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Monsieur Merlin, Arnauld Pontier

Source – Fever The Ghost (extrait de l’EP Crab In Honey)

J’avais envie d’une lecture rapide et sans prise de tête. Et j’avais aussi un peu envie d’effacer le souvenir un peu malheureux d’Invasions Plurielles, ma dernière lecture d’Arnauld Pontier ; histoire d’avoir un souvenir récent plus agréable à associer à un auteur que je respecte et apprécie. Et comme chez 1115, on édite des choses de qualité, je me suis dit que Monsieur Merlin était probablement le meilleur choix à ma portée : en tout cas un choix évident.
Alors je n’ai pas eu complètement raison. Parce que si cette lecture était effectivement rapide, on ne peut pas dire qu’elle a été simple. Non. On ne peut pas non plus dire que j’en ai été complètement enchanté, même si le texte en question est effectivement qualitatif, et répond à une autre marque de fabrique de 1115, à savoir la singularité. Pour sûr, des textes comme Monsieur Merlin, je n’en ai pas lus beaucoup.
Pas enchanté, certes, mais satisfait. Et je vais vous dire pourquoi.

Alors évacuons d’emblée l’évidence : conceptuellement parlant, c’est un peu compliqué. Pour le dire de façon un peu hâtive, on est du côté Greg Egan de la force, à mes yeux ; ça convoque Etienne Klein et des idées scientifiques pointues, au sein d’un récit volontairement fouillis et vertigineux, dans le fonds comme dans la forme. Alors heureusement que je suis un peu – un peu – familier des concepts évoqués au fil de la lecture et qu’Arnauld Pontier parvient à vulgariser l’essentiel, parce que sinon, j’avoue que le jargonnage quantico-scientifique m’aurait absolument perdu. Donc malgré des égarements personnels et fugaces, j’ai réussi à suivre l’intrigue comme le raisonnement qu’elle développe, touchant du doigt à la philosophie des sciences et à des abstractions élevées. De ce point de vue là, je me suis bien nourri, c’était cool, j’ai beaucoup aimé l’idée, et j’ai fini ma lecture avec le sentiment que la boucle était élégamment et efficacement bouclée ; tout était dit, et plutôt bien dit. D’autant plus que l’auteur a décidemment une plume très élégante et évocatrice, parvenant souvent à écrire entre ses propres lignes pour éviter les redites et les confusions ; Monsieur Merlin est habité d’une jolie mélancolie pas fataliste.

Après, forcément, au delà de la complexité inhérente à un récit de ce genre, qui se pique de parler de la nature du temps et de son impossibilité de le représenter de façon concrète, tout en essayant en même temps de le faire, les nœuds au cerveau sont un peu inévitables. Mais quelque part, malgré mon besoin un peu fatiguant de concentration, ce n’est pas le grief principal que j’adresserais à ce récit. Non, ce qui m’a un peu gêné, je dois le dire, sans gâcher complètement le récit, c’est plutôt son usage intensif et difficilement justifiable du male gaze. Si je comprends amplement que ce dernier participe de la caractérisation du personnage principal et de sa relation avec sa compagne – faute d’un terme plus adéquat – comme je comprends tout à fait que ces caractéristiques participent des événements narrés dans Monsieur Merlin, je n’arrive pas à m’expliquer ses tendances plus voyeuristes, là encore faute d’un terme plus adéquat. Alors peut-être que je fais ici preuve d’un peu de regrettable pudibonderie, après tout je n’ai jamais été friand des aspects sexuels de la plupart de mes lectures ; mais je trouve juste dommage, personnellement, d’en passer par là pour rendre compte des affections et relations interpersonnelles qui habitent l’histoire qui nous est racontée ici. D’autant plus que pour être tout à fait honnête, je ne vois pas vraiment le rapport avec la choucroute, encore moins quand ladite histoire gravite autour de concepts abstraits extrêmement complexes dans leurs termes comme dans leurs implications.

Mais je parle comme souvent un peu trop de ce qui me heurte personnellement, au lieu de me concentrer sur l’essence du texte, et les ambitions claires de l’auteur. Le texte, formellement, est très solide. Je dirais même plutôt joli. Il propose une structure assez maline pour rendre compte de ses idées, et la réalise, je trouve, extrêmement proprement ; j’ai le sentiment d’en être sorti en ayant appris des choses, ce qui est rare et bienvenu. D’autant plus que la question du temps, aussi rarement que je me la pose, parce que je suis parfois intellectuellement feignant, me passionne : la prochaine fois que je le ferai, j’aurais de nouveaux éléments de réponses avec lesquels composer. C’est donc une victoire.
Et un meilleur souvenir du travail d’Arnauld Pontier à ajouter à ma collection. Hâte d’en collecter à nouveau.

Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

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