouerais sans peine qu’à cet égard, je suis même pénible.
Mais mais mais. Coup de chance, ou récompense karmique, allez savoir : j’ai passé un très bon moment avec Le temps fut. Pas absolument parfait parce que j’ai une réputation de tatillon à tenir, mais un très bon moment quand même.
Je savais que j’avais raison de continuer à faire confiance à mes chers Béliaux.

Une fois n’étant pas coutume mais presque, je vais commencer par évacuer mes petits reproches à l’ouvrage avant de développer ses aspects les plus positifs. J’avoue que le tout début de la novella m’a fait un peu peur, Ian McDonald s’y adonnant à mes yeux à un peu trop de lyrisme creux, passant beaucoup de temps sur des descriptions et des tentatives d’atmosphères pas toujours réussies, évitant de peu d’oublier qu’il avait une histoire à raconter. Mais en dépit de cette un peu trop longue et verbeuse introduction, l’essentiel du travail y a été fait, me donnant quand même suffisamment d’éléments accrocheurs pour me donner envie de continuer, avec une réelle curiosité.
Dans un tout autre registre, j’ai trouvé un peu dommage un accès de crudité un brin vulgaire à un moment du récit ; pas tant par puritanisme déplacé de ma part, mais simplement parce que j’ai trouvé que cela jurait assez salement avec le reste du récit, jouant plutôt sur des registres feutrés, pudiques et élégants. Juste une mineure inconsistance à l’aune du récit entier, certes, mais tellement prégnante que je ne peux pas la laisser passer ; la seule vraie erreur que je ferais peser à l’auteur qui pour le reste remplit parfaitement son contrat.

Et ce contrat, c’est l’écriture d’un récit dense mais ouaté, sous la forme d’une enquête littéraire et scientifique, intriquant assez habilement les vies de celui qui la mène et ceux à propos de qui il enquête. J’ai trouvé que ce récit, malgré ses quelques questionnables accès de lyrisme, visait plutôt à la sobriété et à la simplicité humaine, le genre à ne pas trop en dire mais à en suggérer bien plus en filigrane. Ironiquement, c’est dans ses silences et ses ellipses que j’ai le plus apprécié ce texte, exprimant énormément de choses sans s’en donner l’air, et majoritairement avec une jolie douceur, y compris quand il s’agissait de verser dans des aspects techniques lui permettant de déployer son argument science-fictif.
Et de fait, puisque malgré certaines de ses implications, Le temps fut reste à échelle humaine et parvient à toucher à un certain organisme qui m’a séduit autant que convaincu ; me faisant même par moments oublier de réfléchir pour seulement ressentir, m’amenant carrément à rater une révélation pourtant évidente une fois formulée. Si dans certains récits jouant sur des twists ou retournements de situation je déteste me faire avoir à cause d’un sentiment de malhonnêteté dans la fabrication et le rendu de l’intrigue ; ici j’ai été ravi de m’être fait avoir, parce que ça m’a semblé complètement authentique. L’astuce n’était là que pour la beauté du geste, venant renforcer le reste du récit, plutôt que lui donner sa réelle signification ; le travail avait déjà été fait, et bien fait. Au long cours, patiemment, et avec une évidente tendresse.

Et quel plaisir, cette fois, de manquer de mots dans le bon sens. Je ne saurais simplement pas dire grand chose d’autre que j’ai été séduit ; que cette jolie novella m’a laissé un délicat – flottant – sentiment de contentement une fois refermée. Plutôt un sentiment général agréable que de réels éléments d’analyse à exploiter, parce que tout avait été dit dans le texte lui-même, paradoxalement de façon aussi directe que subtile ; à coup de jolies scènes et de quelques perles narratives. Parfait, sans doute pas, je pense qu’effectivement, il y avait quelques petits ajustements à faire pour rendre l’ensemble encore plus lisse et brillant. Mais demeure que Ian McDonald avait un beau concept et qu’il l’a essentiellement très bien mis en mots, avec sincérité, malice et douceur. Et ça, c’est déjà pas mal du tout.
J’aimerais lire plus souvent ce genre de textes, même si je dois parfois lutter avec moi-même pour seulement les commencer. C’est ça la force de la collection Une-Heure-Lumière, pour moi ; malgré certaines déceptions ponctuelles et luttes étranges, j’aurais toujours envie de tout lire dedans. Ce qui me permettra de continuellement faire ce genre de jolies découvertes.
Et ça, c’est encore meilleur.
Je savais que ça allait finir par passer. Un toast aux découvertes infinies et aux biquettes sataniques qui me les offrent, encore et encore.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

2 comments on “U-H-L #23 – Le temps fut, Ian McDonald

  1. Lullaby dit :

    J’avais beaucoup aimé cette novella ! (et quant à l’accès de crudité qui tache, je vois de quoi tu parles, ça m’avais interpellée aussi, tant c’était en décalage avec le ton du reste du texte)

    Aimé par 1 personne

    1. Laird Fumble dit :

      Ouais hein, j’ai vraiment pas compris le pourquoi. Alors que le reste est tout en douceur et en subtilité, ça m’a complètement choqué.

      Aimé par 1 personne

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